Pour le vice-président du conseil départemental de Mayotte, les jeunes Comoriens, « il faudrait peut-être en tuer quelques-uns »

La LDH ne peut tolérer l’incitation au meurtre commise par un élu de la République, qui plus est aggravée par le racisme des propos.

Invité le lundi 24 avril 2023 sur la chaîne Mayotte La 1ère, le vice-président du conseil départemental de Mayotte, Salime Mdere, a qualifié de « délinquants », « voyous » et « terroristes » les jeunes comoriens en ajoutant « Il faut peut-être en tuer ». Ces déclarations font suite au visionnage d’un reportage sur des affrontements entre des jeunes et les forces de l’ordre à Mayotte, dans le cadre de l’opération militaro-policière Wuambushu, vivement critiquée par la LDH, qui prévoit le délogement et l’expulsion massive d’étrangers supposés être sans-papiers.

Ces propos scandaleux et dangereux reprennent l’amalgame bien connu et dénué de fondement fait entre l’immigration et la délinquance et tombent sous le coup de la loi.

La LDH a déposé plainte contre Salime Mdere, sur le fondement de l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881, incriminant la provocation non suivie d’effet à commettre des atteintes volontaires à la vie et l’incitation à la haine raciale.

Cet appel au meurtre de la part d’un élu de la République en direct à la télévision publique en dit long sur la banalisation des discours de haine contre laquelle la LDH restera mobilisée.

Actualisation du 01/12/2023 :

Renvoi de Salime Mdere devant le tribunal correctionnel pour deux infractions :

– provocation directe à la commission d’atteintes volontaires à la vie, en disant “des gamins qu’on voit de loin enfin c’est même pas des gamins moi je refuse d’ailleurs qu’on emploie ces termes-là, jeunes ou gamins, ces délinquants ces voyous ces terroristes, il faut à un moment donné, il faut peut-être en tuer. Je, je pèse mes mots, il faut peut-être en tuer“.

– provocation directe à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, en disant: “des gamins qu’on voit de loin enfin c’est même pas des gamins moi je refuse d’ailleurs qu’on emplois ces termes-là, jeune ou gamins, ces délinquants ces voyous ces terroristes“.

La LDH avait déposé une plainte simple le 27 avril 2023, et entend désormais se constituer partie civile à l’audience dans ce dossier.

Le 7 mars 2023, M. Mdéré a été relaxé s’agissant de la provocation à la haine raciale et condamné à 3 mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende pour les propos les plus graves d’appel au meurtre.

Actualisation du 26/03/2024 :

Par une décision rendue le 7 mars 2024, M. Mdéré a été relaxé s’agissant de la provocation à la haine raciale et condamné à 3 mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende pour les propos d’appel au meurtre, sur lesquels aucune circonstance aggravante n’a été retenue.

Si la LDH se réjouit de la condamnation de cet élu pour les chefs d’appel au meurtre, nous regrettons que la circonstance aggravante de racisme, manifestement présente dans cette prise de parole, n’ait pas été retenue. Nous regrettons également la relaxe sur le chef de provocation à la haine raciale.

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