Lettre « Les droits de l’Homme en Europe centrale et orientale » n° 18 – juin 2016

Editorial

Porté au pouvoir en 2015, disposant d’une majorité absolue à la Diète, d’un gouvernement et de la présidence, le parti Droit et Justice ne s’interdit plus rien en Pologne. Le blocage du Tribunal constitutionnel, qui dure depuis le début de l’investiture du président Duda à l’automne dernier, est devenu désormais l’affaire de l’Union européenne qui a appelé le gouvernement polonais rétablir le plus rapidement possible l’état de droit. La loi sur la surveillance, la réforme de la Procurature, la réhabilitation des « soldats maudits » – lesquels appartenaient à la résistance anticommuniste d’après la Seconde Guerre mondiale et manifestaient un nationalisme et un antisémitisme notoires –, la loi sur la souveraineté, le refus d’accueillir des migrants, sont autant de signes d’un régime autoritaire, nationaliste et sans égard pour les principes démocratiques d’une société ouverte. Cette politique s’accompagne d’un projet de loi rétrograde, interdisant totalement l’avortement. Les médias n’ont pas été épargnés : après la « petite » loi sur les médias publics – qui a d’ores et déjà permis des purges dans la radio-télévision publique –, la « grande » loi sur les médias nationaux risque de passer prochainement comme une lettre à la poste, avec les mêmes effets.

En Ouzbékistan, dix ans après le massacre d’Andijan, la situation des droits de l’Homme est pire que jamais. Violation de la liberté politique, de la liberté de la presse, torture généralisée, système judiciaire corrompu et aux ordres du pouvoir… Las ! dans la dernière période, des centaines de demandeurs d’asile ouzbèkes ont été renvoyés de force par les autorités russes dans leur pays d’origine pour y être torturés. De fait, malgré les décisions de la Cour européenne des droits de l’Homme dénonçant toute forme de transfert forcé de personnes vers l’Ouzbékistan, la Russie est complice passive du régime ouzbèke. Celui-ci s’autorise d’autant plus facilement à pratiquer des enlèvements de ressortissants ouzbèkes lorsque la Russie refuse officiellement ses demandes d’extradition. Un éclairage de la situation des « prisonniers politiques » ainsi qu’une restitution des travaux d’un séminaire sur les violations des droits et des libertés dans ce pays, organisé par la Ligue des droits de l’Homme et la revue Gare de l’Est en octobre 2015, permettent de mieux comprendre les enjeux de ce pays qui fut, autrefois, l’un des phares culturels du monde.

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