Le revers de la médaille

Lettre ouverte collective, dont la LDH est signataire, à l’attention du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, du président Tony Estanguet, des élus de Paris et d’Île-de-France, des fédérations sportives, des sponsors et partenaires des jeux

Nous, associations, acteurs et actrices de la solidarité, alertons sur les revers de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques.

Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 seront le plus grand événement jamais organisé en France. Pendant un été, Paris 2024 sera le cœur du monde. Les Jeux sont conçus pour être un festival populaire et multiculturel qui s’adresse au monde entier, une aventure qui va embarquer la France entière pour une expérience inédite.

Ce seront également des Jeux sans précédents, ceux de l’engagement pour l’environnement, l’emploi, l’économie, l’éducation, pour le sport. La résolution de Paris 2024 est de mettre le sport et l’engouement autour des Jeux au service de la société, et de léguer en héritage une société plus inclusive.

Cependant, en France, et en région parisienne en particulier, de très nombreuses personnes sont en situation d’exclusion : bénéficiaires de l’aide alimentaire, personnes sans-abri ou bénéficiant d’hébergements d’urgence…

Les Jeux vont occasionner un bouleversement profond de la ville, avec un impact très négatif sur la vie de ces personnes : délogement des sans-abri, réduction des places d’hébergement d’urgence, fermeture des points d’accueil, diminution de la distribution d’aide alimentaire, etc.

L’expérience des méga-événements sportifs dans le monde révèle un risque avéré de “nettoyage social” des rues. Ce dernier est devenu la procédure standard pour de nombreuses villes hôtes des Jeux olympiques depuis les années 1980. A ce jour, tout porte à croire que Paris 2024 s’inscrive dans cette dynamique.

Face à ce risque et pour respecter son engagement d’exemplarité, nous demandons que les autorités publiques mettent en place une politique ambitieuse et concertée, dotée de moyens à la hauteur des valeurs olympiques, pour garantir une continuité de la prise en charge des personnes en situation de précarité et d’exclusion, avant, pendant et après les Jeux.

Malgré nos demandes répétées et plusieurs rencontres, les autorités publiques ne présentent aucun plan d’action et ne prévoient aucune concertation avec les acteurs associatifs et solidaires. Ceci n’est pas acceptable. Nous demandons à pouvoir participer aux comités d’organisation et d’aménagements de la ville en préparation des JOP 2024.

Par conséquent, nous lançons une campagne de sensibilisation, « le revers de la médaille » afin d’alerter l’ensemble des parties prenantes à la fête olympique, sur le risque qu’elle soit ternie par un renforcement de l’exclusion de dizaines de milliers de personnes, alors que Paris 2024 veut être les Jeux les plus inclusifs et exemplaires de l’histoire.

Nous sommes persuadés que vous serez sensibles à notre appel, et que votre inquiétude sera égale à la nôtre. Afin que la fête soit parfaite, nous vous invitons à rejoindre notre mobilisation et à exiger, à votre tour, des autorités publiques, l’élaboration, la mise en place et le suivi d’une véritable prise en charge concertée des personnes vulnérables.

La campagne est portée par plus de 75 associations :

Acceptess-T, Acina, Action contre la faim, Aides, Asile, Aux Captifs la Libération, AU68 – Associations Unies du Haut Rhin, BAAM, Barreau de Paris Solidarité, Calais Food Collective, Centre Primo Levi, Cité Caritas, CNDH Romeurope, Collectif Audonien Solidarité Migrants, Collectif Citoyens Fraternels 92, Collectif d’Accès aux Droits, Collectif Schaeffer, Comede, Coucou Crew, CPTS Pantin, Dom’Asile, Emmaüs France, Entourage, Famille France-Humanité, Fédération Addiction, Fédération de l’Entraide Protestante, Fédération des acteurs de la solidarité, Fédération Etorkinekin Diakité, Fondation Armée du Salut, France Fraternités, Groupe Accueil et Solidarité, Habitat Cité, Humanity Diaspo, JRS France, Kolone, L’observatoire des camps de réfugiés, La Chorba, La Cité Fertile, La Cloche, La Gamelle de Jaurès, L’Auberge des Migrants, Le Bus des Femmes, Le CASP, Le Mouvement des Régies, Le RECHO, Les Enfants du Canal, Les Maraudeurs, Les Midis du Mie, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Limbo, Médecins du Monde, MIST, Nouvelle Page, Oppélia Charonne, P’tits déjs solidaires, Pantin Solidaires, Paris d’Exil, PASTT, Polaris 14, PROSES, Refugee Food, Robin des Rues, Secours Catholique Caritas France, Singa Global, Solidaires Etudiant-e-s, Solidarité Migrants Wilson, Tara, Tendre la main, Thot, Time To Help, Union des Etudiants Exilés, UniR Universités & Réfugié.e.s, URIOPSS Ile-de-France, Utopia 56, Watizat, Wilson Barbers.

Paris, le 30 octobre 2023

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Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024 : on n’est pas encore prêts

Communiqué du collectif Le revers de la médaille, dont la LDH est membre

Le risque d’aggraver l’exclusion des plus précaires à l’approche de Paris 2024 est réel. Les précédentes éditions des Jeux olympiques et paralympiques en sont la preuve. Afin d’y faire face et de léguer un héritage social positif en matière de lutte contre l’exclusion, le collectif Le revers de la médaille est porteur de solutions. Il renouvelle aujourd’hui son appel à y travailler en concertation avec les institutions concernées et les organisateurs des Jeux.

Les éditions précédentes des Jeux ont entraîné des effets de « nettoyage social » dans les villes hôtes : expulsions forcées de populations en habitats informels et précaires, éloignement des personnes sans-abri ou en situation de rue (travailleur-ses du sexe, usager-ères de drogues, etc.), documentés dans diverses études[1]. Une mission d’échange a eu lieu entre le collectif et des organisations canadiennes de défense des droits sociaux qui ont suivi l’impact des JOP de Vancouver sur les personnes en situation de rue et de précarité. Et leur constat est sans appel : l’impact des Jeux a été très négatif. Ces organisations nous alertent sur les risques avérés d’aggraver l’exclusion sociale en Ile-de-France.

Face à ces risques, le collectif est porteur de solutions pour que la dynamique des Jeux participe à la lutte contre l’exclusion. Celles-ci sont publiées dans la note JOP 2024, pour un héritage social positif. Elles cherchent à prévenir tout risque d’expulsion ou d’éloignement des personnes précaires (sans-abris, habitant-e-s de campements, bidonvilles et squats, travailleur-ses du sexe, usager-e-s de drogue, etc.), à garantir le maintien ou l’adaptation des dispositifs sociaux essentiels avant et pendant les Jeux (aide alimentaire, accès à l’eau, accès aux soins, réduction des risques), et, enfin, à léguer en héritage, par des solutions d’hébergement et d’accueil, une sortie de rue pérenne pour le plus grand nombre.

« Nous demandons qu’un véritable plan pour la prise en charge des personnes précaires soit mis en place de façon concertée avec les pouvoirs publics et les organisateurs des Jeux, afin que la promesse d’héritage social positif de Paris 2024 soit tenue en matière de lutte contre l’exclusion », a déclaré Paul Alauzy, coordinateur veille sanitaire à Médecins du monde et porte-parole du collectif.

A quelques mois des Jeux, il est encore temps d’agir. Si le collectif salue les échanges et points d’information avec les différentes institutions concernées, il s’inquiète qu’aucun engagement ne soit pris à ce jour pour des solutions concrètes à la hauteur des enjeux. Le revers de la médaille renouvelle donc son appel à y travailler sans délai.

Lire la tribune publiée sur le Monde le 5 février 2024 “JO 2024 : Peut-on imaginer que la fête olympique soit réussie si, pendant les Jeux, des milliers de personnes dorment chaque soir dans la rue ?”

Lire le communiqué du 19 février 2024 “JOP Paris 2024 : on n’a plus le temps de jouer la montre”

Collectif Le revers de la médaille
JOP Paris 2024 : pour un héritage social positif
https://lereversdelamedaille.fr/

Paris, le 5 février 2024

[1] Notamment : Fair Play for Housing Rights – Centre on Housing Rights and Evictions (COHRE)

 

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JOP Paris 2024 : les droits humains ne sont pas respectés

Communiqué du collectif Le revers de la médaille, dont la LDH est membre

Alors que l’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 approche à grands pas, le nettoyage social en cours qui invisibilise les populations les plus précaires s’intensifie. Un cycle de dialogue et de concertations a été enclenché par le collectif Le Revers de la médaille, mais à ce jour, aucune solution concrète n’est proposée par les pouvoirs publics. À l’image des éditions précédentes et malgré la promesse de Jeux inclusifs, la France piétine les droits humains.

Éloignements massifs des personnes sans-abri, expulsions de squats et de bidonvilles, dispersion des personnes usagères de drogue, pression sur les travailleur.euse.s du sexe… Au quotidien et depuis plusieurs mois, les équipes des associations membres du collectif Le Revers de la médaille observent sur le terrain un réel nettoyage social à l’œuvre pour invisibiliser des situations de grande précarité.

Les opérations se réalisent sans concertation ni solution alternative et créent, pour des milliers de personnes vulnérables, errance et rupture de lien avec les acteurs sociaux. Avec la fin de la trêve hivernale le 31 mars prochain, le collectif anticipe des expulsions de lieux de vie informels sans solution d’hébergement alternative dans toute la France, qui viendront encore renforcer cette situation.

Les Jeux viennent aggraver une crise sociale majeure présente en France depuis de nombreux mois, dont l’augmentation spectaculaire de la grande pauvreté, du recours à l’aide alimentaire et du nombre de personnes vivant à la rue. À l’image de toutes les éditions précédentes, les Jeux ont à ce jour un impact négatif sur les droits humains, alors que l’immense dynamique de l’événement pourrait au contraire contribuer positivement à la lutte contre l’exclusion. « Nous demandons aux parties prenantes à l’organisation des Jeux de Paris 2024 de se préoccuper, au-delà de l’organisation des épreuves sportives, du respect des droits humains par les pouvoirs publics. La promesse d’un héritage social positif et de Jeux inclusifs ne doit pas être un simple slogan de communication ! », a déclaré Paul Alauzy, coordinateur veille sanitaire à Médecins du Monde et porte-parole du collectif.

Il n’est pas trop tard pour agir. Le Revers de la médaille renouvelle sa volonté de dialogue et de concertation auprès des pouvoirs publics, si ceux-ci aboutissent à de véritables engagements et à la mise en place de solutions concrètes.

Ce n’est pour l’instant pas le cas : la demande de mettre fin au nettoyage social en cours ainsi qu’instaurer une médiation directe et effective avec la préfecture de police n’a pas été entendue. La mise en place d’un centre d’accueil pour les personnes exilées, à l’image de celui pour les personnes déplacées d’Ukraine, se heurte à une politique de l’accueil par la rue. À la demande de débloquer 7 000 places d’hébergement pérennes pour éviter toute situation de rue à l’approche et pendant les Jeux, seulement 200 places supplémentaires ont été prévues en Ile de France.

Par ailleurs, les organisations membres du collectif doivent fournir un important effort d’adaptation, en particulier de relocalisation de dispositifs ou de recrutement d’équipes en renfort, afin d’assurer la continuité de l’ensemble des dispositifs sociaux. Pour couvrir cet effort exceptionnel, le collectif a proposé la mise en place d’un Fonds de solidarité olympique doté de 10 millions €. Il n’a pas non plus trouvé d’écho favorable.

Paris, le 25 mars 2024

Télécharger le communiqué “JOP Paris 2024 : les droits humains ne sont pas respectés” en pdf

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