À la veille de l’hiver, le Collectif des associations unies appelle à une mobilisation nationale pour les personnes à la rue

Communiqué du Collectif des associations unies, dont la LDH est membre

Le Collectif des associations unies s’inquiète vivement de la situation dramatique des personnes sans abri à la veille du lancement d’un nouveau plan hivernal par le gouvernement. À Paris, 1 600 personnes en famille – dont la moitié d’enfants – sollicitent chaque jour le 115 sans obtenir de solution, soit un triplement des appels d’urgence en 4 ans. La situation est tout aussi critique dans plusieurs grandes villes, notamment à Lyon, Nantes, Toulouse, Rennes ou Bordeaux. À la saturation du 115 et des centres d’accueil, s’ajoute le développement de bidonvilles, de squats et de campements au sein desquels survivent des personnes confrontées à des conditions de vie sanitaires et sociales totalement indignes de la 6ème puissance économique mondiale. L’augmentation du nombre de personnes à la rue s’explique aussi par le non-respect du principe d’accueil inconditionnel constaté dans plusieurs territoires avec un « tri » des personnes sans domicile fixe imposé aux Siao (Service intégré d’accueil et d’orientation) et structures d’hébergement.

Si le budget de l’hébergement augmente en 2020, les associations du collectif constatent régulièrement une régression des conditions d’accueil proposées aux personnes les plus fragiles dans le cadre du plan hiver : manque d’anticipation des besoins sur les territoires, ouverture des places en fonction du seul critère des températures, sélection des publics à l’entrée de l’hébergement, mise à l’abri sans accompagnement social avec des remises à la rue en journée. Une fois encore, ce plan est circonscrit dans le temps et les solutions temporaires prendront fin le 31 mars. La « gestion au thermomètre » de l’hébergement que dénonce le collectif depuis des années perdure et ne permet pas d’offrir des solutions stables, dignes, inconditionnelles et pérennes pour les personnes concernées. Si le plan quinquennal « Logement d’abord » engagé en 2017 a permis d’augmenter la production de logements en pension de famille ou en intermédiation locative, ses effets sont bien trop limités et ne permettent pas d’endiguer la montée du sans-abrisme dans le pays.

Face à la crise, nous refusons toute opposition des précarités et demandons une mobilisation nationale des pouvoirs publics – État et collectivités locales – en lien avec les associations afin que personne ne soit contraint de vivre dehors. Le collectif appelle à la mobilisation de tous les bâtiments disponibles et adaptés à un hébergement stable et inconditionnel respectant l’intimité et la dignité des personnes. Cet hébergement doit être associé à un accompagnement social adapté, à une prise en charge médicale souvent indispensable, à une orientation vers les logements disponibles, au renforcement des 115, des maraudes et des accueils de jour, afin de proposer à toutes et tous une solution digne.

Au-delà de ces mesures d’urgence, nous demandons au gouvernement de revoir à la hausse, dès la loi de finances 2020, ses objectifs de production de logements accessibles aux personnes les plus précaires dans le parc social et privé ainsi que les moyens dédiés à l’accompagnement des ménages dans le logement. Nous demandons également une revalorisation et la ré-indexation immédiate des APL ainsi que la mise en place d’un plan ambitieux de prévention des expulsions locatives. Cette ambition et ces moyens renforcés sont indispensables si le gouvernement veut que le plan « Logement d’abord » soit effectivement et concrètement en capacité de redonner un espoir aux millions de mal-logés et de sans-abri qui ne peuvent plus attendre.

Les 36 associations du Collectif des associations unies : Advocacy France, Association Aurore, Association Dalo, Association des cités du secours catholique, Association nationale des compagnons bâtisseurs, ATD quart monde, Centre d’action sociale protestant (Casp), Collectif national droits de l’Homme Romeurope, Collectif les morts de la rue, Comité des sans logis, Croix-Rouge française, Emmaüs solidarité, Emmaüs France, Enfants de Don Quichotte, Fédération d’aide à la santé mentale Croix-Marine, Fédération des associations et des acteurs pour la promotion et l’insertion par le logement (Fapil), Fédération de l’entraide protestante, Fédération française des équipes Saint-Vincent, Fédération des acteurs de la solidarité, Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les tsiganes et les gens du voyage (Fnasat-gens du voyage), Fédération santé habitat, Fondation Abbé Pierre, Fondation de l’armée du salut, France terre d’asile, Habitat et humanisme, Jeudi noir, Les petits frères des pauvres, Ligue des droits de l’Homme, Médecins du monde, Secours catholique, SoliHa – Solidaires pour l’habitat, Union nationale des amis et des familles de malades psychiques (Unafam), Union professionnelle du logement accompagné (Unafo), Union nationale des comités locaux pour le logement autonome des jeunes (UNCLLAJ), Union nationale pour l’habitat des jeunes (UNHAJ), Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uniopss).

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Paris, le 30 octobre 2019

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