2002 – RAPPORT ANNUEL – N°112 – A propos de la CPI – (juin)

Le 1er juillet 2002, la CPI entre en vigueur. Déjà, avant même qu’elle puisse produire ses effets, on voit certains pays se prévaloir d’un refus qui n’est que la traduction de la volonté de leur impunité. Israël, les pays arabes et d’autres, les Etats-Unis, surtout, mènent campagne pour tenter d’annihiler ce qui sort des limbes. A leur habitude, avec une arrogance qui devient que par trop coutumière, les Etats-Unis exercent toutes les pressions possibles allant jusqu’à remettre en cause l’action des Nations unies au Kosovo et ailleurs. Que craignent-ils ces pays qui refusent ainsi un embryon de justice internationale ? D’avoir à répondre des actes de certains de leurs membres voir de leurs responsables politiques. Ils n’auraient ainsi de compte à rendre à personne, même pas à leurs peuples. Ces temps sont révolus et il faut affirmer haut et fort que nul n’est irresponsable de ses actes et qu’aucune impunité, au nom d’une quelconque (dé)raison d’Etat n’est tolérable. Quelque soit l’avenir de la Cour pénale internationale, quelles que soient les entraves apportées à sa naissance et à son fonctionnement, cette nouvelle institution internationale reste un progrès majeur vers une plus grande universalité concrète des droits de l’Homme. Cependant, ne faisons pas de la Cour pénale internationale ce qu’elle n’est pas et ce qu’elle ne sera jamais. La Cour pénale internationale n’est pas un instrument politique de règlement des conflits. Elle sanctionne, peut dissuader mais, elle n’est pas le forum politique où se dénouent les contradictions. Autrement dit, elle ne saurait se substituer à la résolution politique des conflits. Ceux qui pensent, par exemple, que la résolution du conflit israélo-palestinien sera facilitée par cette création se trompent. Ce ne sera que sur le fondement des résolutions des Nations unies qu’une solution se dessinera même si tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes devront répondre, d’une manière ou d’une autre, de leurs actes. La Justice internationale, pas plus que nationale, ne saurait gommer la dimension politique des problèmes. L’année 2002, c’est aussi le 80ème anniversaire de la fille de quelques ligues, peu nombreuses, qui, déjà, refusaient de se satisfaire d’un traité de paix qui préparait la guerre. En créant la FIDH, les ennemis d’hier postulaient que le droit des gens et le droit des peuples devaient supplanter les intérêts des états. Le chemin fût long et, bien entendu, il est loin d’être achevé. Si quelques progrès ont eu lieu, beaucoup reste à faire. Aujourd’hui la FIDH rayonne comme une des trois grandes organisations mondiales de défense des droits de l’Homme et les organisations dont elle est l’émanation se répartissent sur l’ensemble du monde. Tous ces hommes et ces femmes qui, partout dans le monde, parfois au risque de leur liberté ou même de leur vie, sont là pour rappeler l’universalité des droits de l’Homme. Ils, elles sont, nos alter ego dans ce combat, sans cesse renouvelé, pour un monde plus juste.

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