2002 – RAPPORT ANNUEL – N°110 – A propos du conflit israélo-palestinien et de l’antisémitisme – (avril)

La LDH a été partie prenante à la manifestation du samedi 6 avril en faveur de la Palestine. Elle était tout autant partie prenante à la manifestation du dimanche 7 avril organisée à l’initiative de la paix maintenant contre l’antisémitisme mais aussi pour l’existence de deux états et pour la paix. Nous avions proposé au CRIF de réagir de concert aux violences antisémites sur ces mêmes bases : il a préféré faire de son cortège une manifestation au profit de la politique de l’état d’Israël. En agissant de cette manière, la LDH reste fidèle à ses principes et tente d’ouvrir un champ d’expression à toux ceux qui, refusant sans aucune concession ni relativisme l’antisémitisme et le racisme mais refusant aussi l’insupportable politique du gouvernement d’Ariel Sharon, n’acceptent pas le chantage auquel se livre le CRIF : on n’est pas antisémite parce que l’on critique la politique d’Ariel Sharon. C’est ce qu’ont dit ceux qui n’ont pas manifesté avec le CRIF et qui ont été victimes de violences de la part des plus extrêmes des mouvements juifs qui n’ont pas hésité, par ailleurs, à s’en prendre à ceux qui avaient le malheur d’avoir un faciès qui leur déplaisait.
Disons-le encore une fois, la lutte contre un mal universel ne peut être l’œuvre d’une démarche communautaire. Ce serait un non-sens que de répondre au racisme communauté par communauté ou, pire encore, communauté contre communauté. C’est la raison pour laquelle, nous ne devons pas relativiser la violence des uns en prenant prétexte de la violence des autres. Chaque violence raciste est condamnable en soi et n’a pas à être relativisée au bénéfice de comparaisons toujours hasardeuses. Nous finirions ainsi par accepter la démarche de ceux qui, enfermés dans leurs communautés oublient les lois de la République. C’est pourtant bien ce qui est en germe dans la démarche du CRIF qui aggrave la chose en faisant de ceux qu’il dit représenter des féaux du gouvernement israélien.
En liant la lutte contre l’antisémitisme au soutien à la politique israélienne, le CRIF prend le risque gravissime d’identifier les juifs, de manière générale, aux agissements d’Ariel Sharon. On comprend alors l’étonnement de tous ceux qui entendent le président du CRIF se référer aux principes républicains pour appeler à la manifestation qu’il organise. Et ceci explique, sans aucun doute, que la manifestation du samedi 6 avril ait accueilli une diversité de manifestants que l’on a pas retrouvée dans la manifestation du 7 avril. Fort heureusement, d’autres ont eu le courage de ne pas s’abandonner aux dérives du CRIF et ont accueilli tous ceux qui étaient animés par d’autres principes que défendre Ariel Sharon.
Il est de la plus grande importance que, par delà les nuances qui peuvent exister sur les solutions à apporter à la crise du Moyen-Orient, nous nous retrouvions ensemble pour empêcher, ici, toutes dérives communautaires et pour, là-bas, apporter notre aide au peuple palestinien et à tous les Israéliens qui refusent de donner la main à Ariel Sharon.
Nous refusons de nous taire et nous continuerons de dire d’une même voix et avec la même fermeté qu’aucun acte de racisme et d’antisémitisme n’est acceptable, pas plus que le terrorisme qu’il soit d’état ou non, comme nous dirons que le peuple palestinien a droit à un état dans des frontières aussi sûres et reconnues que celles de l’état d’Israël.

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