1999 – RAPPORT ANNUEL – 5e Université d’automne de la LDH

Pour sa 5e édition, l’Université d’automne de la LDH s’est tenue les 20 et 21 novembre à Paris à l’Ecole nationale supérieure des télécommunications ; le thème directeur en était : « De l’Euro à l’Euro-cité : l’Europe de la citoyenneté et des droits de l’homme ». Elle a accueilli 270 personnes sur les deux journées.

INTRODUCTION AUX DEBATS

L’Europe est l’Arlésienne du débat politique, même lors des élections dont elle n’est souvent que le prétexte.

C’est pourtant là que l’essentiel se joue :

économiquement : ce n’est qu’à cette échelle que l’on peut lutter contre les forces néo-libérales qui impriment leur marque à la mondialisation ;
socialement : le seul frein au dumping social et aux délocalisations sauvages (surtout intra-européennes) ne pourrait être qu’une régulation par l’Union ;
politiquement : l’ampleur des transferts de souveraineté déjà opérés nécessite la démocratisation d’une puissance publique supranationale insuffisamment limitée. Seule l’organisation d’un Etat de droit européen ouvrira un champ à l’intervention civique et bornera les pouvoirs « communautaires » ;
culturellement : la sauvegarde d’une diversité linguistique et culturelle exige elle aussi l’union contre la domination dite US.

Vilvoorde, Michelin, « sans-papiers », Kosovo, concentrations bancaires, « exception culturelle », etc. : la seule alternative à l’impuissance est l’application d’une volonté civique et politique à l’échelle européenne. Ce n’est bien souvent qu’à ce niveau de puissance et de territoire que peut réussir une restauration du Politique, une reconquête du pouvoir face aux « contraintes » réelles ou supposées.

Encore faut-il dissiper les fantasmes et les complexes de supériorité : la France n’est pas le seul lieu de la citoyenneté, de la laïcité, de l’intervention publique régulatrice/redistributrice, etc.

Le remède à la suffisance est la connaissance : des « autres », qui ont plus à nous apprendre que nous ne l’imaginons, et de l’Europe telle qu’elle existe déjà… souvent en grande partie à notre insu.

Prenons donc sa mesure, pour pouvoir agir sur elle dans le sens souhaité. Ne la réduisons pas à un marché et à une monnaie : pensons son identité culturelle, son existence sur la scène mondiale, son modèle de société, sa nécessaire démocratisation et la construction d’un Etat de droit européen. Bref, imaginons cette Europe des droits et de la citoyenneté qui doit exister comme puissance ou disparaître comme espace (historiquement fondé).

Cessons surtout d’opposer les identités (Français ou Européen, Français ou Breton/Basque/ Auvergnat, etc.) pour apprendre à conjuguer les appartenances : l’addition enrichit, la division stérilise. Les discours sur l’identité excluent ; les logiques d’appartenances enrichissent en reconnaissant la coexistence des légitimités.

La construction européenne est un objet politique et juridique non identifié, une entreprise sans précédent dans l’histoire de l’Humanité. Il n’est plus temps de revenir aux souverainetés nationales absolues. Il est encore temps soit de réussir un nouvel équilibre entre espaces civiques nationaux et européen, soit d’échouer et de subir la loi du marché mondial et de la puissance dominante du moment.

« Celui qui n’essaie pas ne se trompe qu’une seule fois »…

THEMES ABORDES

– Penser l’Europe

  • L’identité culturelle européenne
  • Penser l’Europe : hier, aujourd’hui, demain
  • L’Europe dans un monde aujourd’hui multipolaire

– ATELIER 1 : L’identité européenne – Valeurs et cultures

  • Diversités culturelles
  • Nation et Etat
  • Espace public et espace privé, laïcité et sécularisation
  • Articulations institutionnelles
  • La question de l’élargissement et l’identité évolutive de l’Europe
  • Europe centrale et orientale : Etat de droit et pluralisme culturel

– ATELIER B : L’Europe dans le monde – Coopérations, partenariats, rivalités

  • L’Europe dans la mondialisation
  • Les rapports entre l’Europe et les Etats-Unis
  • L’Europe vers le Sud : l’espace euro-méditerranéen
  • L’Europe vers l’Est : relations avec les PECO
  • Les formes de partenariat : association, convention de Lomé,…
  • L’Europe, acteur international : la Politique étrangère de sécurité commune

– ATELIER C : La société européenne

  • L’Europe sociale : diversités et convergences
  • Vers un contrat social européen ? Droits et luttes
  • Le syndicalisme européen
  • Les capitalismes dans l’espace européen – Les opérateurs dominants
  • Le service public en Europe
  • L’économie solidaire et sociale
  • Les droits des consommateurs
  • Quelles politiques face aux marchés ?

– ATELIER D : La démocratie européenne

  • Gouverner démocratiquement l’Europe
  • Politiques publiques et « gouvernement économique »
  • Quelles pratiques civiques ?

– ATELIER E : L’Etat de droit européen – Quelle Europe pour quels droits ?

  • La Convention et la Cour européennes des droits de l’Homme
  • Espaces judiciaire et policier européens
  • Quelle politique d’immigration ?
  • L’égalité des droits – La lutte contre les discriminations
  • L’égalité des droits – L’exemple des Roms

– Questions aux témoins

  • Marie-Noëlle LIENEMANN, témoin politique
  • Jean-Yves CARLIER, témoin juridique
  • Odile QUINTIN, témoin institutionnel
  • Jean-Christophe LE DUIGOU, témoin syndical
  • Christopher HEIN, témoin associatif

– Agir demain

  • Etat des lieux d’affrontements entre conscience civique européenne et pouvoirs européens
  • Les acteurs de l’Europe civique et sociale
  • La citoyenneté et les droits de l’Homme dans l’Union européenne : perspectives européennes

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