Centre de rétention administrative (Cra) : dénis de droits et dangers de mort ?

Communiqué LDHLe 6 octobre prochain à 13h30, les prétendus auteurs de l’incendie du 22 juin 2008 au centre de rétention administrative (Cra) de Vincennes seront rejugés devant la cour d’appel de Paris pour leur condamnation à des peines allant de douze à trente-six mois d’emprisonnement.

Cet incendie était intervenu après des mois de tensions consécutives au décès de Mohamed Souli, victime officiellement d’une asphyxie liée à une détresse respiratoire aiguë. Mais ces mots ne peuvent cacher le terrible enchaînement des faits dû à l’extrême violence provoquée non seulement par l’existence même de centres extra-judiciaires d’internement, mais aussi par leur fonctionnement sous forte contrainte.

En continuité avec une instruction qui avait été menée exclusivement à charge, toutes les demandes d’investigation ayant été rejetées par le magistrat instructeur, les audiences devant la 16e chambre correctionnelle de Paris avaient connu de nombreux incidents. Le déroulement de l’audience n’avait pas été marqué par son caractère impartial et équitable et le tribunal avait refusé toutes les demandes de la défense, cherchant avant tout à faire condamner une révolte collective. L’accumulation, dès l’instruction, de mesures ou d’abstentions préjudiciables aux droits des mis en examen, les violations des règles de procédure constatées, la publicité restreinte des débats et l’impossibilité dans laquelle fut mise la défense de remplir sa mission amenaient à s’interroger sur les objectifs réels de ce procès : s’agissait-il de rechercher la vérité ou de cautionner à toute force le fonctionnement d’un centre de rétention qui avait fait l’objet de lourdes et justifiées critiques ?

Pour marquer leur opposition, les prévenus et leurs avocats s’étaient retirés des débats et avaient fait appel des décisions. A partir du 6 octobre, lors des audiences, de nombreux témoins, dont Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’Homme lors des faits, viendront exposer la réalité des centres de rétention administrative et les dangers qu’ils recèlent pour les personnes retenues et pour leurs droits.

La Ligue des droits de l’Homme réaffirme son opposition à l’existence même des centres de rétention administrative. Elle en demande la fermeture pour éviter de voir se poursuivre à Vincennes, au Mesnil-Amelot – ou vient de s’ouvrir le plus grand Cra de France comprenant de plus un quartier spécialisé dans l’accueil illégal d’enfants – ou ailleurs tensions et violences, dénis de droits et dangers de mort. C’est à cela que mène la politique du chiffre du gouvernement. C’est à cela que la LDH oppose le principe de la solidarité, la nécessite de l’accueil et l’urgence de la régularisation.

Paris, le 3 octobre 2011.

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