Birmanie : la minorité Rohingya en proie au exactions et aux crimes de l’armée et au silence du gouvernement

Les informations en provenance de Birmanie sont terribles. Depuis des années, le Rohingyas subissent la violence de la répression militaire. Ces derniers mois, cette pression constante s’est accentuée, provoquant la fuite dans des conditions effroyables et le massacre de celles et ceux qui restent. Le gouvernement birman semble impuissant, volontairement ou non, devant les décisions de l’armée qui reste en Birmanie aux aguets de la moindre occasion pour mettre Aun San Su Kyi en difficulté. Mais est-ce que le risque n’est-il pas encore plus grand pour la démocratie de laisser les militaires dicter leur loi, comme ils le font depuis des dizaines d’années ? La FIDH, l’organisation internationale dont la LDH est membre, enquête et dénonce, aux côtés de Altsean-Birmanie son organisation locale.

Dominique Guibert, secrétaire général de la LDH

 

Quand les naufrages des Rohingyas font écho à ceux des boat-people en mer rouge et en Méditerranée, 31 août 2017, Déclaration de la FIDH

Le 31 août 2017, vingt trois corps de Rohingyas ont été retrouvés au Bangladesh après le naufrage de deux bateaux transportant des boat-people dans la rivière Naf (Cox’s Bazar), à la frontière avec la Birmanie. Un drame qui suit le déplacement forcé de plusieurs dizaines de milliers de Rohingyas vers le Bangladesh dans les dernières semaines.

Un déplacement causé, comme en Libye, en Syrie ou encore au Yémen, à des explosions de violence dans des zones déjà très dangereuses. Du fait de l’impossibilité pour ces personnes réfugiées de circuler vers des zones sûres et de l’absence de corridors humanitaires, l’injustice de ces décès le long des routes migratoires est criante.
Devant ces faits, la FIDH affirme son attachement au renforcement des possibilités de circulation sûre et légales, notamment pour les personnes qui fuient des zones de conflit, ainsi que l’importance, dans les cas de morts et de disparitions sur les routes, de permettre l’identification des corps et leur récupération par les proches et familles des défunts.

 

L’Union européenne et les Nations Unies condamnent les violations des droits de l’Homme en Birmanie, en particulier dans l’État de Rakhine. L’ONU vote d’urgence une mission d’enquête, 22/03/2017 un article de la FIDH

Le 22 mars 2017, lors de sa 34e session, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a décidé d’envoyer d’urgence une mission internationale indépendante, chargée d’« établir les faits et circonstances entourant les allégations de récentes violations des droits de l’homme par l’armée en Birmanie et, en particulier, dans l’État de Rakhine ». Ces allégations portent « notamment, mais pas seulement, sur la détention arbitraire, la torture et les traitements inhumains, le viol et autres formes de sévices sexuels, les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, les disparitions et déplacements forcés ainsi que la destruction illégale des biens ». Le but de cette initiative est de s’assurer que « les exactions commises seront imputées à leurs auteurs et que justice sera faite pour les victimes ». À cet égard, l’ONU a prolongé d’une année le mandat du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’Homme.

La FIDH, son organisation membre Altsean-Birmanie et Wai Wai Nu, défenseure Rohingya des droits de l’Homme et fondatrice de l’ONG Women’s Peace Network – Arakan, ont témoigné des violences perpétrées dans l’État de Rakhine lors d’une rencontre, en mars dernier, avec des hauts responsables européens. En outre, la FIDH, ses organisations membres Altsean-Birmanie et Odhikar, ainsi que dix autres organisations majeures soutiennent, par une lettre au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, la résolution mettant en place une commission d’enquête ou tout mécanisme international équivalent chargés de déterminer les faits, d’identifier les auteurs présumés des exactions et de formuler des recommandations pour la réparation appropriée des victimes de graves violations des droits de l’Homme à Rakhine. De son côté, l’Union européenne a fortement appuyé l’adoption de cette résolution. Le Parlement européen exhorte, par ailleurs, « l’armée à cesser immédiatement les meurtres, le harcèlement, les viols et les incendies des maisons dont sont victimes les Rohingyas ; demande au gouvernement et aux autorités civiles de la Birmanie de mettre immédiatement un terme à la discrimination et à la ségrégation contre la minorité Rohingya ; demande que les droits des Rohingyas soient protégés et que la sécurité, la sûreté et l’égalité de tous les citoyens de la Birmanie soient garanties ; souligne la nécessité de traduire en justice les responsables et d’offrir aux victimes des violations des voies de recours appropriées ; invite le gouvernement de la Birmanie à poursuivre le processus de démocratisation et à respecter l’état de droit, la liberté d’expression et les droits fondamentaux ; demande à l’Union européenne et à ses États membres de soutenir le renouvellement du mandat du Rapporteur spécial pour la Birmanie ».

La résolution de l’ONU fait écho aux inquiétudes et au discours public de la FIDH sur les principes directeurs relatifs aux droits de l’Homme et aux entreprises et encourage tant les entreprises transnationales que nationales « à respecter les droits de l’Homme conformément aux principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme, engage le gouvernement de la Birmanie à honorer l’obligation qui lui incombe de protéger les droits de l’Homme et invite les états d’origine des entreprises menant des activités en Birmanie à énoncer clairement qu’ils attendent de toutes les entreprises domiciliées sur leur territoire et/ou sous leur juridiction qu’elles respectent les droits de l’homme dans toutes leurs activités ».

 

Birmanie : Les partis politiques négligent les priorités en matière de droits humains, 03 novembre 2015, un rapport de la FIDH

Les partis politiques en lisse pour l’élection législative du 8 novembre n’ont pas réussi à s’engager en faveur des problématiques importantes des droits humains, explique un nouveau rapport, présenté aujourd’hui par la FIDH à Rangoon. Le rapport, intitulé « A moitié vide : les partis politiques birmans et leurs engagements en matière de droits humains », est la première enquête réalisée sur le comportement des partis politiques à l’égard des questions liées aux droits humains.

« Les partis politiques birmans devront changer en profondeur leurs politiques et préjugés institutionnels, s’ils souhaitent améliorer la situation des droits humains dans le pays. Tant qu’ils ne placeront pas les droits humains au cœur de leur programme, la Birmanie restera empêtrée dans ses anciens démons, peu importe le parti qui remportera l’élection », déclare Karim Lahidji, président de la FIDH.

Parmi les tendances négatives, l’enquête révèle que 42 % des partis politiques refusent d’expliquer comment ils considéreront les discriminations subies par les musulmans Rohingya. Plus troublant encore, plusieurs partis se sont alignés sur la position officielle du gouvernement, qui nie l’existence des Rohingya en tant que groupe ethnique birman. De plus, près des trois quarts des partis ont refusé de soutenir l’amendement de la loi sur la citoyenneté de 1982, qui permettrait d’accorder la citoyenneté birmane aux Rohingya.

 

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