Suspendre les accords avec l’État d’Israël Coopérer avec les universités ?

L’occupation militaire qui caractérise la situation dans les territoires occupés de Cisjordanie et de Gaza a des conséquences tragiques sur la vie quotidienne des Palestiniens. Bien entendu les assassinats ciblés et les meurtres commis à l’encontre de la population civile restent la première des violences. Mais, c’est aussi toute la vie quotidienne qui est soumise à l’arbitraire de l’armée israélienne : se déplacer, travailler, se soigner, les gestes les plus simples deviennent impossibles dans un tel contexte. De même, il est impossible d’étudier normalement. Ceci concerne tous les niveaux du système éducatif et donc tous les élèves, tous les étudiants et tous les professeurs. Dans sa résolution en date du 10 avril 2002 le Parlement européen a demandé la suspension, ce qui ne signifie pas le non-renouvellement, de l’accord d’association entre l’Europe et Israël. La LDH s’est associée à cette demande et la soutient pleinement. Elle implique, d’abord et avant tout, que soient suspendus, dès maintenant, les accords commerciaux qui permettent à Israël de bénéficier d’un traitement de faveur et de mettre un terme à la commercialisation des produits venus des colonies.

 

Demander à l’Europe d’appliquer les dispositions de l’accord d’association qui imposent aux parties de respecter les droits de l’Homme, ce n’est pas faire preuve d’antisémitisme ni mettre Israël à l’écart de la communauté internationale. C’est l’astreindre à respecter ses obligations au même titre que tout autre État. A cet égard, la LDH dénonce ceux qui, usant de références inadmissibles à l’histoire, tentent d’utiliser celles-ci pour assimiler la critique légitime de la politique de Ariel Sharon à de l’antisémitisme.

 

En ce qui concerne les relations inter-universitaires, la LDH regarde celles-ci comme essentielles à une logique de paix. Suspendre les accords conclus entre États n’implique nullement de prohiber les rapports entre les sociétés civiles et, notamment, les milieux universitaires. En rompant les liens avec les universités israéliennes, on s’interdirait de pouvoir interpeller leurs membres et on marginaliserait les voix de la paix qui s’y expriment. A l’inverse de ce que provoquent les insupportables attentats aveugles, il faut éviter de conduire la société israélienne à s’enfermer un peu plus sur elle-même au risque de rendre plus difficile toute évolution positive de celle-ci. Il est, en même temps, essentiel que l’ensemble de la société civile israélienne, en particulier les milieux universitaires, manifestent clairement leur condamnation du sort que subissent les Palestiniens et leur apportent toute l’aide qu’ils sont en mesure de leur fournir. C’est au travers d’un dialogue incessant, mais aussi sans concessions, que l’on peut espérer un changement d’attitude indispensable à la reconnaissance des droits du peuple palestinien.

 

Paris, le 7 janvier 2003

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