Sur la bibliothèque du lycée de Saint-Ouen l’Aumône

La LDH a été alertée sur le fait que la bibliothèque du lycée Edmond-Rostand à Saint-Ouen l’Aumône comporterait de nombreux ouvrages portant atteinte aux valeurs fondamentales de la République. Elle a donc demandé à sa fédération du Val d’Oise et aux sections locales de procéder à une enquête. Il en est résulté que la liste des livres qui furent d’abord retirés de la bibliothèque à la suite de la mise en garde indignée de plusieurs personnes est très disparate. Elle comporte à la fois des ouvrages dont le choix pédagogique peut être contesté, d’autres dont le contenu est tout à fait critiquable par leurs analyses très marquées par l’idéologie la plus excessive de la droite, mais aussi certains dont on comprend mal pour quelles raisons ils s’y trouvent. En tout cas, il n’a pas été relevé de livres incitant à la haine raciale, faisant l’apologie ou niant l’existence des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité.

La LDH rappelle que l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme fait de ‘ la libre communication des idées et des opinions un des droits les plus précieux de l’homme ‘. Les idées mauvaises se discutent, les opinions dangereuses se combattent, mais il est particulièrement néfaste, surtout dans un établissement scolaire, de prétendre qu’il serait nécessaire pour protéger lé démocratie d’empêcher leur communication lorsqu’elle n’est pas expressément défendue par la loi.

Certes il apparaît que les conditions dans lesquelles il a été procédé au choix des ouvrages mis à la disposition des élèves sont particulièrement contestables et que l’orientation partisane de ce choix peut parfaitement être dénoncée. L’émotion de ceux qui ont réagi est donc parfaitement compréhensible mais la défense du pluralisme intellectuel politique et culturel ne saurait se fonder sur la censure ou l’exclusion de ce qui n’est pas conforme à sa propre pensée. La LDH ne peut donc qu’approuver la décision de réintégrer les livres litigieux dans la bibliothèque du lycée.

La scandaleuse attitude des maires du Front national, expurgeant des bibliothèques les publications progressistes ne doit pas être combattue par l’imitation et la réciproque mais par la dénonciation la plus ferme et le combat civique.

Paris, le 21 avril 1997

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