Les Palestiniens sous l’occupation

Tribune commune signée par Malik Salemkour, président de la LDH

 

Les années passent et la situation se détériore. Il est loin le temps où la Palestine faisait la Une de nos journaux et monopolisait les débats internationaux. Le sort des Palestiniens n’intéresse désormais plus grand-monde.

Une situation dans l’impasse depuis 70 ans

Pourtant la violence quotidienne de l’occupation et de la colonisation israélienne à l’encontre des Palestiniens n’a jamais été aussi forte. Le volet économique du plan de paix pour le Proche-Orient présenté cette semaine par les dirigeants américains à Bahreïn ne devrait pas permettre d’améliorer une situation dans l’impasse depuis soixante-dix ans. Pire encore, il devrait confirmer les inquiétudes que nous, acteurs humanitaires présents sur place, avons : le respect des droits fondamentaux des Palestiniens n’est pas une priorité.

Au-delà du blocus de la Bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est sont au cœur d’une colonisation intense. Malgré les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies qui rappellent l’illégalité de la colonisation, Israël continue de l’encourager dans les Territoires palestiniens occupés depuis la Guerre des Six Jours en 1967. On compte actuellement plus de 620 000 colons, soit 12% de la population en Cisjordanie et 40% à Jérusalem-Est. Après l’annexion illégale de Jérusalem-Est en 1980, la communauté humanitaire s’inquiète aujourd’hui du nombre de lois et projets de loi qui reflètent une annexion de facto de la majorité de la Cisjordanie. Pour y arriver, le gouvernement israélien, dirigé par la droite radicale, s’appuie sur les colons à la tête de puissants partis politiques et bénéficie du soutien sans faille du gouvernement américain. Sous l’administration Trump la construction de colonies a redoublé : rien qu’en 2018, plus de 15 800 nouveaux appartements ont été approuvés dans les colonies par le gouvernement israélien.

Un climat de violences psychologies et physiques quotidien

Dans un contexte international et israélien propice à la colonisation et à l’occupation, les colons israéliens se sentent tout permis. La violence qu’ils opèrent à l’encontre des Palestiniens est quotidienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est : violences psychologiques et physiques, incendies de maisons et de biens, attaques contre des voitures, destruction d’oliviers ou de cultures, harcèlement … Les attaques et intimidations de colons visent à empêcher les Palestiniens de cultiver ou de rester sur leurs terres, facilitant les procédures de confiscation de ces terres par l’armée israélienne. Cette situation permet ensuite au gouvernement israélien d’y construire de nouvelles colonies ou d’agrandir celles existantes.

Sur la seule année 2018, plus de 2 000 oliviers appartenant à des Palestiniens ont été endommagés. En janvier un Palestinien a été tué par un groupe de colons et douze autres ont été blessés à Al Mughayyir, près de Ramallah, en Cisjordanie. En 2015, la communauté internationale s’était émue du sort réservé à une famille palestinienne du village de Duma, qui avait vu trois de leurs membres (dont un bébé de dix-huit mois) périr dans l’incendie de leur maison perpétré par des colons.

L’impunité est reine

Ces incidents ont des impacts directs sur la santé et la vie quotidienne des Palestiniens : troubles psychologiques, augmentation du stress engendré par cette violence, régression des progrès scolaires pour les enfants et adolescents palestiniens, altération du fonctionnement quotidien (incapacité à accomplir le travail ou les responsabilités familiales) …

Pourtant l’impunité est reine. 93,4% des enquêtes concernant des dommages causés aux oliviers ont été abandonnées par la police israélienne. Depuis 2005, seules 3% des investigations suite à des plaintes de Palestiniens blessés par des citoyens israéliens ont abouti à des condamnations. Les colons israéliens sont protégés par le gouvernement et les soldats israéliens. Ces derniers n’interviennent pas lorsque des attaques de colons ont lieu sous leurs yeux. Pire encore, les soldats prêtent souvent main-forte aux colons, arrêtant violemment les Palestiniens qui tentent de défendre leurs terres ou lançant du gaz lacrymogène en direction de maisons et écoles palestiniennes.

Cette situation insoutenable pour les Palestiniens doit cesser. Leur vie n’est pas un jeu. Le respect du droit international n’est pas négociable. L’ONU et la communauté internationale doivent exiger le respect des résolutions de l’ONU qui passe par la fin de la colonisation et de l’occupation israélienne. C’est la seule solution pour enfin parvenir à la paix dans cette région du monde.

Signataires :  Malik Salemkour, président de la LDH ;  Dr Philippe de Botton, président de Médecins du monde ; Thierry Mauricet, directeur général de Première urgence internationale ; François Leroux, président de la Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine

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