Les droits, partout, sans tabous

Par Pierre Tartakowsky, président de la LDH

Cette troisième livraison de notre « Lettre d’information outre-mers » témoigne des analyses, des prises de position, bref, du travail considérable qu’accomplissent dans les Dom et les Com les sections, militantes et militants de la LDH, Nouvelle-Calédonie comprise, notre sœur en droits et en action.

Bien évidemment, ce travail de défense des droits est généraliste, au sens où il ne s’interdit aucun champ d’intervention, aucun sujet. Les droits n’ont pas de tabou. Mais il procède aussi d’une expertise militante spécialisée, au sens où elle s’inscrit dans des préoccupations stratégiques. D’où le sujet doublement spécifique que nous abordons : une catégorie particulière, les jeunes, dans un endroit particulier l’outre-mer.

Pourquoi ce choix ? Facile, hélas ! Dans ce double territoire territorial et générationnel les droits sont loin d’être toujours respectés ; les moyens y sont chichement distribués ; les lois n’y sont pas toujours respectées et la réglementation qui s’y applique n’est pas toujours nationale…

Et notre conviction, partagée, c’est que ce déficit global et structurel ne procède aucunement d’un retard, d’un déficit, d’un manque mais au contraire d’un projet d’avenir. Un avenir que nous repoussons, becs et ongles, au profit d’une société d’égalité, basée sur un socle de droits communs. France ou pas France.

Où l’on retrouve une autre de nos convictions : les droits sont universels.

Dans la vraie vie… ils sont aléatoires. On en prend la mesure dans notre dossier consacré aux enjeux d’éducation, lesquels symbolisent les manquements de la République, les séquelles du passé, les survivances de l’ancienne situation coloniale et singulièrement de l’esclavage, mais aussi et heureusement, l’espoir d’un traitement égal de tous. Il y a du travail !

Dans la situation et les conjonctures actuelles, avec les budgets d’austérité, le chant assourdissant de la nécessité des économies, chacun mesure que les priorités ne sont ni la politique sociale, ni l’environnement et la crise climatique, ni la démocratie et le débat…

Tous ces dossiers, pourtant brûlants, sont renvoyés une fois encore à la toise du taux de remboursement de la dette et aux aléas des mobilisations, singulièrement d’ailleurs quand leurs contenus sont en harmonie avec l’ordre établi. Une réalité qui, là encore, ne concerne pas que les Dom-Com…

Car l’égalité semble mettre le gouvernement mal à l’aise, si l’on en juge par palinodies qui ont les décisions à prendre sur les ABCD de l’égalité et les études de genre. Les droits, les libertés ? Il règne de ce côté un activisme de bien mauvais aloi, depuis l’élection européenne : refus du vote des résidents non européens, reprise des expulsions de camps de Roms, descentes policières à Calais, arrestations et déferrements à la justice de militantes et de militants des mouvements sociaux, sans compter l’usage provocateur et finalement meurtrier des forces de l’ordre à Sivens…

Dans les désenchantements qui s’ensuivent, le débat politique se fait de plus en plus à droite et même à l’extrême droite. La LDH, dans ce cadre, est extrêmement mobilisée et sollicitée. Il lui faut aborder cette période et sa responsabilité à partir de ce qu’elle est, de sa démarche associative,  de son indépendance, condition de son efficacité.

Nous avons à cet égard engagé une initiative importante en proposant avec d’autres partenaires associatifs et syndicaux « Pour un avenir solidaire ». Il s’agit, dans les mois qui viennent, de lui conférer davantage de substance, d’organiser partout où nous le pouvons des rencontres croisées pour faire vivre idées, expériences et propositions qui permettent de « tricoter » des résistances quotidiennes grandes et petites, professionnelles ou locales, dont la République et la démocratie ont besoin. Ici, partout et maintenant.

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