L’attaque de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabagh fait peser le risque de génocide des arménien-nes ethniques dans la région

Communiqué commun Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et LDH

La FIDH est profondément préoccupée par la récente escalade de la violence de l’armée azerbaïdjanaise dans le Haut-Karabagh, causant la mort de plusieurs civil-es et la détérioration d’une situation humanitaire déjà au bord du gouffre. Bien qu’un cessez-le-feu ait été conclu, la FIDH reste inquiète quant au risque réel de génocide des arménien-nes ethniques dans les zones sous le contrôle effectif de l’Azerbaïdjan et appelle ce dernier à respecter ses obligations en vertu du droit international, y compris en facilitant une assistance humanitaire urgente aux victimes.

Le 19 septembre 2023, le ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan a annoncé le lancement de « mesures anti-terroristes locales » dans le Haut-Karabagh, évoquant, entre autres, la nécessité de « rétablir l’ordre constitutionnel de la République d’Azerbaïdjan ». Cette annonce a coïncidé avec des attaques d’artillerie lourde, de drones et de mortiers, causant des dizaines de victimes civiles, dont des enfants, et entraîné le déplacement de plusieurs milliers de résident-es locaux.

Le 20 septembre, les parties du conflit armé ont annoncé qu’un accord de cessez-le-feu avait été conclu en vue d’un règlement politique plus durable. L’accord prévoit un désarmement complet des forces séparatistes du Haut-Karabagh, consolidant ainsi le contrôle de l’Azerbaïdjan sur la région. Plutôt que le résultat de la diplomatie, cet accord découle d’une victoire militaire éclair de l’Azerbaïdjan. En tant que tel, il doit être considéré avec prudence. De plus, l’accord n’efface pas l’ampleur des violences passées ni la souffrance actuelle des milliers de victimes. La FIDH s’inquiète de la situation précaire des 120 000 arménien⋅nes ethniques vivant dans la région.

«  Nous devons prévenir l’expulsion massive des Arménien⋅nes ethniques du Haut-Karabagh » déclare Oleksandra Matviichuk, vice-présidente de la FIDH, « nous craignons que le pire soit à venir pour les civil⋅es laissé⋅es à la merci de l’avancée de troupes hostiles, à moins que la communauté internationale n’intervienne. »

La communauté internationale doit intervenir pour prévenir un génocide

Cette escalade brutale de la violence fait suite à un amassement de forces azerbaïdjanaises après la phase sanglante du conflit à l’automne 2020 et en dépit du cessez-le-feu parrainé par la Russie. Malgré la présence de troupes russes de maintien de la paix, la récente opération militaire a été précédée par un blocus prolongé du corridor de Latchin reliant le Haut-Karabagh à l’Arménie, provoquant ainsi de graves pénuries de nourriture, de fournitures médicales, de carburant et d’autres denrées de première nécessité.

Le blocus, qui a poussé des milliers de civil⋅es au bord de la famine et les a privés de biens vitaux, ainsi que les récentes attaques, associées à la politique déclarée de l’Azerbaïdjan de « réinstallation » des citoyen-es azerbaïdjanais-es dans les « territoires libérés de l’occupation », semblent viser la création de conditions de vie menant à la destruction physique de la communauté arménienne du Haut-Karabagh, l’un des actes sous-jacents d’un génocide.

La FIDH appelle toutes les parties à respecter l’accord conclu et demande à l’Azerbaïdjan de permettre l’accès aux denrées alimentaires, à l’hébergement et aux autres nécessités de base à la population civile dans la région du Haut-Karabagh sous son contrôle effectif. Elle appelle également l’Azerbaïdjan à autoriser l’accès à la région au Comité international de la Croix-Rouge et à d’autres organisations humanitaires, ainsi qu’à veiller à ce que toutes les personnes souhaitant rester ou retourner dans leur foyer soient autorisées à le faire dès que la situation sécuritaire le permet.

Le 21 septembre 2023

 

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