La LDH soutient le film “l’affaire collective” d’Alexander Nanau

affiche film affaire collective

Sortie en salle le 15 septembre 2021

En octobre 2015, après un tragique incendie dans une discothèque de Bucarest, le Colectiv Club, qui fit une cinquantaine de victimes, un nombre équivalent de blessés meurt dans les hôpitaux des suites de brûlures qui n’auraient pas dû mettre leur vie en danger. Devant l’incompréhension des familles, alors que les autorités affirment que les meilleurs traitements ont été apportés aux blessés, une équipe de journalistes d’un quotidien sportif, la Gazeta Sproturilor – un des rares titres à bénéficier d’un peu d’indépendance – commence à enquêter sous la conduite de son rédacteur en chef, Catalin Tolontan.

Cette affaire est un traumatisme national et le réalisateur roumain Alexander Nanau, qui vivait en Allemagne, décide début 2016 de revenir à Bucarest pour suivre l’enquête : « J’ai été témoin, dit-il, de la fabrication d’un mensonge d’Etat dans les jours qui ont suivi la tragédie ». Il va filmer pendant plusieurs mois le travail de recherche des journalistes. Le père d’un jeune homme décédé à Vienne d’une infection nosocomiale contractée à Bucarest lui donne accès à d’autres familles de victimes qui acceptent de témoigner à leur tour. Progressivement, les enquêteurs de la Gazette des Sports mettent au jour un réseau complexe de mensonges et de corruption à l’intérieur du système de santé. Il apparaît que les blessés ont succombé à des maladies nosocomiales dues à un trafic frauduleux de produits désinfectants, qui touche de nombreux établissements depuis plusieurs années.

Le film prend une autre dimension après la nomination d’un nouveau ministre de la Santé, à la suite de la démission forcée de son prédécesseur. Ancien militant pour les droits des patients, Vlad Voiculescu offre à Alexander Nanau un accès permanent aux coulisses du ministère de la Santé, lui donnant l’opportunité unique de filmer les rouages du système. On découvre alors l’étendue des complicités dans les plus hautes sphères du gouvernement.

La réalisation n’esquive aucun des aspects les plus noirs de cette affaire et contient quelques séquences glaçantes, notamment un document filmé à l’intérieur de la discothèque pendant l’incendie, ou une séance photo magnifiant le corps d’une jeune femme atrocement mutilée, l’une des victimes les plus mobilisées et médiatisées.

Au cœur du film, le témoignage du docteur Camelia Roiu, la première à avoir lancé l’alerte en révélant la vérité sur le décès des victimes, malgré les efforts des autorités pour garder ces informations secrètes. Elle produit une vidéo sortie clandestinement d’un hôpital d’une plaie couverte de vermine, un plan difficilement soutenable.

Le film ne se borne pas à la dénonciation d’un scandale sanitaire et de la corruption du système de santé roumain, il témoigne de façon implacable de la défaillance d’une démocratie et de l’importance de la liberté de la presse. Les tentatives de mettre fin à cette corruption généralisée seront désavouées quelques mois plus tard dans les urnes.

L’Affaire collective a été présenté à la Mostra de Venise et au Festival de Toronto en 2019, ainsi que dans de nombreux festivals partout dans le monde. En 2020, le film a remporté le European Film Award du meilleur documentaire. Il a été nommé en 2021 aux Oscars dans les catégories « meilleur film international » et « meilleur documentaire ».

Mots-clés : liberté de la presse, corruption/trafics, démocratie en Europe

 

Production : Alexander Nanau Production, Samsa Films, HBO Europe, 2019.

Distribution : Dulac Distribution.

1h49.

 

 

 

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