La LDH saisit la Cour de justice de la République des propos tenus par Bruno Retailleau sur la « submersion migratoire »

Une nouvelle fois, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a tenu des propos polémiques s’inscrivant dans un discours anti-immigration. Cette fois, les limites acceptables de la liberté d’expression ont été dépassées.

Alors qu’il évoquait, sur le plateau de la chaîne télévisée LCI, la proposition de loi restreignant le droit du sol à Mayotte, Bruno Retailleau s’est exprimé comme suit :

« Parce que là vous avez un exemple incroyable d’une société, sur un petit territoire, d’une société totalement déséquilibrée par les flux migratoires. Or, ce sont des musulmans, ils sont noirs, c’est simplement qu’aucune société, quelle que soit la culture, ne peut supporter une proportion où il y a, comme le disait le Premier ministre, une submersion ».

Les propos de Bruno Retailleau visent ainsi à prôner une limitation drastique de l’accès à la nationalité française, voire au simple territoire français, aux personnes de confession musulmane et/ou dont la couleur de peau est noire, à défaut d’un supposé grand risque porté à l’existence même de la société française, la trop forte présence de ces groupes de personnes lui étant insupportable, voire fatale.

Ajoutons au surplus que de tels propos alarmistes, sur un supposé envahissement des territoires français par des « musulmans » et « noirs », démontrent la volonté du ministre de désinformer et effrayer le public, tant leur teneur est erronée. Rappelons, en effet, s’agissant de Mayotte qui est particulièrement visé que selon les propres services de l’Etat à Mayotte « la religion musulmane, implantée à Mayotte depuis le XVe siècle, occupe une place majeure dans l’organisation de la société. 95 % des Mahorais sont d’obédience musulmane (…) », information qui ne peut être ignorée du ministre de l’Intérieur.

Estimant de tels propos indignes d’un ministre, dépassant ainsi la critique acceptable dans le cadre d’un débat d’intérêt général sur la question migratoire, dans la mesure où ils constituent une exhortation claire au rejet et à la haine d’une population, présentée comme un danger pour l’existence de la société française, la LDH a décidé de saisir la Cour de justice de la République, compétente s’agissant des actes commis par un ministre en exercice, d’une plainte adressée le 11 avril 2024.

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