En Israël, des campagnes pour asphyxier les défenseurs des droits humains israéliens, du Golan et de Palestine

Rapport de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (partenariat OMCT- FIDH, dont la LDH est membre) 

Calomnies, campagnes de dissuasion auprès des donateurs, arsenal législatif restrictif, entraves judiciaires… Les manœuvres de dénigrement et de harcèlement, orchestrées par le gouvernement israélien, visant les ONG et les défenseurs des droits humains israéliens, du Golan et de Palestine prospèrent depuis 20 ans. Un nouveau rapport publié par l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (un partenariat FIDH – OMCT) documente et analyse l’intensification de ces pratiques au cours des six dernières années, à la faveur des bouleversements provoqués par l’administration Trump aux Etats-Unis et de l’ouverture attendue d’une enquête par la Cour pénale internationale.

Les campagnes de dénigrement à l’encontre des organisations qui défendent les droits des Palestiniens et des Syriens sont en constante augmentation, notamment depuis 2015. Elles s’accompagnent de pressions accrues sur les donateurs internationaux ainsi que d’actes d’intimidation, de harcèlement judiciaire, d’interdictions de voyager, de déportations, de détentions arbitraires, d’attaques physiques et cybernétiques, ou encore de menaces de mort. 

« L’ampleur de la pression exercée par les autorités israéliennes sur les ONG indépendantes atteint des proportions telles que l’exercice de leurs activités légitimes de défense des droits humains est menacé », déclare la présidente de la FIDH, Alice Mogwe. « Cette pratique odieuse doit être reconnue pour ce qu’elle est : une campagne de dénigrement éhontée qui tente de saboter le travail de défenseurs des droits humains résilients ».

Le rapport de l’Observatoire, intitulé Target Locked : The Unrelenting Israeli Smear Campaigns to Discredit Human Rights Groups in Israel, Palestine and the Syrian Golan , met en lumière la stratégie mise en place par le gouvernement israélien, et appliquée en particulier par le ministère des Affaires stratégiques et de la diplomatie publique (MSA), avec le soutien d’organisations inféodées au gouvernement. Cette stratégie vise à délégitimer les voix critiques de la société civile par des pratiques de dénonciation et de stigmatisation, en les associant fallacieusement à des terroristes ou à des antisémites ; à exercer des pressions sur toute personne ou institution offrant une plateforme à leur discours ; et enfin à faire activement pression pour réduire leurs sources de financement. Sa publication fait suite à une mission de terrain effectuée en Israël et en Palestine, et s’alimente de témoignages de représentants d’organisations de défense des droits humains palestiniens, israéliens et syriens.

« Ce rapport documente comment le gouvernement israélien continue notamment d’abuser de la lutte légitime contre le terrorisme pour réduire drastiquement l’espace de la société civile et faire taire toute voix critique. Il est urgent que les autorités mettent un terme à toute forme d’attaque et d’intimidation à l’encontre des défenseurs des droits humains et de leurs organisations, conformément à leurs engagements internationaux », déclare le secrétaire général de l’OMCT, Gerald Staberock.

Consultez le rapport disponible sur les sites Internet de la FIDH et de l’OMCT

Les attaques orchestrées par le pouvoir israélien interviennent dans un contexte de réduction généralisée des libertés civiques et du niveau de contestation des instances internationales. Elles ont aussi largement bénéficié de l’élan provoqué par certaines décisions de la précédente administration américaine, à l’instar de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et du déplacement de son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem-Est, ou encore de l’arrêt des financements américains à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), qui ont encouragé les revendications de souveraineté israélienne sur le Golan et les territoires palestiniens.

En réaction à ces campagnes, les organisations israéliennes, palestiniennes et syriennes ont cherché à déconstruire les discours calomnieux, qui contribuent à la fermeture de l’espace de la société civile et à trouver de nouvelles façons d’être résilientes. Le présent rapport vise à soutenir cet élan, en adressant un certain nombre de recommandations aux gouvernements d’Israël et des territoires arabes occupés, aux pays tiers, aux donateurs, aux institutions et à la communauté internationale dans son ensemble, pour que les droits des défenseurs des droits humains en Israël et dans le TPO soient garantis en toutes circonstances, conformément à la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits humains et aux autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme est un partenariat de la FIDH et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) qui vise à protéger les défenseurs des droits humains victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. La FIDH et l’OMCT sont toutes deux membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

Paris – Genève, le 27 avril 2021

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