Suicide de Ramazan Alpaslan, réfugié kurde, à Fleury-Mérogis

Ramazan ALPASLAN, réfugié politique kurde, détenu à la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis depuis le 6 décembre 1996, sur mandat de dépôt de Monsieur Jean-François RICARD, juge d’instruction au Tribunal de Grande Instance de Paris, s’est suicidé dans sa cellule dans la nuit du 27 au 28 octobre 1997.

Ce jeune homme de 28 ans, militant du Kawa, petite formation kurde de gauche refusant la violence à l’extérieur de la Turquie, avait fui les geôles turques pur demander et obtenir l’asile politique en France en 1991. Il y poursuivait des études de sociologie.

Parce qu’il avait été trouvé à son domicile une arme, achetée pour se protéger, dont les expertises balistiques ont par la suite démontré qu’elle n’avait pas servi dans des attentats ainsi que des noms et adresses de militants du PKK, il a été accusé de faire partie de cette organisation, malgré ses dénégations réitérées et le refus du magistrat instructeur d’entendre en qualité de témoins :

– Madame Béatrice CARRIERE, chef de la section turque et kurde de l’OFPRA
– Monsieur BAUDOIN, directeur du secteur Proche et Moyen-Orient auprès de l’OFPRA
– Madame Jocelyne GERMAINE, rapporteur de la demande d’asile présentée par Monsieur Ramazan ALPASLAN,

Comme de tenir compte du témoignage de Monsieur Kendal NEZAN, président de l’Institut Kurde de Paris.

A cinq reprises le juge d’Instruction a rejeté ses demandes de mise en liberté et a prolongé sa détention provisoire. La Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Paris a confirmé à trois reprises les ordonnances du Juge d’instruction, et ce n’est que le lendemain de sa mort qu’elle a rendu sous la présidence de Monsieur Jean-Robert BEYER un arrêt de mise en liberté.

Fin septembre 1997, complètement désespéré, Ramazan ALAPSLAN avait tenté de se suicider, ce qui avait motivé une ultime demande de mise en liberté, rejetée comme les autres par le juge d’instruction.

C’est bien l’acharnement judiciaire dont il a été victime qui a poussé ce jeune homme de 28 ans au suicide.
Dans son cas, la présomption d’innocence, et l’état de santé du mis en examen n’ont pas joué….

Paris, le 29 octobre 1997

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