Sous le « Mondial » de foot, le trafic des êtres humains ?

Communiqué de presse

L’association « Foot Solidaire pour la protection internationale des jeunes footballeurs » – en partenariat avec la Ligue des droits de l’Homme, et le soutien du CNOSF, Conseil national olympique du sport français, qui l’accueillait dans sa salle de presse et dont le président M. Denis Masseglia a prononcé des mots d’accueil chaleureux, et de l’AEDH – a présenté sa campagne contre le trafic et l’exploitation des jeunes footballeurs africains lors d’une conférence de presse mardi 11 mai 2010, un mois avant le coup d’envoi de la coupe du monde de football en Afrique du sud.C’est le plus grand événement jamais organisé sur le sol africain. Mais l’Afrique ne pourra en profiter que si l’on protège sa jeunesse des rêves de pacotilles. L’effet coupe du monde et le boom attendu de la pratique chez les jeunes laissent augurer de belles opportunités mais aussi de plus grandes menaces pour ses jeunes footballeurs. Car le trafic des êtres humains et l’existence de phénomènes d’esclavage que l’on appelle modernes, sont choses répandues. Quand il s’agit d’un sport aussi populaire, aussi chargé d’espoir de réussite, de mirages, mais aussi de dérives dues au nationalisme étroit et au rôle souvent délétère de l’argent roi, l’association Foot solidaire veut croire que le retour à des valeurs de fraternité est une juste orientation. Depuis dix ans, des textes réglementaires ont été publiés, des déclarations d’intention se promettent de moraliser les transferts. Des rapports gouvernementaux ont prouvé que en France même des cas de marchés parallèles de joueurs et de mis en difficulté des personnes existaient. Et la liste est longue des déclarations qui condamnent le trafic et l’exploitation des jeunes joueurs venus de l’étranger. Une telle profusion montre à l’évidence que tout le monde sait que cela existe.

Pour l’association Foot solidaire, la tenue de la Coupe du monde de football est le bon moment pour dénoncer ces pratiques et cette négation des droits de l’Homme.

Au cours de cette conférence de presse, Jean-Claude Mbvoumin, président de l’association Foot solidaire a décrit les situations que connaissent ces jeunes déracinés, désespérés, sans ressource, abandonnés à la rue par des clubs qui ne montrent, ni humanité, ni respect des personnes et des enfants dont pourtant l’intérêt supérieur devrait être préservé. Puis il a présenté les buts et les actions que comptent mener l’association en Afrique pour sensibiliser les populations, les familles et les jeunes sur la réalité et les dangers des recrutements illégaux. L’association compte aussi intervenir auprès des pouvoirs publics et des gouvernements des différents pays pour leur soumettre la large diffusion d’un guide du jeune footballeur. Dominique Guibert, secrétaire général de la Ligue des droits de l’Homme, a rappelé d’une part le contexte politique général et les différents textes internationaux sur lesquels s’appuient l’action, la DUDH et la CIDE. Il a aussi montrer qu’il était regrettable que la réglementation de la FIFA ne connaissent que si peu d’application et si peu de transmission à la justice de dossiers pourtant si évidents de mise en danger de jeunes footballeurs. Et pourtant dans le même temps, la FFF s’appuyant sur la même réglementation a pratiqué pendant 5 mois une discrimination de fait contre de jeunes enfants qui ne voulaient que pratiquer le football de loisir. Enfants du foot donc, mais enfants étrangers. C’est cette situation d’illégalité qu’a rapporté Robert Weinberger, président de l’Espérance sportive parisienne, club amateur du 18ème arrondissement qui fait tant pour l’intégration des enfants, de tous les enfants. Bertand Cauly, président du yndicat professionnel des agents sportifs a rappelé quelles sont les bonnes pratiques en la matière, respectueuses des personnes et des lois.

Enfin Jean-Claude Mbvoumim a donné lecture du Manifeste pour un football solidaire dont voici quelques extraits :
« Il ne s’agit pas de sombrer dans l’alarmisme, à l’aube d’un événement que chacun voudrait bénéfique pour l’image de l’Afrique. Mais la réalité du terrain est là, têtue, et il serait indécent de faire comme si tout allait bien, comme si la seule organisation de la coupe du monde en Afrique suffirait à résoudre les problèmes […]. Les instances du football, qui organisent, enseignent, diffusent ce sport, doivent lutter avec la dernière énergie contre le trafic et l’exploitation des jeunes joueurs. Une réelle implication de leur part augmenterait les chances de s’opposer à la traite des êtres humains dans le football. Il faut des règlements, certes, mais pas uniquement. Il y faut aussi plus de justice, plus de solidarité pour vaincre les causes de cette criminalité du ballon rond […] Mais stopper le trafic, c’est aussi de la responsabilité des gouvernements des Etats d’origine et d’accueil : leur action d’autorités de tutelle est indispensable. Pour ce faire, elles pourront s’appuyer sur une réglementation internationale que les organisations internationales de défenses des enfants et de protection de leurs droits n’ont de cesse de promouvoir. […] Le football africain a besoin de notre solidarité. Il mérite qu’on l’aide à bâtir un environnement plus sain, plus sûr pour ses jeunes pousses. Sa masse de jeunes pratiquants et ses familles sans voix comptent sur nous.

L’association lance donc un appel [… pour le soutien à ] cette campagne, avec une attention particulière pour les jeunes joueurs africains actuellement en difficulté sur le sol européen, et dont le seul crime a été de trop croire aux fausses promesses des illusionnistes du football. Nous lançons un appel au président de la République, Nicolas Sarkozy, afin qu’à l’occasion de ce mondial africain, les jeunes joueurs africains, seules victimes des trafiquants, puisse bénéficier symboliquement d’une protection s’ils sont mineurs, et d’un titre de séjour s’ils sont majeurs pour leur permettre de saisir une deuxième chance dans le football ou dans la société.

Cette campagne est dans l’intérêt de tous. Ensemble, nous pouvons inverser la tendance, impulser une nouvelle dynamique pour la protection des jeunes footballeurs en Afrique, pour permettre à ceux qui arrivent en Europe, dans nos clubs, de bénéficier d’une meilleure intégration et d’éviter d’être marginalisés lorsqu’ils sont rejetés par l’élitisme du système.

Contact presse :
– Dominique Roudy, Foot solidaire, 06 07 33 53 69, message
– Anne Garacoits, service communication de la LDH, 01 56 55 51 08, message

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