Objectifs d’un groupe de travail « Mémoire, histoire, archives »

Les questions que suscite la nouvelle loi sur les archives de juillet 2008 qui modifie les dispositions législatives précédentes comme les débats récurrents sur les « lois mémorielles » nécessitent que la Ligue rassemble la documentation disponible et alimente les débats en son sein et au-delà pour nourrir ses prises de position et, le cas échéant, gagner en réactivité. Par ailleurs, même si les archives nationales et certaines archives locales de l’association ont été déposées dans des institutions chargées de les conserver, elle a un travail à faire pour regrouper ses propres publications depuis son origine et les rendre accessibles à ses responsables et aux services de son siège, pour définir une politique globale pour les archives des sections, ainsi que pour encourager un travail critique sur sa propre histoire.

Pour cette raison, dans la continuité :

– du travail entrepris avec la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) de Nanterre suite au dépôt de ses archives revenues de Moscou en 2000 (colloque et exposition au Musée d’histoire contemporaine aux Invalides en 2003-2004),
– du travail de numérisation des archives audiovisuelles effectué à l’initiative de la section Paris-XIXe,
– du travail fait par la section de Nantes (inventaire et dépôt au Centre d’histoire du travail de Nantes de 4,8 mètres linéaires d’archives locales, marqués par un colloque et un spectacle le 9 octobre 2008),
se constitue un groupe de travail « Mémoire, histoire, archives ».

Il aurait entre autres pour objet :

1/ La réflexion sur les différentes lois relatives aux archives, la mise en œuvre de celle de juillet 2008 et, plus largement, la politique et l’organisation des archives en France.

Lors de la discussion de la nouvelle loi sur les archives, la LDH est intervenue par un communiqué, mais elle n’a pas réagi au vote définitif de la loi. Cette loi pose pourtant des problèmes de démocratie (inaccessibilité « définitive » des archives concernant les essais nucléaires français, par exemple). Parallèlement, certains délais de communication ont été raccourcis.
La disparition de la Direction des archives de France et le regroupement de l’administration des archives sous l’égide d’une vaste Direction du patrimoine soulève aussi des interrogations, y compris au sein du personnel comme l’illustre l’appel pour « Sauver les archives » de l’intersyndicale CFDT-CFTC-CGT Archives de France.
Des auditions de praticiens (archivistes, conservateurs et bibliothécaires, historiens) ou un travail commun serait possible avec l’Association des archivistes français, l’Association des usagers des archives (Gilles Morin), l’intersyndicale des Archives de France, ainsi que des archivistes ou chercheurs qui ont pris des positions différentes sur ces questions (Sonia Combe, Sophie Cœuré, Vincent Duclert, Sébastien Laurent, Annette Wiewiorka…). Une journée d’étude voire un colloque pourraient être organisés à terme.

2/ L’analyse des législations relatives à la mémoire et à l’Histoire.

Les controverses suscitées par les lois à caractère historique ou mémoriel ont conduit et vont conduire encore la LDH à prendre éventuellement des positions. L’étude précise du rapport de la Mission d’information sur les questions mémorielles, présidée par Bernard Accoyer, est nécessaire. Le groupe de travail proposé pourrait rassembler sur ces sujets les éléments d’un débat aux dimensions multiples et aux enjeux complexes (instrumentalisation ou judiciarisation de l’Histoire, par exemple), organiser des auditions (association « Liberté pour l’histoire », Comité de vigilance sur les usages de l’histoire, Christiane Taubira, chercheurs sur le génocide arménien, l’histoire coloniale ou l’esclavage, etc.).

3/ La LDH, sa mémoire et son histoire, notamment la facilitation des recherches sur ses archives et la collection de ses publications à son siège.

Le Bureau national de la Ligue a décidé de rassembler et conserver au siège national une collection de l’ensemble des périodiques publiés par la LDH : le Bulletin officiel de la Ligue des Droits de l’Homme, devenu Bulletin des Droits de l’Homme, de 1901 à 1919 ; les Cahiers des Droits de l’Homme, de 1920 à 1940 et après 1945 ; Ligue Informations, à partir de 1930 ; Hommes et Libertés à partir de 1957 jusqu’à aujourd’hui ; LDH Info jusqu’à aujourd’hui. Il s’agirait de compléter les collections de ces différentes publications, en faisant éventuellement appel aux Ligueurs ou aux sections qui auraient conservé certains numéros ainsi qu’à des institutions. La restauration de certains volumes, la reliure de certains documents ainsi que la numérisation de cet ensemble (en lien avec des institutions spécialisées) devraient être examinées.
De la même façon, le BN a décidé de conserver au siège l’ensemble des ouvrages publiés par la LDH : les volumes de comptes rendus sténographiques des congrès, de 1916 à 1937 ; toutes les brochures et les livres publiés par elle, ainsi que les travaux historiques sur la LDH et ses responsables (mémoires, thèses, articles de revue, etc.), et les ouvrages de ses présidents successifs. La possibilité d’une bibliothèque numérique est à examiner conjointement.
La question se pose aussi d’un inventaire de l’ensemble des archives concernant l’histoire de la LDH, que ce soit à la BDIC, aux Archives nationales, dans des Archives départementales, communales ou dans d’autres institutions comme le Centre d’histoire du travail de Nantes. S’agirait-il d’une publication papier par un éditeur (du genre de l’ouvrage publié par La Découverte, collection Recherches, en 2004, Retour de Moscou. Les archives de la Ligue des droits de l’Homme (1898-1940), sous la direction de Sonia Combe et Grégory Cingal) et/ou d’un inventaire numérique sur le site de la LDH ? En tout cas, cela aiderait les militants comme les chercheurs.
Enfin, le groupe de travail et, en particulier, en son sein, l’équipe de Ligueurs archivistes de métier, notamment les collègues de la section de Nantes qui ont préparé le dépôt de ses archives locales, pourrait conseiller les sections qui voudraient demander de l’aide pour le tri et le classement de leurs propres archives avant un éventuel dépôt. Cela permettrait de relancer les premiers travaux réalisés à l’occasion du centenaire de la Ligue. Un guide pourrait ainsi être rédigé et diffusé aux différentes sections ou mis en ligne sur le site de la LDH.

Claire Bernard-Deust, Agnès Dejob, Gilles Manceron et Emmanuel Naquet.

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