Mettre fin à l’impunité et impulser un nouveau départ en Guinée

Les régimes qui se sont succédés en Guinée, de 1958 à nos jours, ont instauré un climat de peur fondé sur la brutalité et les violations des droits de l’homme à répétition. Les victimes ruminent en silence alors que les auteurs des crimes et exactions n’ont jamais été poursuivis par la justice. En juin 2006 et janvier – février 2007, des tueries et exactions ont été commises par l’armée. Une commission d’enquête nationale difficilement mise en place, est finalement restée ineffective. En mai-juin 2008, une répression brutale a conduit à la mort de dizaines de policiers.

Jusqu’à ce jour, aucune peine, aucune sanction pénale n’a été prise à l’encontre d’un auteur ou commanditaire de ces crimes, perpétuant ainsi la tradition d’impunité qui sévit en Guinée.

Le lundi 28 septembre 2009, la violence a atteint un degré inouï avec le massacre perpétré par les forces de l’ordre et de défense à Conakry contre une population désarmée venue assister à un meeting de l’opposition. Des militaires appartenant à la garde présidentielle ont tiré à bout portant sur les civils désarmés provoquant la mort de plus de cent cinquante sept personnes et de nombreuses disparitions restées sans explication. Des femmes de tous âges ont été mises à nue et ont subi des viols.

Ces crimes ont été qualifiés de crimes contre l’Humanité par la Commission d’enquête internationale créée par l’Organisation des Nations unies et par les principales organisations nationales et internationales des Droits de l’Homme.

Un an après ce drame, aucune sanction n’a été infligée contre les auteurs de ces actes et la procédure judiciaire nationale piétine laissant en suspens les procédures internationales.

Les propos des candidats au second tour de l’élection présidentielle semblent indiquer que les futures autorités de l’Etat ne tiennent pas à traduire en justice les auteurs des crimes du 28 septembre.

Seule une démarche qui fera la lumière sur les morts, les disparus et les drames qui les ont endeuillés sous les deux premiers régimes, permettra aux Guinéens de se retrouver, de s’expliquer et de construire une société pour vivre ensemble en paix, dans le respect et la dignité.

Nous, organisations françaises, adhérentes aux idéaux de liberté, de démocratie et de justice, nous engageons à :

– lutter contre l’oubli et l’impunité,

– refuser toute compromission visant à soustraire les coupables aux sanctions pénales,

– créer les conditions de rétablissement des victimes et de leurs familles dans leurs droits,

– faciliter la prise en charge et la réinsertion sociale des victimes.

Ainsi, nous, organisations françaises, signataires de la présente déclaration, nous engageons à appuyer et renforcer les actions des organisations guinéennes de défense des droits de l’Homme en direction des tribunaux nationaux guinéens et de la CPI.

Organisations signataires :

CFDT (Confédération française démocratique du travail), CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement), CFSI (Comité français pour la solidarité internationale), Etudiants & Développement, Formation sans frontières, Guinée 44, LDH (Ligue des droits de l’Homme)

Communiqué commun

28 septembre 2010

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