METALEUROP : NON au Diktat de la prétendue « raison économique »

La brutalité et la soudaineté de la décision prise par le conseil d’administration de la société Métaleurop de ne plus octroyer de nouveaux financements à sa filiale de Noyelles-Godault a provoqué une véritable onde de choc qui s’est rapidement propagée aux élus de la région et jusqu’au sommet de l’Etat.

La L.D.H., qui n’est pas un syndicat, n’a pas vocation à assurer la défense des intérêts matériels et moraux des quelques huit cents employés de l’usine de Noyelles auxquels elle tient néanmoins à exprimer toute sa solidarité.

Etant un contre-pouvoir, elle n’a pas non plus vocation à se substituer aux autorités à qui revient désormais la tâche délicate d’obtenir des responsables le respect de leurs obligations, ce qui risque d’être aussi difficile à obtenir que de faire payer le propriétaire de la cargaison du Prestige.

En revanche elle a à se soucier du non-respect des droits des uns et des autres et, en l’occurrence TROP, C’EST TROP !

Il est absolument révoltant en effet que le personnel de l’usine soit sacrifié sur l’autel de la rentabilité économique et que les pouvoirs publics soient ainsi mis devant le fait accompli. Encore plus inacceptable est le refus du groupe de porter la responsabilité de la fermeture qu’elle laisse « courageusement » à sa filiale Nord. Avec un parfait cynisme, le Conseil d’administration envisage dès cette année un retour à la rentabilité et se réjouit déjà des profits d’une telle opération au titre de 2003.

Les conséquences de cette décision, catastrophiques pour les salariés de l’entreprise , le sont aussi pour l’équilibre financier de la communauté de communes Hénin-Carvin. Elles le seront également en matière d’environnement et de santé publique où le groupe refuse là encore d’assumer ses responsabilités : plomb, acide sulfurique, pouvant s’infiltrer dans le sol et gagner les nappes phréatiques, développement du saturnisme …

INTOLERABLE !

Si le groupe se soustrait à ses obligations en la matière, l’Etat devra alors se tourner vers l’actionnaire majoritaire Glencore. Mais avec quelle chance d’aboutir ?

Enfin la fermeture de Metaleurop s’inscrit dans un contexte particulièrement sombre, elle contribue à sinistrer une région déjà lourdement touchée et elle met à mal tous les efforts déployés pour l’aider à se relever de la disparition des Houillères.

La L.D.H. rappelle que, dans le Manifeste qu’elle a adopté à l’occasion de son centenaire en 1998, se trouve dénoncée la prétendue « raison économique au nom de laquelle on accepte que des millions de personnes soient réduites au chômage et à la précarité ».

Alors même que l’Etat demande aux Français d’avoir un comportement citoyen dans la vie quotidienne, comment tolérer la monstrueuse irresponsabilité d’actionnaires qui jettent à la rue des salariés, y compris lorsque les résultats des entreprises sont prospères, et se soucient comme d’une guigne des conséquences sociales et environnementales de leurs décisions uniquement motivées par des considérations de profit ? « Nous n’acceptons pas que des milliards d’êtres humains soient sacrifiés au dogme de l’ultralibéralisme. Face à la mondialisation de l’économie, c’est la mondialisation des droits, de tous les droits, qu’il faut promouvoir pour qu’ils deviennent vraiment universels. » Ceux qui bafouent ainsi les droits des trois-quarts de l’humanité ont-ils conscience qu’à force de semer le vent, c’est la tempête qu’ils récolteront demain ?
Arras, le 23 janvier 2002

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