France-Rwanda : beaucoup de questions, peu de réponses

Communiqué LDH

Pour la première fois depuis le génocide de plus de 600 000 Tutsi au Rwanda et l’assassinat des nombreux Hutu qui ont tenté de s’y opposer, entre le 7 avril et juillet 1994, le président Nicolas Sarkozy, chef de l’Etat français, s’est rendu au Rwanda.Évoquant la politique conduite par la France au Rwanda de 1990 à 1994, il a prononcé un discours dans lequel il a parlé de « graves erreurs d’appréciations », d’ « erreurs politiques » et d’une « forme d’aveuglement ».

Les faits impliquant la France ont commencé à être dévoilés par la Mission d’information parlementaire française de 1998. Ils ont été approfondis aussi bien par des chercheurs de différentes disciplines, des journalistes, des organisations de défense des droits de l’Homme ou par des instances internationales… Ces travaux font clairement apparaître que les responsabilités françaises vont au-delà de simples « erreurs ».

Comment établir la vérité sur les faits passés ? Comment qualifier ces faits au plan du droit ? Comment expliquer le soutien apporté par les autorités françaises – politiques et militaires – au régime génocidaire alors qu’elles étaient fort bien placées pour connaître le déroulement exact des événements ? Comment expliquer l’attitude de la France dans ce dossier au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, conduisant à une réduction des effectifs militaires de la Minuar et au retard de la reconnaissance du génocide ? Comment expliquer la poursuite de la fourniture d’armements malgré l’embargo onusien ?

Il est temps que des réponses claires soient enfin fournies : tant pour les victimes du génocide et les survivants, que pour tous les citoyens qui refusent d’envisager qu’une telle tragédie se reproduise. Faire la lumière sur ces événements serait à l’honneur de notre pays mais contribuerait sans doute aussi à l’établissement d’une véritable démocratie au Rwanda !

Combien d’années faudra-t-il encore pour que notre pays fasse la lumière sur ces événements ? Quand verrons-nous se mettre en place un réel contrôle par nos députés et un droit de regard citoyen sur notre politique étrangère ?

Pour cela demandons aux partis politiques français de s’engager publiquement à faire toute la lumière ! Exigeons la levée du « secret défense », l’ouverture des archives sur les actions de la France au Rwanda depuis 1975, la conduite dans les plus brefs délais des procédures judiciaires engagées en France depuis plus de quinze ans contre des personnes présumées auteurs et/ou complices de génocide.

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