En pleine affaire du « Cap Anamur », la France a silencieusement refoulé d’autres boat people

Communiqué commun Anafé, Cimade, Collectif de soutien des exilés, Fasti, Gisti, LDH, Syndicat de la magistrature, Groupe des Dix

Il y a moins d’un mois, un concert de voix dénonçait l’Italie lors des mésaventures du « Cap Anamur » et des naufragés recueillis à son bord[1]. En même temps, plus silencieusement et plus efficacement, la France refoulait des demandeurs d’asile sauvés de la noyade.

Le 26 juin dernier, un bateau militaire français a déposé dix sept naufragés à Marseille où ils ont été retenus dans la zone d’attente d’Arenc. Partis de Tripoli sur une petite embarcation, ils avaient chaviré au large de Malte. Un bateau de pêche les avait sauvés puis remis au bâtiment militaire.

Parmi eux, treize Congolais de la République démocratique du Congo, deux Togolais, un Soudanais et une personne de nationalité inconnue. Tous étaient demandeurs d’asile. Pour chacun d’entre eux, l’accès au territoire français au titre de l’asile a été refusé par le ministère de l’Intérieur. Comme presque toujours en zone d’attente (93,2% des cas en 2003), une étude bâclée effectuée par le ministère des Affaires étrangères avait conclu que leurs demandes de protection étaient « manifestement infondées » et ne méritait pas le regard de l’OFPRA.

Les treize Congolais ont été expulsés vers Kinshasa où ils sont arrivés, en trois groupes successifs, entre le 10 et le 15 juillet. L’un des Togolais a été expulsé vers le Nigeria. Le second Togolais a été condamné à trois mois de prison ferme et trois ans d’interdiction de territoire français, accusé de refus d’embarquement. On a perdu toute trace du Soudanais et de la personne de nationalité inconnue.

Tandis que des marins continuent de respecter l’antique loi qui fait obligation à tous de protéger des hommes en péril, les Etats de l’Union européenne ne s’embarrassent plus du devoir d’asile : ils les renvoient sans vergogne aux flots tumultueux de la guerre et des régimes non démocratiques.

[1] Communiqué du 16 juillet 2004 « Cap Anamur, cap au pire : l’Europe contre l’asile se fait sous nos yeux » signé par Act Up-Paris, CEDETIM, Cimade, Collectif de soutien des exilés, Coordination nationale des sans-papiers, Droit au logement, Droits devant, Fasti, Gisti, LCR, Ligue des droits de l’homme, Mrap, Réseau chrétien-immigrés, Syndicat de la magistrature, Union syndicale G10, Les Verts.

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