Et maintenant…

Face à l’ampleur de l’abstention et au péril sérieux que constitue la banalisation des idées d’extrême droite, il revient à la Ligue des droits de l’Homme (LDH) de contribuer à remobiliser l’opinion publique et de jouer son rôle de défense des droits et des libertés. Avancer dans cette voie suppose trois priorités que nous invitons chacune et chacun à partager. Il n’est sans doute pas nécessaire d’épiloguer longuement sur le résultat des municipales. Certes, il sera utile d’analyser les données, leurs évolutions, de dresser des cartes et d’élaborer des scénarios explicatifs. Certes. Mais la catastrophe était annoncée ; les élections intermédiaires ne sont jamais très favorables au pouvoir ; l’ampleur de l’angoisse économique, de la frustration sociale, la soif non apaisée d’égalité et de justice ont transformé un mécontentement en désaveu généralisé.

L’ampleur de l’abstention, singulièrement de l’abstention différentielle, dit l’essentiel et donne la mesure des efforts à fournir pour remobiliser une opinion publique face à des périls sérieux, dont l’impact va bien au-delà des villes conquises par le Front national.

Cet effort ne repose évidemment pas sur les seules épaules de la LDH ; mais il lui revient de jouer son rôle de défense des droits et des libertés, mises en danger par la prolifération et la banalisation des idées d’extrême droite.

Ne nous dissimulons pas que l’affaire est à long terme.
Avancer dans cette voie suppose trois priorités que nous invitons chacune et chacun à partager en les articulant.

Il s’agit tout d’abord de ne rien céder sur notre dénonciation de la perversité intrinsèque des idées d’extrême droite, tout en prenant en compte les efforts cosmétiques de leurs partisans. C’est le sens de la campagne commune à la LDH, la Licra, le Mrap et SOS racisme ; c’est également le sens de l’ouvrage que nous avons coproduit avec notamment la CGT, la FSU, Solidaires, l’Unef sur les idées fausses de l’extrême droite. Publié aux éditions de l’Atelier, maniable, d’un coût modique, il constitue un outil de réflexion à faire partager.

Il nous revient ensuite d’être attentif au message des électrices et des électeurs qui ont porté à la tête de leur ville des élus du FN. Il ne s’agit ni de conspuer leur vote, ni de « comprendre », au sens où nous en admettrions la portée profonde. Notre responsabilité consiste à confronter dans le débat et dans la durée, les promesses aux actes, et à dénoncer à chaque fois que nécessaire leur caractère démagogique, haineux et liberticide. Souvenons-nous à cet égard que la fermeté de conviction n’est rien sans le courage de la pédagogie démocratique.

Il nous faut, enfin et surtout, nous tourner largement vers le mouvement associatif et syndical afin d’encourager les uns et les autres à être fort de leurs rencontres. Avec la Ligue de l’enseignement, nous avons proposé de multiplier, tout au long de l’été, les rencontres de celles et ceux qui, au quotidien, produisent, créent, inventent et défendent là où ils sont et dans la diversité de leurs engagement les valeurs de la République. Nous partons de l’idée que nous sommes riches de nos engagements, de nos rassemblements, de nos colères et de nos propositions et que leur éparpillement, qui nous appauvrit et nous affaiblit, n’a rien de fatal.

Face à des temps qui s’annoncent difficiles, il s’agit d’affirmer que la liberté, l’égalité et la fraternité sont plus que jamais les clefs de l’avenir que nous voulons.

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