Intervention de Pierre Tartakowsky au meeting de soutien le 1er mars 2012 à 18h00 à la Bourse du travail de Paris
La Ligue des droits de l’Homme française, aux cotés de la FIDH, a toujours été aux cotés des démocrates qui, durant la trop longue dictature de Ben Ali, ont subi le harcèlement policier, l’enfermement, les tortures, le bannissement…
Durant ces longues années, elle a toujours trouvé les syndicalistes de l’UGTT en première ligne. C’est un fait établi, reconnu par tous que la centrale syndicale a été la seule force nationale organisée à pouvoir, malgré les tentatives de corruption et d’infiltration dont le régime de Ben Ali s’était fait une spécialité, résister à la dictature du clan au pouvoir.
Durant le printemps de la libération, l’UGTT a été l’arrière-pays organisé du soulèvement populaire et elle a fourni nombre de cadres à la jeune démocratie tunisienne.
C’est ce qui nous fait dire tranquillement mais avec force, avec détermination à ceux qui ont déclenché un processus d’agression : ne touchez pas à l’UGTT!
Nous ne le disons pas par nostalgie mais pour éviter une dérive qui serait catastrophique pour la démocratie et le peuple tunisien…
Ces attaques contre l’UGTT ont débuté avec les gouvernements de transition Gannouchi et Essbssi imputant à l’UGTT la responsabilité de la crise économique et l’anarchie dans le pays. En France aussi, campagne électorale oblige, on voit un président candidat promouvoir la haine des corps intermédiaires. Cette récurrence traduit la tentation d’imposer une approche libérale des enjeux économiques et sociaux, une détestation du peuple et une crainte de faire vivre la démocratie avec des forces organisées.
Car l’UGTT est la première organisation nationale après l’armée. C’est la seule structure intermédiaire dans le pays qui grâce à ses sections fédérales et régionales – qui sont souvent restées à l’abri de la domination des régimes en place – a permis de donner une expression politique aux mouvements sociaux spontanés déclenchés à différents moments de l’histoire tunisienne. Attaquer l’UGTT, c’est attaquer la seule force d’équilibre dans le pays. Attaquer ses locaux, c’est s’attaquer à un espace de mixité sociale, de liberté, un espace symbolique et protecteur.
Nous en sommes convaincus : la Tunisie, les Tunisiens ont besoin d’autre chose que d’agressions vicieuses contre les meilleurs défenseurs du progrès social. Les défis qu’ils affrontent appellent au contraire l’intelligence de la contradiction, le courage de la démocratie et l’organisation d’un vivre ensemble où les libertés civiles sont d’autant plus fortes qu’elles s’adossent aux libertés sociales.
C’est pourquoi nous sommes résolument mobilisés aux cotés de l’UGTT, de ses militants, des forces qui campent sur la défense des libertés et des droits.