Construire une réponse collective pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme

La LDH a pris connaissance du rapport annuel concernant l’activité de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH).

La partie concernant le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie met en évidence un accroissement des actes de cette nature, notamment des actes d’antisémitisme. L’analyse que l’on peut faire de cette situation est double.

D’une part, il est patent qu’une partie importante de la population continue à manifester un sentiment raciste et xénophobe, en particulier à l’égard des personnes d’origine maghrébines ou africaines, françaises ou non, au point que c’est parmi elles qu’un meurtre a été commis. Il en est de même à l’égard de l’Islam qui subit les contrecoups des évènements internationaux et des discriminations constantes dont il est l’objet.

D’autre part, la recrudescence des actes d’antisémitisme est évidente. Ainsi que le soulignent les données du rapport, ces faits sont directement liés aux évènements du Proche-Orient, ce qui ne saurait en aucune manière les excuser.

Toutes ces agressions, quelles qu’en soient les victimes ou les raisons, sont insupportables et inadmissibles. Mais, au-delà de l’émotion légitime et de la condamnation que de tels actes suscitent, la LDH entend faire sienne ce que Nonna Meyer[1] écrit dans l’analyse du sondage commandé par la CNCDH : “Ceux qui refusent aux Juifs la qualité de français à part entière n’aiment pas non plus les Arabes, ni les musulmans, ni les immigrés”. Ceci souligne le danger que représente une certaine manière de lutter contre le racisme, synonyme de repli sur soi et d’instrumentalisation au profit d’une démarche politique étrangère à la situation en France. Encore plus grave serait de considérer qu’un autre groupe humain porterait collectivement la responsabilité de ces faits.

Lutter contre le racisme et l’antisémitisme implique, d’abord, que les victimes de ces agissements soient toutes et sans distinction, reconnues comme telles. C’est, ensuite, refuser que chacun se réfugie dans une démarche communautaire, croyant, à tort, qu’il y trouvera protection alors que cela ne fera qu’attiser les antagonismes : la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ne peut porter ses fruits que si elle prend en compte toutes les dimensions de ces phénomènes, y compris leurs spécificités et que si nous y apportons ensemble une réponse collective.

Nous devons avoir conscience qu’en dissociant les victimes, en laissant chacun répondre au racisme dont il est l’objet, nous favorisons encore plus la division du corps social et, en définitive, nous renforçons les mécanismes de ce contre quoi nous combattons. C’est tous ensemble que nous devons construire une réplique à ce qui reste et demeure un cancer qui détruit le pacte social. La LDH réaffirme la nécessité de créer, d’urgence, une haute autorité chargée de lutter contre toutes les discriminations.

Paris, le 27 mars 2003
[1] Nonna Meyer (CEVIPOF – CNRS – Sciences po)

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