Agression d’un nouveau genre à Montreuil : de la chasse à l’homme au lynchage

Communiqué LDH

Le 12 mars dernier, un homme a été lynché en pleine rue à Montreuil au motif qu’il ressemblait à un pédophile en cavale, révèlant un profond malaise dans les relations que les citoyens français entretiennent avec la police ou avec la justice. Le 12 mars dernier, un homme a été lynché en pleine rue à Montreuil au motif qu’il ressemblait à un pédophile en cavale.

Un portrait-robot dudit pédophile circulait sur les téléphones portables. Alors que, selon des témoins, des pères de famille tournaient dans la rue pour tenter de l’attraper, un homme croyant le reconnaître tire avec un flash-ball avant de prévenir la police, mais la victime plaquée au sol est rouée de coups de poings et de coups de pieds par des passants. Résultat : 30 jours d’ITT. Un suspect a été arrêté le 19 mars et mis en examen.

Ce fait divers grave soulève plusieurs questions.
Tout d’abord, la vente libre de ce genre d’arme dont l’utilisation peut être dangereuse.
Ensuite, la diffusion du portrait-robot dont on ne sait aujourd’hui qui en a été l’auteur, affiché dans un stade et photographié par un téléphone portable rendant l’image peu fiable.
Enfin, et plus grave encore, la volonté de faire justice soi-même au prétexte que la police ne réagissait pas.

Quelle que soient les peurs et inquiétudes légitimes de parents face à un danger pour leurs enfants, ce genre d’attitude révèle un profond malaise dans les relations que les citoyens entretiennent avec la police ou avec la justice.
Ne plus faire confiance à ces institutions est révélateur d’un manque de confiance dont l’origine tient à l’image souvent peu valorisante qu’elles donnent d’elles-mêmes et à des discours qui les disqualifient ce qui est particulièrement grave dans un Etat de droit et qui met en péril la cohésion sociale.

Face à un fait aussi grave, La Ligue des droits de l’Homme s’interroge aussi sur le long délai qui s’est écoulé entre le moment où les faits ont eu lieu et la diffusion de cette information.

Paris, le 1er avril 2009

Share This
Soutenez les combats de la LDH

Les droits et les libertés ça n’a pas de prix, mais les défendre a un coût.