égalité filles garçons : ce que fait l’éducation nationale

 Par Helène Leclerc, déléguée régionale LDH de Lorraine

 

L’égalité des filles et des garçons est encore à construire à l’école. Le respect de l’autre sexe est un objectif majeur de l’approche éducative.

L’Éducation nationale propose des « Outils pour l’égalité entre les filles et les garçons » à l’école, qui ont pour objectif de rappeler les grands enjeux de la transmission, à l’école et par l’école, d’une culture de l’égalité entre les filles et les garçons, entre les femmes et les hommes.

Sur Eduscol et Canopé, de nombreux guides sont mis en ligne pour sensibiliser les équipes éducatives à la question des stéréotypes de genre et les guider dans leur pratique quotidienne :

– les enjeux de l’égalité filles garçons ;

– outils égalité filles garçons.

 

Chaque année, le 8 mars, Journée internationale (des droits) des femmes, et le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, offrent l’occasion aux équipes éducatives d’engager des actions spécifiques.

 

I – Agir en classe

Savoir repérer des stéréotypes sexués facteurs d’inégalité dans les ressources éducatives constitue un levier pour réfléchir à ses pratiques professionnelles.

Des scénarios pédagogiques et des exemples de documents donnent des pistes de mise en œuvre.

Un des principaux leviers de l’enseignement de l’égalité entre les filles et les garçons réside dans le travail sur les stéréotypes : il s’agit de repérer en quoi certains de ces stéréotypes peuvent, pour les élèves, constituer des obstacles à la construction d’une personne épanouie, au développement des compétences psychosociales, sociales et citoyennes, voire même devenir des freins en terme de parcours scolaire et de choix d’orientation, tant pour les filles que pour les garçons.

Propositions à l’échelle de l’école :

  • construire un parcours citoyen de la maternelle au collège (cycles 1, 2, 3) ;
  • développer chez les élèves de l’école un climat d’entraide et de respect mutuel ;
  • réguler les tensions, diminuer le nombre d’incidents en termes de climat scolaire ;
  • améliorer le parcours scolaire des élèves (notamment pour les garçons) ;
  • mettre en œuvre une véritable coéducation tant avec les familles (instaurer des relations de confiance) qu’avec les structures municipales (partager des savoir-faire et développer une culture commune).

Inscrire l’égalité filles-garçons dans un parcours Mixités qui permette de lutter contre toutes les discriminations :

mixités sociales (« riches/pauvres », « bien portant-e-s/porteurs-euses de handicaps », « jeunes/vieux-vieilles »…), mixités culturelles (cultures d’ici et d’ailleurs, d’aujourd’hui et d’autrefois…), mixité en fonction du sexe (histoire de la mixité scolaire, égalité de droit et de traitement des filles et des garçons, des hommes et des femmes).

Travailler sur les espaces collectifs et sociaux (cour de récréation, vestiaire, bibliothèque…) :

  • la cour de récréation : faire des élèves des petit-e-s reporters qui, équipé-e-s d’appareils photographiques numériques, vont pendant une semaine recueillir des informations sur l’occupation de l’espace par les filles et les garçons ;
  • le vestiaire : dans le cadre de l’« éducation à la sexualité », travailler avec les élèves sur la notion d’intimité du cycle 1 au cycle 3 ;
  • la bibliothèque de classe ou d’école : donner envie à chacun-e d’explorer des ouvrages qui ne lui sont pas familiers.

Porter une parole collective auprès des parents :

porter une parole collective dans le cadre du conseil d’école et des réunions de rentrée, en se montrant garant-e-s des exigences éthiques fondamentales des enseignant-e-s.

Participer à des groupes de réflexion et de travail avec la municipalité :

implication du directeur/de la directrice dans un « guide des bonnes pratiques ».

 

II – Comportements sexistes et violences sexuelles

Le sexisme consiste à inscrire la différence entre les hommes et les femmes dans un rapport hiérarchique de domination et à considérer, comme en grammaire, que le masculin l’emporte sur le féminin.

Cette domination des hommes sur les femmes n’est pas inscrite dans la « nature humaine », mais dans les rapports sociaux entre les sexes. Il s’agit d’une construction humaine et cela peut donc être déconstruit par les humains.

 

Des propositions en collèges et lycées pour prévenir, repérer, agir

Les comportements sexistes et violences sexuelles sont liés notamment à la persistance dans la société des inégalités entre les femmes et les hommes.

Ces violences s’appuient sur les stéréotypes de sexe et renforcent les systèmes de normes qui hiérarchisent le féminin et le masculin.

Dans les établissements scolaires, les relations entre filles et garçons, ou au sein d’un groupe de même sexe, peuvent être génératrices de tensions et d’agressivité. Elles sont très souvent dues aux transformations liées à la puberté, à la construction de son identité, à la découverte de l’autre et aux rapports de séduction, mais aussi à l’influence des images stéréotypées véhiculées en particulier par les médias. Les comportements sexistes et violents à caractère sexuel s’exercent souvent entre pairs.

Ces violences peuvent aussi être commises par des adultes, qu’il s’agisse de l’entourage familial ou non. L’école dans ce cas doit permettre à l’élève de se confier et doit intervenir pour assurer sa protection. Pour que la parole se libère, il faut renforcer les actions d’éducation et de prévention. L’institution scolaire doit se mobiliser pour développer l’apprentissage du vivre ensemble, le respect de l’égalité entre les femmes et les hommes et lutter contre les représentations stéréotypées et toutes formes de discriminations.

La loi pour la refondation de l’école de la République prévoit la mise en place d’un parcours éducatif de santé et d’un parcours citoyen-ne.

  • Prévenir : la prévention est l’affaire de toutes et de tous

Un travail éducatif doit être conduit au travers :

  • des programmes d’enseignement, notamment l’enseignement moral et civique ;
  • des séances obligatoires d’éducation à la sexualité prévues dans l’horaire global annuel des élèves ;
  • des séances et actions de prévention de la maltraitance et des violences sexuelles ;
  • des actions éducatives, qui peuvent être menées en partenariat avec des représentant-e-s de la société civile (organisation de débats, de semaines thématiques, de concours scolaires).

A – Le parcours éducatif de santé  (PES)

La loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République instaure un parcours éducatif de santé pour les élèves.

Il s’agit, dès le plus jeune âge, et tout au long de la scolarité, d’améliorer le bien-être des élèves, de lutter contre les inégalités et de créer un environnement épanouissant, favorable à la réussite scolaire et éducative de toutes et tous.

Ce parcours, qui intègre l’éducation à la sexualité, se définit principalement par :

  • l’acquisition de compétences et de connaissances, dans et en dehors de l’école, favorisant l’émancipation de l’enfant ;
  • un caractère continu et progressif tout au long de la scolarité des élèves ;
  • une adaptation au contexte local (via le contrat local de santé, le programme de réussite éducative, le projet éducatif territorial…).

B – Le parcours citoyen

Ce parcours relève d’une action éducative de longue durée qui vise à construire un jugement moral et civique et à faire acquérir un esprit critique et une culture de l’engagement.

Le parcours citoyen concourt à la transmission des valeurs et principes de la République et de la vie dans les sociétés démocratiques :

  • respect d’autrui, refus des discriminations, prévention des violences et du harcèlement, pratique responsable du numérique, de l’Internet et des réseaux sociaux notamment.

 

  • Repérer

Quel que soit le type d’agression ou de situation à laquelle il-elle est confronté-e, l’élève peut soit ne rien dire mais manifester des troubles et des signes de souffrance, soit se confier et révéler les faits.

Un faisceau d’indices doit retenir l’attention de l’adulte.

Quelques signes d’alerte :

  • attitudes très craintives ou peureuses ;
  • comportement exagérément érotisé ou provocateur ;
  • rituels excessifs, lavages de mains, de rangement ;
  • changement soudain d’humeur ou de comportement ;
  • chute brutale des résultats scolaires ;
  • absentéisme scolaire inhabituel et injustifié ;
  • dépression ;
  • tentative de suicide ;
  • rigidité, mutisme, repli ;
  • auto-scarifications ;
  • excitation ;
  • fugue, toxicomanie ;
  • troubles alimentaires, boulimie, anorexie.

Avant toute autre démarche, il est important que l’adulte qui a remarqué ces signes parle à l’élève, l’encourage à dire ce qui se passe pour lui venir en aide et l’orienter vers les personnes compétentes.

Toute personne de la communauté éducative est en capacité de repérer ces signes. Chacun-e a un rôle à jouer, différent selon les fonctions : infirmier-e-s, assistant-e-s sociaux-les, médecins, CPE et bien sûr professeur-e-s.

 

  • Agir

Que faire pour agir contre le harcèlement dans mon école ?

Tous les outils relatifs à la prévention du harcèlement sont rassemblés dans le cahier d’activités de la campagne contre le harcèlement à l’école pour le primaire.

Ces outils sont disponibles sur le site www.education.gouv.fr/nonauharcelement

 

Conclusion

Pour l’Éducation nationale, promouvoir l’égalité des filles et des garçons constitue une obligation légale et une mission fondamentale  qu’année après année, elle s’efforce de mieux remplir.

En attestent :

  • les textes réglementaires concernant l’instauration d’une culture de l’égalité entre les filles et les garçons sont nombreux : convention, loi, circulaires (voir textes de références ci-dessous) ;
  • des postes de chargé-e-s de mission académique égalité filles-garçons ont été créés ;
  • la promotion de concours annuels au sein de l’école pour l’égalité et le respect mutuel entre les filles et les garçons ainsi que la mixité des filières ;
  • enfin, la mise à disposition de la communauté éducative d’un ensemble de ressources (des sites spécifiques et leurs outils informatifs et pédagogiques, des statistiques sexuées relatives aux parcours scolaires des élèves, un guide sur les comportements sexistes).

Toutefois, l’école et ses enseignant-e-s ne peuvent, seul-e-s, résoudre tous les problèmes de société  pour lesquels ils-elles sont sollicité-e-s.

L’Éducation nationale pourrait davantage promouvoir un travail en synergie, tout d’abord avec les parents qui sont rarement associés aux actions et projets, mais aussi avec l’environnement associatif.

Télécharger les textes de références

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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