25 juillet 2005 – Sans-papiers Soutien aux sans-papiers : pas de collaboration avec le ministère de l’Intérieur

Communiqué commun

Les organisations de soutien au mouvement des sans-papiers soussignées ont participé, le 30 juin dernier, à une rencontre au ministère de l’Intérieur avec Monsieur Claude Guéant, directeur de cabinet du ministre.

Elles se sont rendues à ce rendez-vous pour témoigner, par leur présence, de leur solidarité avec la lutte des sans-papiers ; pour dénoncer une politique de l’immigration de plus en plus restrictive et répressive, aux conséquences humaines inacceptables et dangereuses pour la démocratie ; et pour affirmer qu’une autre politique de l’immigration est nécessaire. Lors de cette réunion, elles ont pris acte de la volonté du ministre d’élaborer une circulaire qui pourrait prendre en compte quelques situations particulièrement inacceptables sans envisager de régularisation globale.

Les sans-papiers sont confrontés à une situation chaque semaine plus dramatique : mineurs isolés renvoyés dans les pays d’origine, enfants en bas âge arrêtés jusque dans leur classe, suspicion généralisée sur les mariages, refus d’examen des preuves réelles de travail dans les dossiers de régularisation, malades expulsés malgré des traitements en cours…

Toutes les interventions publiques du ministre de l’Intérieur depuis le 30 juin indiquent, dans le fond comme sur la forme, un nouveau durcissement de la politique de l’immigration. En particulier, à la suite de la rencontre entre les ministres de l’Intérieur de cinq pays européens à Evian, un premier « charter européen » doit, dans les prochaines heures, ramener de force en Afghanistan des Afghans ayant fui ce pays qu’aucun observateur de bonne foi ne saurait qualifier de « sûr ». Et, selon le ministre, d’autres charters suivront, plusieurs milliers de reconduites à la frontière étant envisagés pour les prochaines semaines.

Il se confirme ainsi que la circulaire annoncée ne pourra représenter qu’un ajustement minime de la politique suivie depuis des années. Instituer un travail commun au ministère de l’Intérieur, aux collectifs de sans-papiers et aux organisations de soutien, pour obtenir quelques « bénéfices » mineurs, reviendrait à valider cette politique en laissant penser qu’il suffirait de la corriger à la marge pour qu’elle devienne acceptable.

Dans ces conditions, les organisations soussignées ne peuvent que renouveler leur demande de régularisation globale des sans-papiers et l’assortir d’une demande de moratoire immédiat sur les expulsions et les reconduites à la frontière, jusqu’à parution de la circulaire annoncée. Il serait impensable, en effet, que se prolonge la contradiction entre, d’une part, des propos admettant la « misère » et les situations d’« injustice » des sans-papiers et invitant leurs organisations et leurs soutiens à travailler ensemble à l’amélioration de ces situations, et, d’autre part, des annonces ministérielles et des actes spectaculaires qui aggravent ces mêmes situations et durcissent encore les politiques menées.

Conviées à une nouvelle rencontre avec le cabinet du ministre de l’Intérieur le 25 juillet 2005, elles ont donc refusé toutes les offres de « collaboration », de «coopération » ou de « négociation », et réaffirmé leurs exigences :

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régularisation globale des sans-papiers qui, seule, permettra de mettre fin aux situations indignes et absurdes dans lesquelles ils vivent.
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instauration d’un moratoire immédiat sur toutes les reconduites à la frontière.
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nécessité d’une autre politique de l’immigration fondée sur les droits de la personne.

Organisations signataires : les Alternatifs, CEDETIM, CGT, Droits Devant !, LCR, LDH, MRAP, PCF, Sud Education, Sud PTT, Union syndicale Solidaires, Les Verts.

Paris, le 25 juillet 2005

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