25 juillet 2005 – Lettre ouverte adressée à Jacques Chirac, président de la république, à propos de la venue d’Ariel Sharon, Premier Ministre de l’Etat d’Israël

Lettre commune LDH/FIDH

Monsieur le Président,

Vous vous apprêtez à recevoir le Premier Ministre de l’Etat d’Israël, M. Ariel SHARON.

À cette occasion, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue française des droits de l’Homme et du citoyen (LDH) souhaitent rappeler avec force plusieurs préoccupations.

En tout premier lieu, le gouvernement israélien continue à ignorer l’avis consultatif de la Cour Internationale de Justice, en date du 9 juillet 2004, qui déclarait illégale la construction du mur de séparation en Cisjordanie ainsi que la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies –résolution que la France a votée- demandant aux Etats de la communauté internationale de se conformer à cet avis. Tenant compte de plusieurs décisions rendues par la Cour suprême israélienne ordonnant certaines modifications au tracé de cette construction, le gouvernement israélien a validé, le 10 juillet 2005 un nouveau tracé qui conduira à isoler un peu plus Jérusalem Est de la Cisjordanie et à entériner l’annexion de la totalité de cette ville. Plusieurs milliers de ressortissants palestiniens se trouveront ainsi isolés.

La FIDH et la LDH déplorent que de manière générale, la politique de colonisation de la Cisjordanie se poursuit de telle manière que plus de 45% de celle-ci se trouve occupée.

En outre, le désengagement israélien de la bande de Gaza, dont le début est annoncé pour le mois prochain, laissera perdurer une situation intenable pour la population palestinienne. En effet, d’une part, les autorités israéliennes conserveront le contrôle des frontières terrestres, maritimes et aériennes et d’autre part, alors que rien n’est encore prévu quant à la possibilité de circuler entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, la FIDH et la LDH sont extrêmement préoccupées par le fait que les colonies de peuplement israéliennes pourraient être retirées de Gaza pour être réimplantées sur les territoires de Jérusalem est et de la Cisjordanie.

Nos organisations rappellent que cette situation s’accompagne également d’entraves permanentes à la circulation au sein même de ces territoires et d’un étouffement économique qui favorise un accroissement constant de la paupérisation de la population palestinienne.

A l’occasion de votre prochaine rencontre, nous vous demandons, Monsieur le Président, de rappeler à Monsieur Ariel SHARON ses obligations au regard du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’Homme et en particulier :

* De mettre un terme sans délai à la construction du mur de séparation et de démanteler les portions déjà construites.
* D’assurer la libre circulation des Palestiniens au sein des territoires palestiniens, y compris entre la Cisjordanie et Gaza.

En outre, en tant que membre de l’Union européenne, avec laquelle Israël a signé un accord d’association, il est du devoir de la France de souligner que l’article 2 de cet accord le subordonne au respect des droits de l’Homme.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération distinguée.

Jean-Pierre Dubois Sidika Kaba

Président de la LDH Président de la FIDH

Paris, le 25 juillet 2005

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