2002 – RAPPORT ANNUEL – La LDH dans toutes ses sections

La vie des sections de la LDH en 2002

 

Cette année 2002 fut fertile en événements importants, et l’activité des sections, analysée au travers des comptes rendus, témoigne de ce que furent nos préoccupations et nos engagements.

 

L’élection présidentielle, évidemment, mobilisa puissamment l’ensemble des sections et des militant(e)s : manifs, tracts, prises de parole, participation à des collectifs, etc.

Si notre association n’était pas toujours le moteur des actions entreprises, elle apparut souvent comme un point d’ancrage solide et raisonnable dans un contexte de débâcle.

Les législatives, également, furent une période d’intense activité mais dédramatisée. Malgré ces rendez-vous avec l’Histoire, que ligueurs et ligueuses ne ratèrent pas, les activités habituelles, plurielles, conformes à l’identité généraliste de notre association, furent nombreuses, inventives et offensives.

 

Ce ne fut pas une surprise de constater à la lecture de vos courriers, que la question israélo-palestinienne était, pour la plupart d’entre nous, le grand débat de l’année 2002. Que ce soit la participation à des collectifs du type « France-Palestine » ou « Palestine », (Vannes, Ajaccio, Ariège, fédération du Gers, Saint-Brieuc, Grenoble, Châtellerault, Montbéliard, Rodez/Millau, Amiens, Beauvais, région Picardie, fédération de l’Ariège, la Ciotat, Paris 20ème, Saint-Nazaire, Montpellier, Château-Thierry, Fréjus, Montpellier, Toulouse ou Lyon sud…). Des manifestations pour l’application des résolutions de l’ONU ont été organisées (Niort, Orléans, la Fare-les-Oliviers, les Sables-d’Olonne, Ajaccio, Châteauroux, Annemasse, Longwy, Maine-Angers, Nouvelle-Calédonie, Saint-Malo). On a préféré l’organisation de soirées cinéma, théâtre, conférence débat, expositions à Toulon, dans la fédération du Gers, à Amiens, Paris 18ème, Paris 5/13, Pauillac, Royan, Dijon, Paris 19ème, Gradignan, Rodez, Metz, Bourgoin, Bagneux, fédération de l’Isère, Vitry. Rennes, Toulon, Nancy, Chambéry et la fédération du Rhône ont soutenu les « refuzniks ». La région Paca, Caen et Paris 18ème ont accueilli des militants de retour de missions civiles en Israël et en Palestine. Certaines sections se regroupent pour accueillir Michel Tubiana (ce fut le cas des trois sections marseillaises) afin qu’il expose la position de la LDH sur un problème qui suscite, au sein de nos sections des débats, au cours desquels la passion (parfois !) le dispute à la raison. De nombreuses sections ont soutenu, relayé l’initiative Trop c’est trop de Madeleine Rebérioux et de ses amis, et ont accueilli cette dernière pour diverses conférences et débats.

 

Le chapitre citoyenneté sociale reste quand même le sujet majeur des actions, interventions et réflexions des militant(e)s. Les préoccupations et les formes adoptées sont multiples. Les sections de Toulouse, Château-Thierry, Saint-Malo, Dinan se sont interrogées sur l’économie solidaire. La section Autun/Morvan s’est insurgée contre les fermetures d’usine. La défense du service public a préoccupé Angers, Rennes, Martel et Souillac. La section de Clermont-Ferrand s’est attelée à la citoyenneté européenne. Chambéry a défendu le ferro-routage. Les sections d’Evreux, Annemasse, Nanterre se sont occupées du droit au logement. Vannes s’est intéressée à l’environnement. Nantes a soutenu les instituteurs en lutte et s’inquiète de la répression du mouvement social. Metz et la fédération de Saône-et-Loire ont planché sur le droit au logement et le droit au travail  alors que Saint-Nazaire a organisé une conférence intitulée « la LDH dans le mouvement social ». Clermont-Ferrand a travaillé sur la santé et la section de Château-Thierry s’est investie dans la lutte contre le sida. A Longwy, ce sont les handicapés (vie citoyenne et prévention) et le soutien aux travailleurs en lutte dans cette région qui ont mobilisé la section. Saint-Maur/Bonneuil a organisé une conférence sur les nouveaux mouvements sociaux en France, en présence de Michel Savy. Royan a abordé le thème « violence et exclusion » et Villefranche/Decazeville « les droits de l’Homme et entreprises ». Le droit à l’eau a été traité à Verdun, à Saint-Brieuc et en Ardèche, et la question des travailleurs saisonniers à la Fare-les-Oliviers et à Guil–Durance. Les sections de Paris 15ème et de Longwy se sont intéressées aux médias. Et la section de Clermont-Ferrand a soutenu les associations en lutte contre le chômage.

 

Corollaire de cette question de nombreuses sections s’investissent dans des expériences de démocratie active comme à Dijon, dans la région Corse mais aussi à Grenoble, dans la région Nord, à Poitiers et à Lyon sud. La section de Lens a, quant à elle, proposé un débat sur « la politique de la ville ».

 

Les sans papiers, le droit d’asile, les droits des étrangers sont également des thèmes de discussions et d’interventions qui occupent majoritairement le plus grand nombre des sections et des fédérations.

La situation dramatique de Sangatte a été suivie quotidiennement par nos camarades de Calais, soutenus par la région Nord-Pas-de-Calais. Un débat s’est instauré dans les sections après la diffusion du texte « pour la citoyenneté et le droit des étrangers ». Ce fut ainsi le cas à Paris 17ème, Bayonne, Rodez, Carcassonne, Vannes, Abbeville, Rouen, Antony, Paris 20ème, dans le Maine-et-Loire, à Arras, Tours, Rennes, etc. Le Bureau national s’est vu proposé moult amendements émanant de nombreuses sections afin d’enrichir ce texte. Saint-Nazaire a dénoncé le travail clandestin. Les sans papiers grévistes de la faim ont été soutenu par Rouen, Lyon, la fédération du Rhône et Fréjus/Saint-Raphaël. Devant l’afflux des demandes de régularisations certaines sections tentent de faire face mais sont parfois débordées par l’ampleur de la tâche. Cela a été le cas de sections comme Clermont-Ferrand, Créteil/Maisons-Alfort ou Dijon.

Le droit d’asile fut un thème largement pris en compte par les sections comme Fontainebleau, Dijon, Ariège, par la région Île-de-France, le Maine-et-Loire, la fédération de la Somme, Metz, Roanne… Bayonne a organisé une visite au centre de rétention de Hendaye. Nice a travaillé un mois sur le sujet, la déléguée régionale de Midi-Pyrénées chargée d’une mission pour la Drass. Le comité régional des Pays de la Loire a décidé de coordonner toutes les forces qui luttent pour la défense des demandeurs d’asile. Mulhouse a diffusé auprès des élus « dix mesures pour améliorer le droit d’asile ». Le droit d’asile, sujet complexe, nécessite une sérieuse formation. C’est ce qu’ont compris et réalisé les sections de Paris 18ème, Melun, Fontainebleau, la région Île-de-France et Arras. Marseille centre a organisé une conférence en présence du professeur E.Temine.

Les sections suivirent et accompagnèrent la marche des sans papiers de Marseille à Paris. Elles portent, au quotidien, assistance aux sans papiers désemparés. Les permanences sont de plus en plus nombreuses. On en trouve ainsi à Macon, Dijon, Paris 5/13, Aulnay-sous-Bois, Paris-centre, Aulnay-sous-Bois, Toulouse, en Ile-de-France, dans la fédération du Rhône, à Elboeuf, Nice, Marseille nord/sud. Les sections font des démarches en préfecture, montent des dossiers, soutiennent les grévistes de la faim, s’opposent aux expulsions, etc. Pourtant, on note, à partir de la rentrée de septembre 2002, un certain découragement devant l’ampleur de la tâche et les nombreux échecs essuyés : Maine-et-Loire, la fédération de la Somme, Créteil, Nancy, Grenoble, Rennes. Les sections les plus déçues sont celles qui, très scrupuleusement, ont monté des dossiers selon les nouvelles recommandations du ministère de l’Intérieur. A nouveau, des manifestations en faveur des sans papiers réapparaissent à Orléans, Clermont-Ferrand, Longwy etc.

La campagne contre la double peine s’est prolongée jusqu’en juin 2002, en s’appuyant sur la projection du film de Bertrand Tavernier Histoires de vies brisées. Des projections-débats ont eu lieu à Perpignan, Bourgoin, Orléans/Evreux, Paris 9ème, Toulouse, Châtellerault, Paris centre, en Moselle, à Besançon, Grenoble, Bron, Saint-Malo, Toulon etc. Toutes les sections ne peuvent être citées compte tenu du succès de cette initiative nationale, parfaitement relayée au plan local mais aussi par quelques actions concrètes couronnées de succès comme à Laon, Rouen, et Saint-Nazaire.

 

Il est notable de constater l’esprit de responsabilité des ligueur(e)s. En effet, malgré une lucide appréciation du rôle des Codac, ils continuent coûte que coûte à s’y investir. Perpignan a ainsi désigné un référent au secrétariat du « 114 ». Saint-Malo a fait un bilan positif pour leur groupe insertion professionnelle. Les villes suivantes ont aussi travaillé sur le sujet : Nancy, Melun, Rennes, le Puy, Albi, Tours, Toulouse, Guil-Durance, Châteauroux, Metz, Périgueux et la fédération du Rhône etc.

Dans la diversité des sujets traités, on remarque la permanence des actions contre la double peine, pour le droit de vote des étrangers concrétisé par la « Votation citoyenne » : malgré un démarrage difficile fut finalement l’occasion pour de nombreuses sections de se mobiliser et de s’engager sérieusement dans ce qui se révéla être un succès. La Fare-les-Oliviers, l’Indre, Toulon, Créteil, la région Picardie, la fédération du Gers, Grenoble avec le concours de France Bleue Isère, Antony malgré l’opposition du maire etc. ont pris part à cette campagne.

 

Le concours de poèmes et lettres pour la fraternité est toujours apprécié par les militants des sections qui s’organisent dans une action bien rôdée. La solidarité internationale est aussi un thème de travail pour les sections, avec notamment l’Algérie et des initiatives originales comme « d’une rive à l’autre » à Toulon. Les prisons restent une préoccupation majeure des militants de Marseille Vallée de l’Huveaune, Grenoble, Lille, Picardie, Brest, Nîmes, Dijon, Paris 14/6. Chambéry a organisé trois semaines d’actions et de réflexion sur la justice et la prison. Soissons a entendu un ancien détenu. Clermont-Ferrand a participé à une commission de surveillance. Soulignons, enfin, le travail remarqué de la section d’Arles qui s’est étalé sur une semaine avec des conférences, des expositions, des films et l’édition d’un compte rendu très bien réalisé ; ainsi que le succès de l’exposition sur les prisons qui va de ville en ville : Nord-Pas-de-Calais, Grenoble…

 

Certains thèmes occupent une place privilégiée dans le « hit-parade » de nos actions et deviennent une préoccupation majeure. C’est le cas des gens du voyage : Malik Salemkour fait quasiment le tour de France pour donner de précieuses indications sur ces populations. De nombreuses sections se sont engagées dans les travaux du schéma départemental d’accueil : Yonne/Merry/Auxerre, Pessac, Nice, l’Ariège, Melun, Arras, Amiens, Château-Thierry, Annemasse, Laon, Nantes, Orly/Choisy, Créteil, Saint-Die, le Limousin, la fédération de la Somme, Dinan, Poitiers, Toulon, Tarbes. La fédération des Bouches du Rhône siège à la Commission départementale consultative. La région PACA s’est mobilisée pour défendre les gens du voyage, faisant étape à Gassin. La fédération de l’Aisne a organisé un colloque départemental. La Fare-les-Oliviers a rédigé un texte sur les Roms et Saint-Nazaire a organisé une soirée de projection de films gitans.

 

La justice, la sécurité, l’insécurité, la police, les lois Sarkozy/Perben alimentent de nombreux débats, même si les actions contre la guerre à l’Irak ont éclipsé momentanément les réactions aux mesures sécuritaires. La fédération de la Moselle les a analysées et a publié un digest. La section de Nîmes s’est opposée à l’arrêté municipal anti-mendicité. La fédération du Rhône s’est inquiété de la vidéo-surveillance et la section de Nice de la délinquance juvénile. Montbéliard, Paris Sorbonne, Île-de-France et Paris 19ème ont invité le sociologue Laurent Muchielli (du groupe CLARIS). Montrouge s’est opposé au couvre-feu pour les mineurs. Le Mans a soutenu « la marche pour la justice » et la fédération de la Seine-Saint-Denis a fait le point sur les maisons de justice et du droit. Marseille a créé un observatoire des violences policières. Clermont-Ferrand anime un collectif contre le tout sécuritaire. Conflans, Créteil, Dunkerque, et Rodez/Millau ont mis en débat les lois Perben-Sarkozy. La section de Laon s’est mobilisée sur la question de la détention provisoire. Les sections de Créteil et de Maisons-Alfort se sont interrogées sur les réponses possibles à la délinquance des mineurs. Orléans a réagi sur une enquête de victimisation. Clermont-Ferrand, Châteauroux, Dinan, Paris 18ème, Roanne, Marseille-centre, Soissons, Créteil, Paris 5/13, Toulon, Fort-de-France, Niort, Périgueux, Paris 5/13, Villefranche-de-Rouergue, Clermont-Ferrand, Auch, Rennes, Chauny, Montceau-les-Mines, Privas, Ajaccio, la fédération de Saône-et-Loire, Paris 17ème , et bien d’autres… ont diffusé les analyses et l’appel à se mobiliser du Bureau national malgré l’impact médiatique de l’action du ministre de l’Intérieur.

 

D’autres sujets et thèmes (près de 60, parmi lesquels on peut noter : l’affaire Papon, la torture, l’euthanasie, le racisme, l’extrême droite, la peine de mort, le harcèlement au travail…) s’ajoutent au travail quotidien des adhérent(e)s auprès des sans papiers, des prisonniers et autres demandeurs de soutien juridique. C’est énorme ! à ce sujet on peut constater l’augmentation significative de la mise en place de permanences qui supposent un engagement militant important. Mais également, la plus grande visibilité sur le terrain des ligueurs en tant que tels : distribution de tracts, présence fréquente dans les forums, foires, fêtes, colloques, collèges et lycées etc.

Le très grand nombre de sections qui travaillent au sein de collectifs et de coordinations confirme que les ligueurs ne craignent pas d’apparaître en pleine lumière au cœur de l’action. A noter, dans le même ordre d’idée, l’augmentation de créations d’évènements : depuis la fête conviviale jusqu’au montage d’une exposition, d’une séance de théâtre, de cinéma, de dédicaces, de concert, etc. L’imagination ne manque pas.

De nombreuses sections nouent des contacts de plus en plus fréquents avec la presse locale. Nous recevons de multiples coupures de presse rendant compte de conférences-débats, de visites de membres Bureau national et du Comité central en province, de manifestations, d’interviews. Cette presse tire à des milliers d’exemplaires et contribue à ancrer la LDH dans la vie politique locale.

Au cours de cette année, les comptes rendus ont été de plus en plus nombreux, de plus en plus nourris, de mieux en mieux rédigés, souvent augmentés d’un « journal » édité par la section ou la fédération. La qualité de ces bulletins, souvent modestes (ça coûte cher !), est remarquable. Ils ne se contentent plus de reproduire les communiqués et les prises de position du siège de la LDH, mais laissent la place à des articles de fond, émanant de la réflexion collective ou personnelle des membres de la section. Il serait profitable pour l’association que les « bonnes feuilles » puissent circuler transversalement et qu’ainsi d’autres sections puissent bénéficier de cet apport original. Cette transversalité rêvée commence à fonctionner. Des échanges plus nombreux ont lieu entre sections, fédérations ou régions. Il faut continuer ! Le LDH Info et sa chronique Vie de l’association peut et doit œuvrer en ce sens.

 


 

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