2001 – RAPPORT ANNUEL – Spots de prévention contre le sida : le gouvernement censure et le virus court toujours ! – Communiqué commun Act Up, AIDES, LDH, Sida Info Service (2 août)

Dans le cadre de la campagne estivale 2001 de prévention sur le VIH/sida, le gouvernement ressort les spots TV diffusés l’an dernier dont les associations, qui n’avaient pas été associées à leur création, avaient déjà dénoncé la niaiserie indiscutable et l’inefficacité certaine :

  • une campagne qui rate sa cible et n’atteint pas son objectif de prévention, car elle n’aide pas le téléspectateur à comprendre comment il peut réduire ses risques de contamination !
  • une campagne qui génère si peu d’interrogations qu’elle n’a que peu de répercussions sur le nombre d’appels, notamment sur le numéro vert de Sida Info Service affiché à l’écran. Ce qui n’est pas surprenant tant ces spots sont lisses et ne provoquent aucun questionnement chez le téléspectateur !

Afin de pallier ces carences, et pour la première fois, deux spots abordant la sexualité sans détour, sans puritanisme ni voyeurisme avaient été réalisés par le Comité français d’éducation à la santé (CFES) dans le cadre la campagne publique de prévention 2001.

Pour la première fois, les films étaient audacieux : on y représentait diverses pratiques sexuelles auxquelles le public pouvait s’identifier. Le message était pertinent car en phase avec la réalité. « Il y a 1000 façons de vivre sa sexualité. Et deux réflexes à adopter : le préservatif à tous les coups ; le dépistage au moindre doute », concluait l’un d’entre eux.

Une affirmation que ne partageait visiblement pas le gouvernement. Lionel Jospin et son administration, le Service d’information du gouvernement, après avoir consulté l’ensemble des ministres, ont décidé d’interdire la diffusion de ces spots.

Lionel Jospin doit s’expliquer sur cet acte de censure. Auprès de quels experts le gouvernement a-t-il forgé sa décision ? Quelles sont les raisons qui ont motivé cette interdiction ?

Bernard Kouchner doit sortir de sa réserve. Quelle est l’autonomie du CFES et de la Direction générale de la santé ? Quel rôle les pouvoirs publics reconnaissent-ils aux associations de lutte contre le sida ?

Il aura fallu attendre des dizaines de milliers de morts d’accidents de la route pour que des spots de prévention routière enfin réalistes et percutants soient diffusés.

Aujourd’hui, malgré les 5000 nouvelles contaminations par le VIH chaque année, le gouvernement censure une campagne qui tranchait radicalement avec ce qui avait été fait auparavant. C’est inadmissible. Combien faudra-t-il encore de personnes contaminées et de morts pour que l’on traite enfin la prévention avec efficacité et courage ? Pour que l’on se décide à parler ouvertement des risques de transmission, donc de pratiques sexuelles, et des moyens de se protéger ?

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