La LDH a souhaité créer un observatoire de la liberté d’expression pour débattre et, le cas échéant, intervenir sur ces questions. Elle invite tous ceux qui sont intéressés, artistes, écrivains, cinéastes, journalistes, militants, etc., à participer à cet observatoire. Texte de présentation L’œuvre d’art est de l’ordre de la représentation : elle s’écarte toujours du réel même si elle en fait partie. A ce titre elle a un statut exceptionnel, et ne saurait, sur le plan juridique, faire l’objet du même traitement que le discours politique, public, ou journalistique. Des limites à la liberté d’expression sont nécessaires pour protéger la dignité de la personne et ses droits fondamentaux, et lutter contre les propos diffamatoires ou discriminatoires. Mais ces limites ne sont pas transposables, avec les mêmes interdits et les mêmes sanctions, aux œuvres d’art. Un propos raciste ou pédophile tenu par un personnage de roman ou de cinéma n’exprime pas nécessairement l’opinion de son auteur : en conséquence, ce propos n’a pas la même portée. Cela ne signifie pas que l’écrivain, l’artiste, le cinéaste, ne sont pas responsables. Mais ne revient-il pas aussi aux médiateurs et aux intermédiaires que sont notamment les éditeurs, les directeurs de publication, les commissaires d’exposition, les producteurs, les critiques, de prendre leurs responsabilités à la fois vis-à-vis des auteurs et vis-à-vis du public ? Ne vaut-il pas mieux informer le public sur le contexte (historique, esthétique, politique), et sur l’impact du contenu emblématique de l’œuvre, plutôt que de procéder, ou de laisser procéder, à des interdictions, des censures ? Il est vital de défendre la liberté d’expression contre la censure économique et contre l’arbitraire de tous les pouvoirs. Il est également vital de protéger la liberté de l’artiste, malgré les scandales que certaines œuvres peuvent provoquer, par un travail pédagogique et responsable de présentation au public. Ce n’est pas aux instances politiques, même quand elles sont commanditaires, de juger de la valeur d’une œuvre et encore moins, sous quelque prétexte que ce soit, de la censurer.