2001 – RAPPORT ANNUEL – Israël / Palestine

La « visite » d’Ariel Sharon, le 28 septembre 2000, sur l’Esplanade des mosquées, et la deuxième Intifada qu’elle a provoquée, ont précipité à nouveau la région dans le cycle de la violence et de la révolte. L’année 2001 fut l’année de la progression inéluctable de l’horreur : des centaines de morts, des milliers de blessés, entre l’échec des négociations de Taba et l’élection en février d’Ariel Sharon comme premier ministre, jusqu’à « l’assignation à résidence » de Yasser Arafat le 13 décembre.

Comme tout conflit où l’universalité des droits est bafouée, le conflit israélo-palestinien qui, de plus, s’avère l’un des derniers conflits coloniaux dans le monde, concerne tous les militants des droits de l’Homme, particulièrement en France pour des raisons qui relèvent de l’histoire, des héritages culturels et de la géopolitique.

Le déni de droit, qui s’accomplit en Palestine continue à tracer notre ligne de conduite. Fidèle à sa mission, la LDH a choisi le camp du droit : le droit aux droits et d’abord à un État pour les Palestiniens ; le droit à la sûreté pour les Israéliens. Aussi la Ligue appelle-t-elle au respect du droit international et des résolutions de l’ONU [1],donc au retrait par Israël des territoires occupés. Elle dénonce toutes les violations des droits de l’Homme en Israël et en Palestine, spécialement celles qui frappent les populations civiles. Elle demande l’envoi d’une force internationale de protection en Palestine et la suspension de l’accord d’association Union européenne/Israël. Elle est solidaire du mouvement national palestinien et des forces de paix en Israël. Elle dénonce toutes les violations des droits de l’Homme en Israël et en Palestine, spécialement celles qui frappent les populations civiles ; et tous les terrorismes, qu’ils soient d’État ou non.

Sur la base de ces positions, la LDH, outre ses interventions publiques (communiqués, articles, dossiers, prises de parole…), notamment :

  • a contribué à la rédaction de l’avis sur la situation des droits de l’Homme et du droit humanitaire en Israël et dans les territoires palestiniens adopté le 6 juillet par la Commission nationale consultative des droits de l’Homme ;
  • était représentée, en juillet à Jérusalem ,quand a été rendu public le rapport de la mission d’enquête de la FIDH sur le statut des citoyens arabes israéliens (autrement dit, le statut de la minorité palestinienne d’Israël considérée comme constituée d’étrangers de l’intérieur) ;
  • a mandaté deux représentants pour participer, les 4 et 5 décembre à Genève, à une conférence des droits de l’Homme parallèle à la réunion des hautes parties contractantes à la 4e Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, et qui était organisée par les Ligues israélienne (LAW) et palestinienne (PCHR), affiliées à la FIDH ;
  • a adhéré, en tant que telle, au Comité international pour la défense d’Azmi Bishara, député arabe au parlement israélien, inculpé pour être allé en Syrie défendre les droits des Palestiniens, et a envoyé un observateur à son procès en décembre à Nazareth ;
  • a fourni la logistique de la parution, le 22 décembre dans Le Monde, de « Trop c’est trop », un appel lancé par Madeleine Rebérioux et plusieurs intellectuels qui, dans une démarche civique réconfortante, a recueilli plus de 4000 signatures ;
  • a participé à de nombreuses délégations qu’elle a parfois conduites ; en particulier, le 13 décembre, au moment où Yasser Arafat était assigné à résidence par l’armée israélienne dans les bâtiments de l’Autorité palestinienne, elle prit l’initiative de demander audience au cabinet du Président de la République et à celui du ministre des Affaires étrangères, y fut reçue dans la journée même en émettant le souhait que le président de la République et le Premier Ministre invitent officiellement en France le président de l’Autorité palestinienne.

Très soucieuse de marquer son soutien aux forces de paix et aux défenseurs du droit en Israël, et de favoriser le dialogue entre Palestiniens et Israéliens, la LDH :

  • a adhéré au SICO (Solidaires des Israéliens contre l’occupation) dès sa constitution, et est intervenue dans les réunions que cette association a organisées, par exemple avec les « refuzniks israéliens » qui refusent de servir dans les territoires occupés ;
  • a favorisé, en juin, la création de « Convergences Palestine/Israël » qui s’est donné comme objectif de mener publiquement une série de rencontres pour décrire les faits en Palestine/Israël, et dont elle est constitutive avec la FIDH ;
  • a organisé, à deux reprises, le 20 janvier et le 31 mai, des rencontres avec les organisations israéliennes et palestiniennes de droits de l’Homme affiliées à la FIDH.

Dans le même esprit, la LDH agit en partenariat :

  • depuis avril 1999, la Ligue adhère à la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine (32 organisations, dont 10 comme observateurs : associations de droits de l’Homme, de développement, d’éducation populaire, de recherche, sensibilisant l’opinion aux droits légitimes du peuple palestinien, impliquées dans des projets de coopération avec les Palestiniens, force de proposition vis-à-vis des pouvoirs publics français). Elle est élue à son conseil d’administration et elle la copilote avec l’AFPS (Association France Palestine solidarité). A ce titre, elle était représentée dans la mission humanitaire « Un avion pour Gaza » qui s’est rendue en Palestine du 24 au 27 mars, et le 25 avril, dans la rencontre à l’Élysée avec le conseiller diplomatique du président de la République. Elle a participé à la préparation de la campagne 2002 de la Plateforme (trois volets : enfants palestiniens détenus par Israël ; mise en place d’une force de protection des populations civiles ; suspension de l’accord d’association entre Israël et l’Union européenne), et, dans cette perspective, elle a assisté à des rencontres programmées avec les organisations politiques et syndicales (CFDT, CGT, LCR, MDC, PCF, PS, UDF, Verts) ;
  • elle fait partie du Collectif pour les droits du peuple palestinien, pour une paix juste et durable, constitué en novembre 2000, devenu Collectif pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, dans des états aux frontières sûres et reconnues, et qui regroupe une cinquantaine d’organisations (associatives, syndicales, politiques) dont l’Association des Palestiniens en France et l’Union générale des étudiants palestiniens (GUPS). Elle en assure, avec l’AFPS, la LCR et le MRAP, le secrétariat coordinateur chargé de mettre en place les initiatives qui ont ponctué l’année :
    • pétition contre la logique de guerre du gouvernement israélien, et conférence de presse (18 mai) ;
    • rassemblement à Beaubourg pour la commémoration de la nakba, la « catastrophe » de l’exil, en mai 1948 (19 mai) ;
    • rassemblement près de la Délégation générale de Palestine, à l’occasion de la visite en France de Yasser Arafat, qui a reçu une délégation dont faisaient partie Michel Tubiana et Patrick Baudoin , président d’honneur de la FIDH (23 mai) ;
    • manifestation contre la visite annoncée, puis reportée, d’Ariel Sharon, sur le mot d’ordre : « couper les vraies racines de la violence » (5 juin et 5 juillet) ;
    • après la réoccupation par les chars israéliens de cinq villes autonomes, rassemblement devant le ministère des Affaires étrangères, à l’issue duquel une délégation a été reçue au cabinet du ministre des Affaires étrangères (26 octobre) ;
    • manifestation « pour la paix , le respect des résolutions de l’ONU et l’existence de deux Etats » (19 décembre).

La Ligue des droits de l’Homme est en outre représentée dans les instances :

  • du réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme,
  • du Forum civil euroméditerranée dont la résolution « Palestine, agir maintenant ! » que ses participants – dont la LDH était – ont adoptée à Bruxelles le 20 octobre, constitue une base de travail sur les droits des Palestiniens.

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[1] Notamment, les résolutions 181 (du 29 novembre 1947 qui stipule le partage en deux Etats), 194 (du 11 décembre 1948, établissant le droit au retour), 242 (du 22 novembre 1967 qui exige l’évacuation par Israël, des territoires occupés ), 1397 (du 12 mars 2002,mentionnant expressément la coexistence de deux Etats)

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