16 avril 2004 : Mercredi noir pour les Roms

Les forces de l’ordre ont procédé hier matin 14 avril à trois expulsions de lieux de vie, amplifiant encore les difficultés que connaissent les Roms en Ile de France.

 

§                    BESSANCOURT 

Depuis janvier 2004, un groupe d’une cinquantaine de Roms était installé sur un chemin communal sans issue sur la commune de Bessancourt . Il s’agit de familles très anciennement arrivées en France avec des enfants scolarisés.

La municipalité avait demandé et obtenu la décision d’expulsion. Mais celle-ci n’avait eu lieu pour des raisons sanitaires, notamment afin de permettre un dépistage de la tuberculose, rendu nécessaire par la découverte d’un cas chez une femme considérée comme contagieuse.

Une première étape de ce dépistage a pu se dérouler sous l’autorité des Responsables départementaux, aidés par les équipes de l’ASAV et de Médecins du Monde. Deux personnes ont été mises sous traitement et quatre autres ont été convoquées pour un suivi pendant trois mois. En outre, des mesures avaient été prises pour poursuivre le dépistage, celui-ci n’ayant pu être pratiqué chez une vingtaine de personnes. Autant dire qu’en termes de santé publique, il était indispensable que la stabilité de ce groupe de personnes soit garanti pendant au minimum trois mois, indépendamment de toute autre considération.

C’est pourtant dans ce contexte que sont intervenues hier matin les forces de l’ordre, intimant aux familles de quitter les lieux, sans qu’aucune solution ne leur soit proposée, ni aucune protection offerte pour les personnes devant être suivie médicalement. Par contre la protection des policiers était bien assurée puisqu’ils portaient des masques ! !

La précarisation accrue de ces familles mises en errance est amplifiée par l’abandon sanitaire qui les menace individuellement.

 

§                    CHOISY LE ROI

Depuis le 10 décembre 2003, une quarantaine de Roms étaient hébergés au foyer AFTAM de Choisy le Roi. Il s’agit de familles qui avaient été contraintes à quitter le terrain de Créteil sur lequel elles vivaient depuis plusieurs mois. Elles avaient cherché abri à Brie Comte Robert, d’où elles avaient été immédiatement chassées et leurs caravanes, qui étaient leur habitat personnel, détruites.

Ces familles s’étant ainsi retrouvées à la rue en pleine période d’alerte hivernale, le foyer AFTAM de Choisy le Roi avait été réquisitionné sur ordre préfectoral pour leur offrir un hébergement Depuis quelques semaines, les familles avaient été averties qu’elles devraient quitter les lieux, sans pour autant qu’aucune solution ne leur soit proposée, alors que –rappelons-le- leur habitat avait été détruit.

Lorsque les forces de l’ordre sont intervenues hier matin vers 7 heures, les familles ont dit qu’elles savaient qu’elles devaient partir, mais elles étaient sans alternative d’hébergement. Cependant, les représentants de l’ordre ont pénétré dans le bâtiment et ont déversé du gaz lacrymogène pour obliger les personnes à sortir. Etaient pourtant présents des enfants, un bébé, des personnes malades. Nous avons retrouvé ce midi des familles très traumatisées qui ne comprenaient pas quel crime elles avaient pu commettre pour justifier de telles mesures.

 

§                    SAINT-DENIS

Les forces de l’ordre se sont également présentées pour évacuer un pavillon situé chemin du Cornillon à Saint-Denis et squatté par une centaine de personnes. La plupart d’entre elles avaient réussi à s’enfuir et seule une dizaine étaient présentes à l’arrivée de la police. La seule proposition étant un hébergement en hôtel pour quelques jours, les personnes ont refusé. Ce groupe est donc parti vers un autre squat.. 

 

 

A l’inverse de Lyon où le Préfet et les élus locaux se sont émus du décès de deux jeunes filles dans un incendie du bidonville de Surville et se sont mobilisés pour trouver des solutions pérennes, les pouvoirs publics d’Ile de France continuent une politique dont le seul objectif est local- que les personnes quittent un lieu, une commune, un département- mais dont le résultat est la précarisation grandissante des familles qui n’ont d’autre solution que de créer- un peu plus loin- un nouveau bidonville.

 

Romeurope dénonce ces expulsions sans proposition de relogement digne et durable et les dégâts humains qu’elles occasionnent et redemande avec insistance et urgence la tenue d’une table ronde régionale avec la participation des préfets et maires concernés, des services sociaux, des représentants associatifs et des représentants des Rroms, pour trouver enfin des réponses humaines et adaptées.

 

  

Collectif national droits de l’homme Romeurope :

ALPIL ( Action pour l’insertion sociale par le logement)

ASAV (Association pour l’accueil des voyageurs )

AVER (Association AVER de recherche et d’action sur toutes les formes de racisme)

CIMADE ( Comité intermouvements auprès des évacués)

GISTI ( Groupe d’information et de soutien avec les travailleurs immigrés)

Identité Rrom

LDH ( Ligue des droits de l’homme)

MDM ( Médecins du Monde)

MRAP ( Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples)

Mouvement catholique des gens du voyage

Romani Baxt ( Destin Rrom)

Ternikano Berno ( Cercle de la jeunesse)

URAVIF ( Union régionale des associations de voyageurs d’Ile de France)

Et les Comités de soutien de Fontenay sous Bois, de Montreuil, du Nord-ouest parisien, de Saint Michel sur Orges, de Savigny-Lieusaint-Melun, du Val de Marne…

 

Paris, le 15 avril 2004

 

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