06 septembre 2004 : OGM : Quand la répression remplace le débat démocratique

Plusieurs personnes sont actuellement poursuivies pour avoir arraché des plantes issues d’organismes génétiquement modifiés.

 

Quoi que nous pensions des OGM, force est de constater que ces plantations, fût-ce sous le prétexte d’essais en plein champ, rencontrent une vive opposition d’une majorité de la population et présentent le risque d’une dissémination irréversible de ces plantes.

 

Ces plantations ou essais n’ont été précédés d’aucun débat démocratique et ont été imposés, y compris aux agriculteurs voisins qui peuvent subir les conséquences d’une contamination de ces OGM sur leurs propres cultures.

 

Au-delà même de la dispute scientifique que provoquent les OGM, c’est le choix d’un certain type d’agriculture productiviste soumise à une logique purement libérale, qui est imposé au monde agricole ainsi qu’à l’ensemble de la société.

 

En refusant de saisir les citoyens d’Europe de ces questions, en les cantonnant à des avis d’experts, l’Union européenne et les gouvernements de chaque pays portent la responsabilité initiale des actions menées. À chaque fois que les règles du débat démocratique sont ignorées, c’est autrement que celui-ci cherche à s’exprimer.

 

Dans ce contexte, les poursuites engagées marquent tout à la fois la démesure répressive dont ce gouvernement a pris l’habitude et l’arbitraire dont il ne cesse de faire preuve.

 

Le contraste entre l’acharnement contre certains militants paysans et l’impunité de fait assurée à d’autres est révélateur du caractère partisan des poursuites engagées.

 

En exerçant un choix parmi les personnes poursuivies, le gouvernement cherche à faire des exemples. En déployant une énergie disproportionnée pour réprimer des militants pratiquant la désobéissance civile, le garde des Sceaux tente, une fois de plus, de museler le mouvement social en même temps que le gouvernement se refuse, en permanence, à s’inscrire dans un réel débat démocratique.

 

La Police et la Justice sont ainsi mobilisées pour maintenir un ordre social et économique bien précis et non pour exercer, en toute indépendance, leur mission constitutionnelle.

 

La LDH appelle l’Institution judiciaire à ne pas céder aux désirs du gouvernement et elle exprime sa solidarité avec les militants poursuivis.

 

Paris, le 6 septembre 2004

 

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