Lettre ouverte adressée à M. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes

Lettre signée par de nombreuses organisations dont la LDH, concernant la levée du blocus de GazaMonsieur le Ministre,

En tant que coalition regroupant 32 organisations humanitaires, des droits de l’Homme et de développement, nous sommes extrêmement préoccupés par le maintien du blocus dans la bande de Gaza. Celui-ci, mis en place il y a 19 mois, se poursuit sans relâche, aggravant davantage la détresse humanitaire des habitants de Gaza. En contradiction avec la Résolution 1860 du Conseil de Sécurité, l’assistance humanitaire pour Gaza continue de rencontrer de nombreux obstacles et la circulation des marchandises comme les mouvements des personnes sont sérieusement restreints. En moyenne
135 camions sont autorisés quotidiennement à Gaza depuis l’annonce du cessez-le-feu, soit un nombre bien inférieur aux 500 camions nécessaires a minima pour satisfaire les besoins immédiats, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Nous appelons donc l’Union européenne et ses Etats membres à faire tout leur possible pour convaincre Israël et les autres parties de mettre fin au blocus.

Il y a 10 mois, des organisations humanitaires et des droits de l’Homme ont publié un rapport intitulé « Bande de Gaza : une implosion humanitaire », avertissant que la situation humanitaire à Gaza était la
pire jamais connue depuis le début de l’occupation israélienne en 1967. Le dernier conflit a encore aggravé cette crise. Les infrastructures civiles à Gaza ont subi de graves destructions, et en grand nombre. Selon le Bureau central palestinien des statistiques, plus de 21 000 maisons et immeubles ont été endommagés ou détruits, ainsi qu’au moins 219 usines importantes parmi lesquelles la principale usine de béton et le plus grand moulin à farine de Gaza. En outre, des écoles, des hôpitaux, des cliniques, des infrastructures d’accès à l’eau et d’évacuation des eaux usées, des lignes électriques et d’autres bâtiments publics ont été considérablement endommagés. Ces installations doivent être réparées de toute urgence. Cependant, l’entrée de marchandises et de matériels tel que le ciment, le fer, les tuyaux, le plâtre et les pièces de rechange, demeure presque totalement bloquée. Même l’aide humanitaire de base pour la population de Gaza – dont la moitié sont des enfants – est toujours restreinte. En raison du faible nombre de camions autorisé chaque jour, les organisations humanitaires ne peuvent distribuer l’aide en quantité suffisante et en temps voulu. L’accès du personnel humanitaire s’améliore depuis le 23 janvier, mais reste bien en-deçà du niveau requis.

Le blocus de Gaza est une forme de peine collective à l’encontre des 1,5 millions d’habitants de Gaza, ce qui constitue une grave violation du droit international humanitaire. Israël, qui s’est « retiré » de la bande de Gaza en 2005 mais détient le contrôle effectif du territoire, a l’obligation légale en tant que puissance occupante d’assurer le bien-être de la population palestinienne. Le respect de ces obligations légales ne devrait pas être lié à quelque impératif politique qu’il soit.
Isoler Gaza n’aidera pas à apporter la paix et la sécurité que recherchent tant les Israéliens que les Palestiniens. Au contraire, cela pourrait alimenter encore davantage le conflit. Si le blocus est levé, les mouvements commerciaux aideront à raviver l’économie palestinienne et les habitants seront en mesure de reprendre leur travail, retrouvant ainsi un minimum de dignité.

Nous pensons qu’il est inacceptable et dans l’intérêt de personne que le blocus de Gaza se poursuive. Nous appelons l’Union européenne et ses Etats membres à travailler avec Israël au titre de puissance occupante ainsi qu’avec les autres parties responsables afin d’aboutir à la fin du blocus. Nous appelons à ce que tous les points de passage vers Gaza soient ouverts et opérationnels, totalement et de façon permanente, afin de permettre le libre accès des marchandises et du personnel humanitaires ainsi que des produits commerciaux, et les mouvements de personnes. Les modalités pour que cela soit mis en, oeuvre en tenant compte des préoccupations sécuritaires sont déjà connues.

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Lettre ouverte adressée à M. Bernard Kouchner

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