Un réseau d’esclavage moderne découvert dans des vignobles de la région Champagne

Avocats : Me Michel Miné et Me Frédéric Benoist

Le 15 septembre 2023, lors d’un contrôle d’un site d’hébergement de vendangeurs à Nesle-le-Repons, géré par une société de prestation viticole, l’inspection du travail fit face à une situation d’esclavage moderne.

L’enquête a révélé que cinquante-sept travailleurs saisonniers étrangers, majoritairement en situation irrégulière, vivaient dans des conditions de vie indignes : nourriture avariée, matelas à même le sol, douches insalubres avec peu d’eau chaude, sanitaires et espaces communs dans un état déplorable, ainsi qu’une installation électrique dangereuse.

Outre ces conditions de vie dégradantes, ceux-ci étaient sous-payés, voire totalement privés de leur salaire.

Des poursuites ont été engagées contre les responsables de ce réseau de traite d’êtres humains dans le vignoble champenois, faisant intervenir différents acteurs :

  • la société de prestation de services Anavim et sa gérante, poursuivies pour traite d’êtres humains, hébergement indigne, travail dissimulé, emploi de travailleurs sans titre et absence ou insuffisance de rémunération ;
  • deux recruteurs accusés d’avoir participé à l’exploitation des vendangeurs ;
  • l’entreprise viticole SARL Cerseuillat de la gravelle mise en cause pour avoir eu recours aux services d’une société employant des travailleurs clandestins.

La LDH s’est constituée partie civile en mars 2024.

Le procès des « vendanges de la honte » s’est ouvert le mercredi 26 mars 2025 devant le tribunal judiciaire de Châlons-en-Champagne.

Par jugement rendu le 21 juillet 2025, le tribunal a reconnu coupables tous les prévenus, de l’ensemble des faits qui leur étaient reprochés.

En premier lieu, la gérante de la société Anavim qui avait fait venir les cinquante-sept vendangeurs a été condamnée à quatre ans de prison avec mandat de dépôt différé, dont deux assortis de sursis simple, ainsi qu’à une amende de 20 000 euros. Elle écope également d’une interdiction de gérer toute société commerciale et de porter une arme pendant cinq ans.

Quant aux deux recruteurs, l’un a été condamné à trois ans de prison ferme, dont deux avec sursis, ainsi qu’à 5 000 euros d’amende et l’autre à deux ans de prison ferme, dont un avec sursis, à une amende de 3 000 euros. Tous deux ont interdiction de séjourner dans le département pendant cinq ans.

La société Anavim sera dissoute. Quant à la SARL Cerseuillat de la gravelle, elle est condamnée à une amende de 75 000 euros, avec confiscation des scellés.

Enfin, les prévenus sont condamnés à verser 4 000 euros à chaque victime, au titre de leur préjudice moral.

La LDH se félicite de cette décision exemplaire, et continuera de se mobiliser contre les abus subis par les travailleurs immigrés, particulièrement dans le secteur agricole

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