La LDH soutient « Save our souls », un documentaire de Jean-Baptiste Bonnet

Campagne de diffusion à partir du 20 juin 2025

Dernières manœuvres pour quitter le port. L’Ocean Viking, le navire de sauvetage affrété par SOS Méditerranée, s’élance vers le large…

Les vingt premières minutes de ce documentaire sont consacrées à la vie à bord, avant intervention. On y parle surtout anglais. De belles images, magnifiquement cadrées, à la lumière changeante, comme celle du jour qui s’écoule, nous emmènent sur le pont. Munie-es de jumelles, hommes et femmes scrutent la mer, sans relâche, échangent parfois. A l’intérieur, on surveille l’écran du radar. L’équipage est en constante relation avec Alarm Phone, qui, malheureusement, les informe d’un très récent naufrage, où plus de 30 personnes ont péri.

Une sauveteuse apprend quelques mots d’arabe auprès d’une collègue. Parfois, les guetteur-euses semblent discerner quelque chose au loin. Ils et elles sont extrêmement concentré-es. La tension monte d’un cran quand un patrouilleur des garde-côtes lybiens s’avance vers eux. Échanges très vifs avec ces derniers, qui finissent par s’éloigner, après avoir tiré quelques coups de feu en l’air.

Une embarcation en détresse est localisée, mais trop près, pour l’instant, d’une plate-forme de forage que des consignes de sécurité interdisent d’approcher. Les sauveteurs, harnachés comme il se doit, sont prêts à bondir. C’est bientôt possible, et les trois canots de sauvetage EASY se dirigent vers l’embarcation repérée, en constante liaison entre eux et avec l’équipage. La caméra du réalisateur nous installe sur EASY1, et nous suivons au plus près l’opération de sauvetage. Près de 40 rescapé-es sont transféré-es sur le canot, dans un climat de grande bienveillance. Une jeune femme de l’équipe, très souriante leur distribue des gilets de sauvetage, les compte, les rassure « You are safe », et leur donne quelques explications quant à la suite des opérations. Un soulagement certain s’inscrit sur les visages, souvent très jeunes. Quelques sourires…

Après avoir conduit les rescapé-es au bateau, EASY1 retourne vers l’embarcation défectueuse pour récupérer les sacs des migrants, avant de la détruire. « Ils ne seraient jamais arrivés » soupire l’un des sauveteurs.

A bord, la vie s’organise, et le réalisateur nous la fait pleinement partager en nous proposant une suite de séquences qui témoignent de ces jours passés sur l’Ocean Viking avant le débarquement, prévu à Salerne. La disponibilité, la gentillesse, l’humanité joyeuse de l’équipage crèvent l’écran. Et les rescapé-es – qui viennent du Soudan, de Somalie, d’Égypte, du Nigéria, etc – se sentent de plus en plus en confiance. De superbes images de mer et de ciel ponctuent cette partie du film, apportant un peu de calme, de poésie…

Premières consignes, premiers repas, premières confidences : « Les Lybiens nous traitent mal…l’esclavage pour eux, c’est normal » ; visite chez le médecin d’un Nigérian, traumatisé par son séjour en Lybie ; explication, en anglais et en arabe, de la procédure de demande d’asile. Le réalisateur capte les visages, attentifs.

Le temps passe. Enroulés dans des couvertures, certains rescapés regardent la mer, songeurs. D’autres tentent de se situer sur une carte du monde. L’un d’eux, dessin à l’appui, explique son périple, depuis la Somalie, à une équipière. Un autre raconte sa douloureuse histoire à un équiper, qui prend des notes. Beaucoup ont des souvenirs terribles de leur passage en Lybie. Beaucoup ont perdu des compagnons de route. Cependant, le remarquable accueil de l’équipage leur donne un peu de sérénité. Un Égyptien montre en souriant les photos de ses enfants, d’autres jouent aux dominos, un autre feuillette un livre. Un autre, encore, se met à chanter une chanson d’amour…

L’Ocean Viking approche de Salerne. Les rescapé-es se pressent sur le pont pour regarder. Les visages sont mi-souriants, mi-graves. Le débarquement s’organise selon des règles précises. Police et Croix Rouge prennent le relais. On ne peut qu’avoir le cœur serré en les voyant fouler le sol italien : quel sera leur avenir, dans cette Europe de plus en plus « forteresse » ? Mais, au moins, ils sont vivants !

Nous avons déjà eu l’occasion de le signaler à propos du film Mothership, de Muriel Cravate, que nous avons aussi soutenu : les actions menées par SOS Méditerranée sont en complète adéquation avec ce que défend la LDH (Ligue des droits de l’Homme), qui « appelle de toute urgence à une nouvelle politique migratoire… (qui mettrait) immédiatement fin à la criminalisation et aux violations des droits fondamentaux contre les personnes en déplacement et les défenseurs et défenseuses des droits des migrant-es » (Communiqué commun).

En nous faisant partager quelques jours de la vie sur l’Ocean Viking, le réalisateur nous met en présence de « frères humains » pour lesquels nous ne pouvons qu’éprouver une immense compassion. Merci à lui !

Réalisation : Jean-Baptiste Bonnet

Production : Habilis Productions

Durée : 1h21

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