Communiqué LDH
Les compagnonnages avec des artistes qui mettent leur art au service des causes que nous défendons nous obligent. Jean-Pierre Thorn était un de ceux-là, devenu, après avoir été ouvrier et syndicaliste, un documentariste sensible et engagé, qui se battait au travers de ses films pour que le monde soit plus juste.
Son premier film, Oser lutter, oser vaincre, tourné en 1968 dans l’usine Renault-Flins occupée est « L’un des plus beaux films de Mai 68, traversé par un souffle épique qui dépasse ce qu’on peut aujourd’hui lui trouver de dogmatique », selon son ami, le réalisateur et producteur Richard Copans.
Nos sections ont organisé de nombreux débats passionnants avec lui sur ses films :
Allez Yallah !, sur une caravane de femmes se donnant la main des deux côtés de la Méditerranée pour combattre le fléau de l’intégrisme religieux remettant en cause leurs droits universels à l’égalité et à la liberté.
On n’est pas des marques de vélos, sur les ravages de la double peine faite aux sans-papiers (condamnation à la prison et expulsion à la sortie vers le pays d’origine), au travers du parcours d’un danseur de hip hop, Bouda. Pour la première fois, au cinéma, était montrée la force artistique et politique de ce mouvement venu des banlieues et des quartiers populaires.
93, la Belle Rebelle, encore sur la banlieue où, depuis des décennies, des cultures émergent, essaiment et retissent du lien social après que nos dirigeants aient laissé détruire le tissu industriel. Une épopée – du rock au slam en passant par le punk et le hip hop – incarnant un demi-siècle de résistance musicale en Seine-Saint-Denis et se faisant porte-voix d’une jeunesse et de territoires abandonnés par les pouvoirs publics, sous les coups des mutations industrielles, des désillusions politiques et de l’agression constante des pouvoirs successifs.
La banlieue – a contrario des clichés – riche de métissages, engendrant une créativité époustouflante.
Convaincre par la beauté des images. Redonner leur dignité à celles et ceux qui luttent, souffrent, créent des œuvres et des ponts. Mettre la lumière sur les ignorés. Ignorer la haine. Choisir l’humanité.
Jean-Pierre Thorn a montré la voie à une génération de cinéastes.
Que la terre soit douce à cet homme de dialogue et d’écoute.
Paris, le 10 juillet 2025
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