Expulsion des roms roumains d’Achères

Le collectif national Romeurope droits de l’homme[1] et les comités de soutien aux familles roms roumaines[2] s’indignent de l’acharnement développé à l’encontre des Roms roumains séjournant en Ile de France.
Ce matin, à Achères (78), où un groupe de familles séjourne depuis le 26 avril 2001 sur un chemin communal, les forces de l’ordre ont encerclé le terrain, tenant à l’écart les représentants des associations, de la presse et même, pour un temps, les élus municipaux. Les enfants ont été empêchés de se rendre à l’école. Des personnes qui avaient des rendez-vous hospitaliers importants ont également été empêchées de s’y rendre.
L’opération, faisant suite à une réquisition du procureur, visait à contrôler la situation des personnes par rapport à la législation sur le séjour des étrangers en France. Elle s’est terminée à 13 heures 40 par la mise en garde à vue de 16 personnes qui devraient être renvoyées dès ce soir en Roumanie. Probablement certaines d’entre elles avaient, elles, été l’objet d’APRF ( arrêté préfectoral de reconduite à la frontière) mais des recours et des demandes de régularisation étaient en cours, en particulier pour des raisons sanitaires.
Une fois encore la seule stratégie développée par les pouvoirs publics est la répression aveugle.
Les familles concernées sont en France depuis plusieurs années et avaient déjà subi plusieurs expulsions de différents terrains avant d’arriver à Achères. Là, pour la première fois, elles avaient trouvé une municipalité attentive à leur détresse. L’équipe municipale n’a cessé depuis deux ans ( accompagnée en cela par les associations de terrain) de dénoncer leurs conditions de vie et de demander l’aide de l’Etat pour trouver des conditions d’accueil plus conformes à la dignité humaine, tout en refusant toute expulsion d’un lieu d’habitat sans solution. Des progrès ont été accomplis. Des enfants ont été scolarisés. Des efforts ont été faits pour apprendre le français. Un chef de famille a trouvé du travail. Des propositions d’embauche ont été faites à d’autres.
Mais récemment le député Pierre Morange avait réclamé le départ des Roms prétextant vouloir dénoncer les conditions sanitaires et humanitaires, sans se soucier de la détresse humaine de ces exilés.
Nous déplorons aussi les conditions sanitaires dans lesquelles les pouvoirs publics ont laissé vivre ces personnes, mais les renvoyer en Roumanie, c’est faire fi des raisons qui les ont conduits à quitter leur pays et qui motivent leur choix de vivre ainsi en France et, le cas échéant d’y revenir, comme elles l’ont déclaré début janvier à l’ONG roumaine Romani Criss. Lors de la visite de cette organisation le constat a été fait qu’actuellement aucune garantie n’est donnée aux Roms lors de leur retour en Roumanie où ils retrouvent les discriminations qui les écartent de tout accès aux droits fondamentaux. Cette ONG pointait d’ailleurs les campagnes médiatiques d’une virulence inégalée dans ce pays, stigmatisant ces exilés, les rendant responsables du retard dans l’entrée de la Roumanie dans l’union européenne. Leur retour sur place risque donc de les placer dans des situations encore plus dramatiques.
Nous dénonçons donc les projets d’expulsion de notre gouvernement qui prend la lourde responsabilité de les renvoyer dans leur pays sans qu’aucune garantie ne soit apportée quant à leurs conditions d’accueil dans un climat des plus hostiles.
Expulser les familles ainsi, c’est détruire la mise en place de projets de plusieurs mois ou années, avec aucune autre perspective, si ce n’est de nouvelles errances.
Nous demandons aux autorités françaises que la situation des Roms soit enfin prise en considération, et qu’en attendant que des décisions soient prises au plan européen, et surtout que ces décisions soient suivies d’effet, ils puissent recevoir un accueil digne en France.

Le 25 février 2003


[1] ALPIL ( Action pour l’insertion sociale par le logement) – ASAV (Association pour l’accueil des voyageurs) AVER (Association de recherche et d’action sur toutes les formes de racisme) – CIMADE (Comité intermouvements auprès des évacués) – GISTI ( Groupe d’information et de soutien avec les travailleurs immigrés -LDH ( Ligue des droits de l’Homme) – MDM ( Médecins du Monde) – MRAP ( Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) – Mouvement catholique des gens du voyage-Ternikano Berno ( Cercle de la jeunesse) – Romani Baxt ( Destin rom)- URAVIF ( Union régionale des associations voyageurs.  

[2] Comités de soutien aux familles roumaines d’Achères, Choisy/Vitry, Fontenay-sous-Bois, Lieusaint, Montreuil.

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