La LDH soutient le film Sharqiya *, des Israéliens Ami Livne (réalisateur) et Guy Ofran (scénariste)

Prix du meilleur film du Festival international du film de Jérusalem 2012, Festival de Berlin 2012 – Panorama

Cette fiction, qui nous fait vivre le quotidien d’un village de Bédouins du Néguev, aurait pu faire l’objet d’un documentaire tant il colle à la réalité (tous les acteurs sont des Bédouins non professionnels), mais les cinéastes n’auraient jamais obtenu les autorisations officielles pour filmer cette réalité. Kamel, un jeune Bédouin, travaille comme agent de sécurité à la gare routière de Be’er Sheva. Il habite un petit village non reconnu, perdu au beau milieu du désert. Son frère Khaled, chef du village, travaille dans la construction et est marié à Nadia. La relation entre les deux frères est compliquée, Khaled n’approuvant pas le métier de Kamel.

Quand arrive l’ordre de démolition du village, Khaled quitte son emploi et décide de rester au village, de le barricader dans l’idée de repousser les autorités qui viendront les déloger. Kamel, quant à lui, continue d’aller travailler. Il va tenter de trouver une solution qui ne fonctionnera pas : même s’il permet d’éviter un attentat à la bombe, un Bédouin ne mérite pas une attention de plus de quelques minutes… De même, les clôtures de Khaled seront bien inutiles.

Ce film a le mérite de montrer pour la première fois dans l’histoire du cinéma israélien, la situation des Bédouins du Néguev. Habitant la région bien avant la création de l’Etat d’Israël, ils ont la nationalité israélienne, mais sont des « citoyens de seconde zone ». Les villages bédouins, quand ils sont reconnus, ne bénéficient pas des mêmes infrastructures que les autres (routes, eau, électricité, écoles, etc.) et quand ils sont considérés comme illégaux, ils subissent des destructions répétées de leurs maisons et de leurs cultures. Les Bédouins ne peuvent plus assurer la survie de leur bétail, ils sont ainsi peu à peu privés de toutes leurs ressources pour les obliger à abandonner leurs terres que convoitent les autorités.

On pourrait reprocher à ce film d’être peu disert, ce qui rend la compréhension du sujet un peu difficile pour qui ne connait pas la situation, mais il est à l’image de ce peuple vivant en harmonie avec la nature qui l’entoure : discret mais chaleureux. Il a le mérite de montrer au grand public israélien et au monde le problème de cette minorité discriminée.

* Nom que les Bédouins donnent au vent d’est, considéré comme mauvais et dangereux.

Sortie le 7 novembre

Sharqiya

Fiction, Israël, France, 2012

Durée : 85 minutes

Réalisation : Ami Livne, scénario : Guy Ofran

Production : Elie Meirovitz (EZ Films, France), Eyal Shiray (Golden Cinema, Israël), Itai Tamir (Laila Films, Israël)

Distribution : ASC Distribution

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