Cayeux : comment en sommes-nous arrivés là ?

Communiqué de presse suite à l’arrivée « supposée » d’Afghans de Sangatte à Cayeux dans la Somme. Les élus, le Front national et les forces conservatrices montent au créneau…

Des centaines d’étrangers, venus du monde entier, sont attirés par la mirifique Grande-Bretagne, pays qui n’a pas signé les accords de Schengen. Bloqués au camp de Sangatte géré par la Croix Rouge, ces migrants attendent un hypothétique départ vers l’île de rêve. Totalement démunis, sans aucun espoir que celui de franchir le tunnel, ils sont prêts à risquer leur vie pour atteindre ce but. Les habitants de Calais le savent, le gouvernement le sait, les mafieux aussi. Nous avons assisté à bien des drames depuis quelque temps.

Le gouvernement français et la Croix Rouge ont décidé de désengorger le camp de Sangatte et il suffit que la rumeur annonce l’arrivée de quelques familles dans notre département à Cayeux, pour que des élus et quelques citoyens de cette ville voient déjà leur tranquillité dérangée, les logements dévalorisés et leurs biens menacés, sans même connaître les détails du projet.

La France, terre d’asile au long de sa propre histoire est devenue terre de rejet pour l’étranger, quel qu’il soit. Les associations de la Coordination pour le droit d’asile (CDA) s’épuisent à combler les lacunes d’une administration défaillante. Devant ces manquements, la Ligue des droits de l’Homme a maintes fois interpellé les élus et les autorités administratives.

La situation est devenue encore plus catastrophique depuis les attentats du 11 septembre à New York. L’application de la nouvelle loi sécuritaire risque de devenir davantage une chasse au faciès et à la délinquance mineure plutôt qu’elle n’affaiblira la véritable lutte contre le terrorisme international. Dans certains lieux publics, les gares et le métro par exemple, l’ambiance est particulièrement malsaine. La prudence de mise se transforme en violence caractérisée : on désigne ainsi des catégories de personnes à la vindicte populaire. A Amiens ce sont les caravaniers, à Cayeux ce sont des « migrants susceptibles de venir ». La différence de l’autre n’est plus un apport de richesse mais devient source de rejet. Nous ne voyons plus en l’homme un frère mais un ennemi. Et ne soyons pas naïfs, la période électorale qui s’annonce amplifiera le phénomène.

Alors Picards ne cédons pas à la panique. Gardons la tête froide et sachons accueillir l’étranger comme nos pères ont su le faire dans les siècles passés. Il serait temps de nous interroger sur les véritables raisons qui attirent ces miséreux vers nos pays riches et d’y remédier.

Pour la Fédération de la Somme, réunie en Congrès à Abbeville,

Le Président départemental, Jean-Marie LAOUT

Abbeville, le 20 novembre 2001

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