Titulaire de la chaire Histoire du monde arabe du Collège de France, le professeur Henry Laurens a projeté, avec le centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep), d’organiser un colloque sur le thème « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines ».
Au cours de ce colloque, il était prévu que puissent intervenir et débattre de nombreuses chercheuses et nombreux chercheurs français, italiens, britanniques, des journalistes, des juristes spécialistes en droit international (telle que la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens, Mme Francesca Albanese) ou d’anciens diplomates (tels que l’ancien vice-président de la Commission européenne, M. Joseph Borell, et M. de Villepin, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères).
Il s’agissait, lors de ce colloque, d’évoquer les interactions, les luttes d’influence ou encore le rôle des Etats européens à travers l’histoire de la Palestine.
En dépit de la portée scientifique et académique, mais aussi de sa contribution particulièrement prometteuse à un débat d’intérêt général portant sur l’histoire et l’avenir de la Palestine, le ministre de l’Enseignement supérieur a pris, à la suite de plusieurs organes de presse dénigrant le profil des participants, l’initiative de faire connaître son opposition à la tenue de ce colloque.
A la suite de cela, l’administrateur du Collège de France a fait le choix d’en annuler la tenue par un communiqué qu’il a diffusé le 9 novembre 2025 sur le site Internet du Collège de France.
La LDH, le Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESUP) et la fédération syndicale unitaire (FSU) ont décidé de saisir le tribunal administratif de Paris d’un référé-liberté à l’encontre de cette décision attentatoire aux libertés académiques, au principe d’indépendance des enseignants-chercheurs, à la liberté d’expression collective des idées et des opinions et à la liberté de réunion.
Le 12 novembre 2025, le juge des référés a rejeté la requête en jugeant que la décision litigieuse n’a pas porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression, à la liberté de se réunir et à la liberté académique, de nature à justifier l’intervention du juge des référés dans un délai de 48 heures. Le juge retient, pour ce faire, que le Centre arabe de recherche et d’études politiques de Paris (Carep), co-organisateur de l’évènement, a pu maintenir le colloque aux mêmes dates par une solution de substitution, sans s’attacher aux conditions particulièrement dégradées de sa tenue : restriction de l’accueil du public – la salle disposant d’une capacité de 30 personnes au lieu des 420 places prévues –, modalités d’assistance du public qui se fera par voie de conséquence uniquement en visioconférence.
Au regard de cette décision particulièrement critiquable, un recours en annulation contre celle-ci sera déposé par nos organisations.
