Une caricature qui n’illustre que des préjugés coloniaux

Communiqué LDH

Tout journal satirique a droit à l’outrance et il est certain que les caricatures de Charlie Hebdo renvoient souvent à des archétypes, en illustration d’un article.

Pour autant, le choix de Riss de présenter Rokhaya Diallo par une iconographie coloniale (grosses lèvres, corps cambré, ceinture de bananes, s’offrant au regard d’hommes « blancs » goguenards) est insupportable et ne présente pas de lien avec le texte illustré. Il ne la renvoie qu’à une seule « identité » de femme noire, érotisée voire sexualisée, sans aucun élément relevant de sa pensée, sans ouvrir aucun débat.

Charlie Hebdo se défend en renvoyant à un supposé « communautarisme » de Rokhaya Diallo, à une prétendue vision « séparatiste » de la laïcité qu’elle défendrait, qui expliqueraient cette représentation.

Or la référence à Joséphine Baker dans le choix de l’iconographie ne peut illustrer en aucun sens une thèse portant sur la laïcité, et encore moins l’existence d’une communauté de type racial qui serait la négation de l’art et des combats de l’artiste. Ce dessin n’est aucunement relié à ce qu’il dit dénoncer… Enfin, la divergence qui existe entre le journal et Rokhaya Diallo sur la question de la laïcité ne justifie pas la libération d’un humour raciste et sexiste qui ne traduit rien d’autre qu’une mise en scène humiliante et dégradante.

On ne peut que regretter qu’un journal, qui veut être vu comme un symbole de la liberté d’expression, s’en empare pour raviver et véhiculer une imagerie coloniale et raciste peu compatible avec l’universalisme républicain que ce journal prônait pourtant.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) apporte tout son soutien à Rokhaya Diallo dans cette affaire.

Paris, le 28 décembre 2025

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