Monsieur le Président de la République, Le 5 décembre, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), basée à la Haye, soumettra un rapport au Conseil de sécurité sur son enquête au Darfour. Pour la première fois, il dénoncera l’absence totale de coopération du gouvernement soudanais avec
En mars 2005, le Conseil de sécurité déférait la situation des crimes au Darfour à la Cour pénale internationale. Cette décision représentait alors une occasion historique pour que justice soit enfin rendue aux victimes darfouri. La France avait joué un rôle majeur dans le renvoi de cette situation devant
En effet, en avril dernier, la Cour a délivré deux mandats d’arrêt à l’encontre d’Ahmad Harun, actuellement Ministre aux affaires humanitaires, et d’
Nos organisations sont certes sensibles aux efforts du Conseil de sécurité pour maintenir le dialogue avec les autorités soudanaises concernant le déploiement de la force de maintien de la paix des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour, les négociations de paix sur le Darfour et la mise en œuvre de l’accord de paix entre le Nord et le Sud Soudan. Cependant, nous restons convaincus qu’une absence de réaction du Conseil de sécurité face au manque de coopération du gouvernement soudanais avec la Cour, dans l’espoir qu’il se montre plus coopératif sur les autres questions, serait à la fois moralement inacceptable et stratégiquement inefficace. Le gouvernement soudanais interprèterait ce silence comme un aveu de faiblesse et serait conforté dans sa stratégie d’obstruction. Une nouvelle fois, la politique à court terme prendrait le pas sur la justice et sur l’établissement d’un état de droit. La CPI doit être affirmée comme un élément intégral et non négociable d’une solution globale du conflit au Darfour.
Nous sommes également conscients que plusieurs membres du Conseil de sécurité s’opposent pour diverses raisons à un rappel à l’ordre adressé au gouvernement soudanais. Cependant, selon nos informations, quelques membres du Conseil de sécurité entendent soutenir une réaction ferme du Conseil. La France doit absolument les rejoindre. Elle doit s’appuyer sur le fait que le processus judiciaire est enclenché, que l’autorité du Conseil est en jeu, et que dix des quinze membres du Conseil sont des Etats parties au Statut de Rome de la CPI pour conduire le Conseil à demander publiquement et fermement l’application des décisions de la Cour et l’arrestation des deux suspects.
Signataires
Souhayr Belhassen, présidente, Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme
Geneviève Sevrin, présidente,
Marc Zarrouati, président, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture
Paris, le 4 décembre 2007
