Refugiés : Les pays de l’Union européenne délèguent à la Turquie le soin (et l’argent) de s’en occuper

aedhOn a beaucoup parlé ces derniers temps de l’accord scandaleux passé entre l’Union européenne et la Turquie sur les réfugiés. Mais on a peu entendu ou lu de présentation claire des termes de cet accord.

Le communiqué que vient de publier l’Association européenne de défense de droits de l’Homme (AEDH) présidée par le Français Dominique Guibert (ancien secrétaire général de la Ligue des droits de l’Homme), vient à point nommé. Et permet de mesurer à quel point ce marché (il s’agit en effet d’avantage d’un marché que d’un accord) est effectivement scandaleux. On peut aujourd’hui affirmer que le morts qui se multiplient en Méditerranée sont de la responsabilité de l’Europe. Et encore ne  connaîtrons-nous sans doute jamais le nombre de victimes que feront les renvois de personnes fuyant les persécutions vers leurs pays d’origine, qui auront été classés dans les « pays sûrs » par cette même Europe. Et les Européens ne pourront pas dire « nous ne savions pas ».

Communiqué de l’AEDH

Refugiés : Les pays de l’Union européenne délèguent à la Turquie le soin (et l’argent) de s’en occuper

La venue de demandeurs d’asile restera le moment où les pays de l’UE se sont dérobés à leurs responsabilités en sous-traitant moyennant finances à la Turquie l’accueil, le confinement et la réadmission des réfugiés parvenus en Grèce. Pourtant, selon le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des migrants, François Crépeau, dans une interview à Mediapart, cet accord est illégal : « Je suis convaincu qu’il va être cassé par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui ne manqueront pas d’être saisies par un ou plusieurs des migrants renvoyés de Grèce en Turquie ». La principale faille de ce texte est de définir a priori la Turquie comme un « pays tiers sûr ». Le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe vient de renforcer cette appréciation. En effet, après une visite de 9 jours en Turquie, Nils Muizniks vient de faire part de sa préoccupation quant au respect des principes relatifs à un Etat de droit et aux droits de l’Homme. Aussi, tenant compte de sa jurisprudence, la CEDH a jugé, dans le cadre des renvois prévus par le règlement de Dublin, que la Grèce ne pouvait être prédéfinie comme un « pays sûr » pour l’ensemble des migrants et qu’une analyse personnalisée s’imposait avant chaque renvoi. Ce qui vaut pour la Grèce vaut aussi pour la Turquie. Dans le cas présent, les États membres de l’UE veulent éviter les examens individuels qui, étant donné le nombre de personnes concernées, empêchent de pouvoir les renvoyer rapidement et massivement alors que cette procédure est contraire aux principes du droit d’asile qui prévoit un examen individuel de chaque demande d’un côté et interdit le renvoi groupé de l’autre. Il convient d’ajouter que l’accord UE – Turquie se limite à l’échange de 72 000 personnes entrées « illégalement » en Grèce contre des réfugiés syriens enregistrés en Turquie. Reste la question embarrassante que la Turquie, déclarée pays sûr, organise des retours forcés de ressortissants iraquiens, afghans, etc. Nous assistons donc à des «renvois massifs » en chaine. Le Rapporteur spécial des Nations unies ajoute : « Plutôt que de sauver des vies, [cet accord] va mettre davantage de gens en danger » en provoquant l’ouverture de nouvelles routes migratoires plus dangereuses et plus coûteuses. Il poursuit :« Les politiques migratoires fondées sur la répression créent un marché pour les passeurs. » La solidarité entre États membres qui devrait être la règle pour l’accueil des réfugiés, comme le prévoient les conventions internationales, s’effondre sous la surenchère de mesures répressives et de fermeture des frontières. Les gouvernements plient sous la pression des fractions les plus populistes et de leurs raisonnements simplistes auxquels ils ne parviennent pas à apporter des réponses politiques basées sur les valeurs qui fondent l’UE. C’est d’ailleurs le plus petit dénominateur commun négocié entre les pays qui semble être dorénavant le fil rouge de la politique européenne de migration et d’asile. La Commission européenne, dans sa communication présentée la semaine dernière, a pris acte de ces rapports de force entre les États-membres en restant modeste quant à ses ambitions et refusant de faire des propositions à la mesure des défis actuels. Au contraire de cette politique de fermeture aux êtres humains en détresse, nos organisations signataires veulent une politique de solidarité et de responsabilité. Pour nos organisations, l’ouverture de voies légales d’immigration est à court terme la seule alternative au commerce des passeurs. L’ouverture de voies sûres et légales d’immigration est la seule alternative au commerce des passeurs. Il faut agir aussi pour une solution politique du conflit en Syrie et Iraq et pour la reconstruction qui, elles, prendront du temps. La répartition des 160 000 réfugiés entre les Etats membres décidée en automne dernier sous présidence luxembourgeoise, selon un schéma convenu, aurait pu être le premier pas vers une politique d’accueil, alors que maintenant les États-membres veulent imposer la fermeture absolue des frontières et le renvoi immédiat et brutal vers les pays de transit ou d’origine. Cette insupportable décision s’accompagnera d’une indécente liste de pays dits sûrs où les ressortissants originaires seront renvoyés au risque de leur vie. Des Etats-membres de l’UE dévient une part croissante de leurs budgets de coopération au développement pour la consacrer à l’accueil des réfugiés. Ces fonds font défaut pour agir sur les causes des migrations dites économiques : incohérence et myopie ! Nos organisations attendent du Conseil des ministres JAI de jeudi qu’il prenne la mesure de la situation. Il ne s’agit pas d’une « crise des réfugiés » qu’il suffirait de contenir en les éloignant par tous les moyens du territoire de l’UE. Il s’agit des conséquences de l’instabilité du monde dont les pays de l’UE ne se soustrairont pas en déléguant leurs responsabilités à d’autres. La participation du Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés au Conseil des Ministres Affaires Générales ce lundi au Luxembourg sera–telle l’occasion pour les 28 Etats membres de répondre aux graves critiques émises par Monsieur Filippo Grandi ? Luxembourg et Bruxelles, le 17 avril 2016 AEDH, association européenne de défense des droits de l’Homme ALOS- LDH, action Luxembourg ouvert et solidaire – ligue des droits de l’Homme ASTI, association de soutien aux travailleurs immigrés Cercle de Coopération MSF, médecins sans frontières

Droits en fête 2016, migrations : 8 témoignages filmés

Dépliant 2016 verso site Les migrations : c’est le thème des Droits en fête 2016.

Un thème rabâché depuis des mois, et ça n’est sans doute pas prêt de s’arrêter.

Alors, pourquoi l’avoir choisi ?

Tout d’abord, lorsqu’on l’a choisi, il y a un an, il n’était pas à ce point dans l’actualité.

Ensuite, parce que lorsqu’on en parle dans les médias, on a le choix, pour faire court, entre le misérabilisme et le rejet.

Nous avons choisi une autre entrée : nous voulons remettre les pendules à l’heure, en donnant des informations fiables, vérifiées ; et nous voulons montrer qu’il y a des migrations heureuses, qui aboutissent à des intégrations parfaitement réussies, et qu’il n’est pas besoin d’aller loin pour en trouver. Non seulement nous en avons trouvé, mais en plus nous les avons filmées. Au total, 8 témoignages filmés de personnes d’origines diverses (8 pays, 4 continents), arrivées à des périodes diverses (le plus anciens dans les années 1980, le plus récent il y a un an).

Les raisons de leurs départs sont aussi diverses : sportif de haut niveau pour l’un, réfugié politique pour l’autre…

La tendance actuelle est à la hiérarchisation des motifs de migration : il y aurait les bons et les mauvais migrants. Les bons réfugiés et les mauvais « migrats économiques ». Curieusement, quand un Français part s’installer à l’étranger, on ne le qualifie pas de migrant, et encore moins de migrant économique : c’est un « expat », un expatrié, pour bien montrer sa souffrance, sans doute.

Le sujet sera traité en trois parties (voir programme détaillé ci-contre) : les migrations bretonnes depuis la révolution jusqu’à nos jours (Roger Toinard, historien), les migrations internationales (Catherine Wihtol de Welden),  « bienvenue chez eux », diaporama présenté et commenté par Pascale Thoraval et Franck Perrin, qui ont effectué plusieurs séjours dans la « jungle » de Calais (ils nous expliqueront ce que signifie ce terme, « jungle », loin de ce qu’on entend dans la presse).

Les 8 témoignages que nous avons filmés à la fois illustreront et susciteront les propos des intervenants. Et les témoins seront là (sauf ceux qui travaillent) pour répondre aux questions. De 15h à 19h, au foyer municipal de Loudéac, samedi 23 avril.

 

 

 

Saint-Brieuc, dimanche 20 mars : « Nous sommes plus nombreux à vouloir aider qu’à vouloir rejeter ! « 

arton256L’interdiction de la manifestation prévue par l’extrême droite contre l’immigration et les réfugiés par le préfet est parfaitement justifiée : le discours de ces gens ne relève pas de la liberté d’expression, mais du droit pénal, puisqu’il s’agit de racisme, d’incitation à la haine raciale, qui constituent des délits prévus dans le code pénal. Il est bon également de rappeler que l’organisateur de cette manifestation, un certain Mickaël Bussard, qui prétend sans rire que cette manifestation était « apolitique », était candidat du front national aux élections municipales de Saint-Brieuc, et aux élections départementales dans le canton de Plaintel. Et que cette manifestation, organisée au niveau européen par le mouvement néonazi allemand pegida, est relayée par l’association « résistance républicaine », sorte de filiale de « riposte laïque ».

La contre manifestation prévue ce même jour par de nombreux syndicats et associations de défense des droits de l’Homme ne se justifiait donc plus. La section briochine de la Ligue des droits de l’omme, qui était partie prenante de cette manifestation, a donc pris la décision d’organiser, le 20 mars, une journée du « printemps solidaire », « pour un sursaut citoyen, dans la grande unité et fraternité qui caractérisent Saint- Brieuc et les Côtes d’Armor ».

De nombreuses organisation syndicales et associations ont déjà annoncé leur participation à cette grande manifestation, dont nous vous

Voici le communiqué de la section LDH de Saint-Brieuc.

Nous sommes plus nombreux à vouloir aider qu’à vouloir rejeter

Les événements tragiques de janvier et novembre ont soulevé une immense vague de mobilisations citoyennes exprimant la condamnation de la violence, l’attachement aux valeurs de la République française et la volonté d’être unis et solidaires.

Elles portaient haut et fort la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité comme affirmation de ne pas se laisser diviser, de garantir la liberté de conscience, de pratiquer une religion ou de ne pas en avoir, le refus des discriminations. Et pourtant, aujourd’hui, xénophobie et racisme continuent de progresser dangereusement partout.

Ils conduisent à exalter la force, à pratiquer la violence, à conjuguer la haine des faibles, des minorités et des étrangers. Ils sont nourris par des discours démagogiques qui se  saisissent de difficultés objectives, de peurs et de colères pour justifier l’injustifiable : la désignation de boucs émissaires qui seraient responsables des problèmes qu’affronte le monde.

Des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, qu’ils soient syriens, irakiens, érythréens, congolais, afghans … fuient les violences, les persécutions, la misère et se tournent vers l’Europe. Ils veulent tout simplement vivre. Nous appartenons à la même humanité.Traiter ces réfugié-e-s comme des envahisseurs, comme des marchandises illégales est inacceptable.

L’ Asile, c’est un droit ! Le destin de ces réfugié-e-s, c’est notre destin et notre avenir.

Leur accueil doit être digne. En niant leur droit d’asile, c’est notre propre avenir que nous mettons en péril. La France, comme Etat, a des obligations et doit accroître considérablement les moyens mis en œuvre.

Dans ce climat difficile, nous nous opposons à tous les discours haineux, racistes, xénophobes, sexistes et homophobes.

Nous appelons les femmes, les hommes, les citoyen-ne-s, les élu-e-s et les organisations démocratiques :

  • à combattre les discours indignes qui refusent à ces hommes, ces femmes et ces enfants leurs droits élémentaires d’êtres humains
  • à poursuivre et à renforcer l’aide et l’assistance nécessaires, dans la durée
  • à participer le dimanche 20 mars, à une journée du « printemps solidaire », pour un sursaut citoyen, dans la grande unité et fraternité qui caractérisent Saint- Brieuc et les Côtes d’Armor.

Les premières organisations signataires : Amnesty International, Asti, Bistrots de l’histoire, CIDFF, Ligue de l’enseignement, Ligue des droits de Homme, Marche mondiale des femmes, Planning familial, Resia.

Le Préfet interdit la manifestation raciste et xénophobe du 6 février à Saint-Brieuc

Le préfet des Côtes-d’Armor, Pierre Lambert, a interdit la manifestation organisée par l’extrême droite, qui devait avoir lieu samedi 6 février à Saint-Brieuc. La section briochine de la Ligue des droits de l’Homme avait demandé cette interdiction. Il était en effet impensable que, dans une période d’état d’urgence, une telle manifestation, dont il est notoire qu’elle comporte des risques énormes pour l’ordre public, puisse être autorisée. D’autres de ce type l’ont pourtant été : celle organisée par le mouvement raciste adsav à Pontivy, le 14 novembre 2015, lendemain des attentats de Paris et Saint-Denis, l’état d’urgence étant déjà en vigueur. Personne n’avait compris qu’elle avait pu être autorisée. Et le danger qu’elle représentait a été vérifié, puisque un homme avait été passé à tabac par des manifestants.

La manifestation interdite était organisée au niveau européen, notamment par le mouvement fasciste allemand pegida. A Saint-Brieuc, l’association « résistance républicaine », sorte de filiale de « riposte laïque », dirigée par Christine Fasin, condamnée pour incitation à la haine contre les musulmans dans un article publié sur le site « boulevard Voltaire ». Le relais briochin de cette officine n’est  autre que Mickaêl Bussart, qui a été candidat front nationale aux dernières élections municipales à Saint-Brieuc et cantonales à Plaintel.

Saint-Brieuc : le 6 février, rassemblement contre l’extrême droite

L’extrême droite s’en donne à cœur joie en ce moment, et n’hésitent plus à se montrer, en allant brailler leur haine dans les rues. Après Pontivy, Quimper, et d’autres villes bretonnes, ce sera le tour de Saint-Brieuc, samedi 6 février. Alors que la plupart des manifestations qui ont eu lieu jusqu’alors étaient organisées par le groupuscule adsav, cette fois-ci c’est « résistance républicain » qui s’y collent. Une fois de plus l’extrême droite emprunte le vocabulaire de la gauche et ses mots emblématiques : résistance et république. Ils avaient déjà fait le coup avec « riposte laïque », dont la première officine est, comme par hasard, une filiale. Organisation « non politique » évidemment, ce groupuscule répond en fait au mot d’ordre européen lancé par pegida, l’extrême droite allemande qui veut stopper l’accueil des réfugiés et n’hésite pas, tout comme adsav, à recourir à la violence.

Plusieurs organisations, syndicats, partis politiques, associations, se sont associer pour appeler à une contre manifestation, le même jour et à la même heure : samedi 6 janvier, à Saint-Brieuc. Le rendez-vous est fixé place Allende. A noter qu’un des organisateurs de la parade xénophobe n’est autre qu’un candidat aux dernières élections municipales à Saint-Brieuc et élections aux départementales.

Le temps est révolu où on pouvait croire que manifester contre ces individus ne servaient qu’à en faire la publicité : il s’agit maintenant de les faire taire.

 

Plainte contre Boris Le Lay pour menaces de mort

Copie d'écran de la page facebook de Le Lay, anonymée.

C’est le quotidien Ouest-France qui l’annonce en page 6 du journal paru ce mardi 1er décembre : une nouvelle plainte vient d’être déposée contre Boris Le Lay, ce fasciste breton condamné de multiples fois à des amendes et dommages et intérêts, et également à de la prison avec sursis, et récemment, de la prison ferme, pour des incitations à la haine raciale et autres joyeusetés de ce type. Peines dont aucune n’a été exécutée. Le Lay avait pourtant lancé un « layton » sur son site breizatao, pour régler ses frais de justice… Lire par exemple cet article, ou celui-ci, ou encore celui-là… entre autres.

Cette fois, la plainte concerne des menaces de mort contre un militant finistérien de la Ligue des droits de l’Homme.

Le Lay a en effet entrepris de rédiger des « fiches de police » personnelles sur ses ennemis, notamment les militants des droits de l’Homme. Fiches détaillées : nom, adresse, profession, éléments de biographie, photos… Les commentaires qui les accompagnent, notamment sur sa page facebook, sont évidemment orduriers, et accompagnés de menaces diverses, et naturellement de mort (voir copie d’écran de la page facebook de Le Lay, qui relaye les articles paru sur breizatao, en haut de l’article. Noter l’exquise délicatesse des propos, et le niveau d’orthographe des commentateurs..).

Ses services de renseignements sont parfois défaillants, Le Lay lance alors un appel à l’aide. Ainsi, dans un billet daté du 8 novembre 2014 et intitulé « Liste des traîtres pro-islamistes : Ligue des Droits de l’Homme et Grand Orient de France » :

« Nous fournissons une liste de noms et de photographies d’éléments liés aux organisations précitées et appelons le public, le cas échéant, à délivrer des informations complémentaires pour formellement établir leur identité et leur biographie politique ».

Suivent des photos légendées des personnes « recherchées » de la section Loudéac centre Bretagne, par exemple :

(…)

LDH Loudéac : Appel à renseignement pour identifier dans le détail ce ramassis de félons pro-islamistes de la LDH situés à Loudéac (photographie 2010)

(…)

LDH de Loudéac suite : en partant de la droite, la truie quasi septuagénaire XXXXX, à sa gauche la vieille peau en sandales XXXXX.

Il est vrai que les illustres maîtres de Le Lay, ceux de la bezen perrot notamment  (milice nazie bretonne pendant la 2ème guerre mondiale), dont il ne cesse de célébrer la mémoire, lui ont donné l’exemple.

Au fait, l’état d’urgence autorise les perquisitions administratives, c’est-à-dire décidées non pas par le procureur de la république, mais par le préfet. Et il semble qu’elles ne soient pas réservées à ce qui concerne le terrorisme de daech. Pourquoi ne pas en profiter pour aller faire un tour chez Le Lay ?

 

 

Incendie de la salle de prières musulmanes à Loudéac (22) : communiqué de la section LDH

Communiqué de la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme, transmis à la presse lundi 30 novembre :

Une tentative d’incendie a été perpétrée contre la salle de prières de l’association culturelle des musulmans de Loudéac, dans la nuit de samedi à dimanche.

Pour le moment, cet acte inqualifiable n’a pas été revendiqué. Cependant, qu’il s’agisse de l’acte d’un irresponsable, ou d’une action clairement islamophobe, il traduit l’ambiance délétère qui règne en ce moment dans le pays. Ambiance efficacement alimentée par des politiciens sans scrupules  qui diffusent et entretiennent les idées racistes et xénophobes. On ne peut évidemment pas s’empêcher de faire le rapprochement entre cette tentative d’incendie et le tabassage, le 14 novembre (lendemain des attentats) d’un homme à Pontivy, perpétré par des militants identitaires qui participaient à une manifestation organisée par l’extrême droite bretonne.

La ligue des droits de l’Homme est naturellement scandalisée par ces événements, et poursuivra sans relâche son travail de pédagogie, notamment auprès des jeunes, pour éradiquer ces idées. Elle apporte tout son soutien aux personnes victimes de ces agressions.

 

Des identitaires bretons tabassent un homme d’origine maghrébine à Pontivy

La Bretagne – le saviez-vous ?- est menacée par « l’arrivée massive d’immigrés en provenance de Syrie, mais aussi d’Afrique et d’Asie » (au fait, la Syrie, c’est dans quel continent ?).

Mais rassurez-vous, ADSAV, le « parti politique breton », veille au grain, a va lever une armée pour bouter ces importuns hors de Bretagne. C’est ainsi qu’était annoncée sur son site, le 29 octobre, la manifestation organisée par ce groupuscule d’extrême droite à Pontivy, manifestation intitulée « Breton, ouvre les yeux, ferme ta frontière ». Article illustrée par une photo de l’agence Reuters de réfugiés escortés par la police en Hongrie.

Donc samedi 14 novembre, quelques heures après les massacres de Paris et Saint-Denis, les braves petits soldats d’adsav sont arrivés à Pontivy. Mais moins nombreux que prévu (150 d’après Ouest-France et France 3, 300 d’après la presse identitaire…), semble-t-il.

Un groupe de militants antifascistes était là également, mais beaucoup moins nombreux.

Les identitaires d’adsav se sont alors déchaînés. Le récit qu’en fait une commerçante de Pontivy qui a assisté à la scène dans l’article publié sur son site par France Bleu est édifiant : « non loin de notre magasin, un monsieur d’origine maghrébine a été pris par le col. 6 personnes l’ont mis à terre. C’était un défoulement sur lui. C’était déchirant, on ne pouvait pas lui porter assistance. Plus loin c’était exactement pareil. C’était de la violence et de la haine (…) ».

Voilà ce que sont et ce que font les militants de l’extrême droite bretonne.

La leçon de morale donnée à Mme Morano par un jeune Français d’origine sénégalaise

Seydi Diamil Niane est un jeune Français d’origine sénégalais, doctorant en islamologie à l’université de Strasbourg. Les propos infâme prononcés par Mme Morano dans l’émission « On n’est pas couché », la semaine dernière, l’ont profondément choqué. Il a donc écrit une lettre ouverte à la femme politique qui nous a depuis longtemps habitués à ses saillies composées essentiellement d’inepties, de grossièretés, de mensonges, le plus souvent teintés de xénophobie et de racisme, et toujours d’une vulgarité inégalable. On peut lire le texte d’intégral de sa lettre ici.

Un passage de cette lettre nous interpelle particulièrement à la veille du bistrot de l’histoire consacré au massacre de tirailleurs sénégalais par l’armée française, en 1945 à Thiaroye : Seydi Diamil Niane met en parallèle ce drame dont  la France peine à reconnaître la responsabilité et les propos de Mme Morano. Les voici :

« (…) Moi aussi je peux vous parler des centaines de Charlie Hebdo. Je ne vous parlerai ni de Sétif, ni du bombardement de Haiphong en décembre 1946, ni des massacres en Côte d’ivoire entre 1949 et 1950 (mais vous pouvez vous référer à l’ouvrage de Yves Benot, Massacres coloniaux.). Non madame, je vais vous parler d’un petit fait divers que vous pourrez lire à la page 77 de l’ouvrage de Benot que je viens de citer : « Il s’agissait là de tirailleurs sénégalais libérés des camps de prisonniers de guerre allemands, et démobilisés. Débarqués le 21 novembre à Dakar, ils avaient été rassemblés au camp de Thiaroy, à quelques kilomètres de la capitale. Mais ils attendaient de recevoir les arriérés de leur solde et de pouvoir échanger leurs marks. En France, malgré leurs réclamations, on leur a refusé sous divers prétextes […] C’en était trop. Les tirailleurs protestèrent, manifestèrent sans doute. Aussitôt l’armée française intervint et ouvrit le feu. Combien de morts ? 25, 30, 60, ou plus ? En tout cas, encore un massacre, aisé de surplus puisque les tirailleurs n’avaient pas d’armes »

 Si je vous fais part de cette petite histoire, ce n’est pas pour banaliser le drame qu’a connu Charlie Hebdo. Mais je tenais juste à vous dire que de la même façon qu’aucun descendant des tirailleurs ne fait d’amalgame entre le peuple français et l’armée qui a massacré leurs ancêtres, ayez cette même intelligence et arrêtez de perpétuer votre amalgame insupportable. (…) ».

En quelques phrases, Sydi Diamil Niane montre l’actualité de ce drame, et l’importance qu’il y à à empêcher qu’il sombre dans l’oubli. Raison de plus pour assister au Bistrot de l’histoire, ce vendredi 2 octobre à partir de 18h à la salle des fêtes de Trévé ! Lire ici pour en savoir plus.

 

 

Réfugiés : manifestation de solidarité mercredi 9 septembre à Saint-Brieuc (22)

Photo Ouest-France

Il a fallu une photo, celle d’un enfant mort sur une plage, pour qu’enfin l’Europe prenne conscience du drame de ceux que certains appellent « migrants », et d’autres « réfugiés ». Il aura aussi fallu que Mme Merkel, chancelière allemande, élève la voix, pour que les dirigeants du « pays des droits de l’Homme », la France, se manifestent… pas très glorieux de recevoir une leçon d’humanité d’une femme de droite.

Un mouvement de solidarité s’est déclenché dans plusieurs pays, et le mot solidarité recommence enfin à être utilisé : on n’y était plus habitué ! Des responsables politiques prennent enfin position, pressés par la population. Il ne faut cependant pas surestimer ce beau mouvement : l’opinion publique ne s’est pas retournée miraculeusement en quelques jours, et la xénophobie et l’égoïsme étriqué ont encore pignon sur rue. Plus de 55% de la population reste hostile à l’accueil de ces hommes, ces femmes et ces enfants, avec pour prétexte toutes les idées fausses qui circulent sur l’immigration : « ça coûte cher » (alors que le solde est positif) et autres.

À propos du choix des termes, « migrants » ou réfugiés. Il est judicieux effectivement de faire la distinction. Mais il est indigne d’effectuer une distinction entre les motivations des « migrants » : fuir la misère, qui débouche la plupart du temps sur la mort, serait-il lâcheté, et fuir une dictature héroïsme ? Les migrants « économiques » comme on les appelle, qui sont-ils ? Sont-ils les français qui fuient l’impôt dans les paradis fiscaux ? Indigne aussi la discrimination sur la religion : accueillir les « chrétiens » d’Orient, pas de problème ; les musulmans… faut voir.

La Ligue des droits de l’Homme s’est emparée de ce problème depuis longtemps, et en ce moment elle multiplie les initiatives pour faire en sorte que ce mouvement de solidarité ne s’essouffle pas aussi vite qu’il est apparu. C’est pourquoi la section de Saint-Brieuc de la LDH appelle à une manifestation de solidarité avec les réfugiés mercredi 9 septembre, à 18h30, devant la préfecture de Saint-Brieuc (place du général De Gaulle).

L’appel du président de la section de Saint-Brieuc de la Ligue des droits de l’Homme

La violence de la photo d’Aylan Kurdi, enfant de 3 ans mort échoué sur une plage choque.

Elle nous renvoie en boomerang notre propre violence vis-à-vis des réfugiés, celle de notre indifférence, de notre inaction.

Elle nous rappelle qu’au-delà des frontières, tous les êtres humains ont des Droits Fondamentaux. Notre émotion ne peut pas suffire.

 

La Ligue des Droits de l’Homme des Côtes d’Armor appelle chaque citoyen à comprendre, se révolter et agir.

  • Comprendre: 630 000 réfugiés demandent asile dans l’Union Européenne (UE), recherchant liberté et Etat de Droit, fuyant des guerres que les pays occidentaux ont parfois démarrées (Irak, Libye…). Ils représentent à peine plus de 1% de la population de l’UE, la 2ème économie du monde. L’Europe a des ressources pour faire face à ce drame sans dresser des murs de barbelés.
  • Se révolter ensuite face au manque de courage des gouvernements, notamment en France, qui se défaussent en disant « qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». La France ne brille pas par son hospitalité. Si on regarde la part des demandes d’asile qui reçoivent une réponse positive, la France est 23e sur 28 ! Pourtant, ces réfugiés peuvent enrichir notre pays, en travaillant, souvent en faisant des emplois difficiles que nous ne voulons pas, en contribuant à la solidarité nationale par l’impôt, en revitalisant nos territoires marqués par la désertification.

Agir enfin. Que peut-on faire ?

  • Affirmer ses valeurs face à la lepénisation des esprits. Non, le réfugié n’est pas la cause des près de 5 millions d’inscrits à pôle emploi. Non, il ne risque pas sa vie pour faire du « tourisme social ». Non, il ne va pas mettre en danger la République parce qu’il a une culture ou une religion différente. Au quotidien, il faut relever la tête et combattre fièrement toutes ces idées reçues.
  • Accueillir : si vous avez une chambre de libre chez vous et que vous souhaitez offrir l’hospitalité, n’hésitez pas à contacter la ligue des Droits de l’Homme : plusieurs jeunes étrangers sont actuellement hébergés chez des particuliers et nous sommes toujours à la recherche d’hôtes (contact ldh.st-brieuc@wanadoo.fr )
  • Faire entendre sa voix pour appeler le gouvernement français à l’action : Pour ce faire, un rassemblement est organisé devant la préfecture mercredi 9 septembre à 18h30 devant la préfecture. Tous les citoyens sont les bienvenus !
  • Mobiliser les collectivités publiques : nous appelons les pouvoirs publics à favoriser en urgence et en tous point du territoire l’accueil des réfugiés, favoriser la scolarisation systématique des enfants, délivrer les autorisations de travail quand un emploi est trouvé, mettre en place des procédures administratives laissant le temps aux migrants de démontrer leur situation.

Hervé Guihard, Président de la section de la Ligue des Droits de l’Homme, Saint Brieuc