Droits en fête 2015 : Marc Pion, « Du tracteur à l’âne »

En suivant la conférence gesticulée de Marc Pion, vous allez vivre ou revivre l’évolution de l’agriculture, depuis la fin des années 1960, voir ou revoir un tas de militants, vivre ou revivre un tas de luttes, découvrir ou retrouver des rêves, des espoirs, et aussi des désespoirs… pour arriver au XXIème siècle. Là vous pourrez vous dire, au choix, et selon votre humeur : « tout ça pour ça… », « y’a encore du boulot… », « faudrait peut-être qu’on se remue un peu… »

Une conférence avec un brin de nostalgie, un autre de déprime, mais surtout la volonté toujours renouvelée de changer les choses, même si on sait bien que ça n’est pas gagné !

Mais laissons plutôt Marc présenter lui-même sa conférence : il le fait très bien !

Du tracteur à l’âne

Drôle de titre et pourtant c’est l’histoire d’un paysan qui, à l’âge de 12 ans découvre et déteste le tracteur, et qui, aujourd’hui, travaille la terre avec des ânes.

C’est aussi l’évocation de l’exode rural, de la PAC et des politiques publiques agricoles.

C’est encore le parcours d’un jeune couple qui s’endette pour devenir  » exploitant agricole » et qui comprend que son salut viendra de l’agriculture paysanne.

C’est l’histoire du syndicalisme, des luttes paysannes et en particulier de Bernard Lambert, de la place des femmes et du patriarcat en agriculture.

C’est surtout la prise de conscience que le temps libre et la réflexion collective sont des moteurs essentiels de l’émancipation.

C’est quoi une conférence gesticulée ?

D’abord on considère que nous sommes tous légitimes pour parler  de notre vécu et qu’il ne faut pas  laisser la place à de soi-disant experts qui ne connaissent bien souvent que la théorie.

Ensuite on peut dire qu’une conférence gesticulée, c’est un mélange de savoirs chauds ( les savoirs acquis de l’expérience …dit illégitimes) et de savoirs froids ( ceux qu’on trouve dans les livres…dits légitimes ). Comme dans l’air où il n’y a pas mélange d’air chaud et d’air froid mais où la rencontre provoque de l’orage. Nous espérons que le mélange de savoirs froids et chauds provoque dans la tête des…révolutions rien que ça!

C’est comme un spectacle?

Oui et non. Oui car c’est vivant, drôle et émouvant ( enfin j’essaie…). Je chante Ferrat, Brel car j’aime chanter.

Et non car je ne suis pas comédien et que je veux passer un message  politique. D’ailleurs dans la plupart des cas c’est suivi le lendemain d’un atelier d’éducation populaire pour permettre aux personnes volontaires de se mettre en marche pour transformer la société.

Pourquoi faire une conférence gesticulée ?

Je voulais prendre la parole  pour dire ma vision de l’agriculture. J’aime aussi l’idée qu’on peut  militer et rigoler.

Pour dire quoi de l’agriculture ?

Que le métier de paysan est un beau métier très riche de savoirs, savoirs-faire…

Que le capitalisme est le principal responsable de l’industrialisation de l’agriculture…

Que c’est difficile pour les paysans de changer de systèmes de production…

Je voulais parler de Danielle, de Bernard Lambert, de René Bodiguel, de Bernard Friot et de tous les gens qui ont compté dans mon évolution. Je voulais parler du patriarcat, de l’endettement, de l’agrobisness, de la décroissance. Je voulais parler des structures dans lesquelles j’ai milité : les CIVAM, la confédération paysanne, ATTAC, PROMMATA.

Et les ateliers d’éducation populaire ?

Pour transformer la société on doit se mettre  au boulot. Le lendemain, toutes les personnes intéressées par la paysannerie se retrouvent pour localement agir. Pour l’instant j’ai animé 2 types d’atelier. Un premier qui a pour thème:  » installer des paysans dans le pays de … » qui permet d’associer des paysans, des paysans sans terre et des citoyens. Dans tous les cas on y aborde la SAFER, la place des collectivités locales, les GFA… Dans un deuxième  » comment passer d’une agriculture productiviste à une agriculture paysanne  » on cherche des idées pour toucher  des personnes en dehors des réseaux…

Bien sur c’est possible d’aborder n’importe quel thème… ( sauf peut-être l’art contemporain…j’y connais rien moi! ).

Les ateliers sont d’éducation populaire car les « techniques » utilisées permettent à tout le monde de s’exprimer et d’apporter leurs savoirs sur le sujet.