Michel Onfray part en croisade avec les intégristes contre la « théorie » du genre

Alors que l’extrême droite et les catholiques fondamentalistes poursuivent leur campagne contre une « théorie » qui n’existe que dans leurs fantasmes (inutile de revenir là-dessus, ça leur ferait de la publicité), ils viennent de recevoir un soutien inattendu et inquiétant. L’auteur du « traité d’athéologie », de l’ « anti-manuel de philosophie », par ailleurs fondateur de l’université populaire de Caen, Michel Onfray, s’est fendu, mercredi 10 septembre, d’un tweet incroyable :

« Et si, à l’école , au lieu de la théorie du genre et de la programmation informatique , on apprenait à lire, écrire, compter , penser ? »

Deux problèmes dans ce tweet.

Le plus apparent, évidemment, pour des raisons d’actualité, est cette reconnaissance de l’existence d’une théorie du genre, que seuls les demeurés peuvent accréditer. Onfray se fait remettre vertement à sa place par le journaliste Clément Guillou, dans un article paru dans Rue 89. Il n’y a pas grand-chose à ajouter à cette réponse, et son humour la rend encore plus efficace :

« Un mensonge mille fois répété par Nadine Morano ne devient pas une vérité » assène par exemple Clément Guillou.

Au-delà du cas individuel d’Onfray, on peut s’inquiéter de voir comment une campagne fumeuse comme celle engagée contre une théorie qui n’existe pas peut se répandre et contaminer jusqu’à des esprits qu’on imaginait immunisés contre ce genre d’escroqueries intellectuelles.

Le second problème, c’est l’adhésion d’Onfray aux idées pédagogiques les plus réactionnaires, colportées elles aussi par des mouvances d’extrême droite, selon lesquels il faudrait revenir et s’en tenir aux « fondamentaux » : lire, écrire, compter. Etonnant de la part du créateur de l’université populaire. La dernière campagne du site « SOS éducation » vise la « volonté – ministérielle – de mettre fin au système de notation actuel, dont tous les pédagogues sérieux contestent à la fois la fiabilité et l’efficacité.

Onfray avait déjà donné quelques motifs d’inquiétude par ses prises de position surprenantes ces derniers temps. Quelle sera la prochaine étape ? Un article dans « riposte laïque » ?

Najat Vallaud-Belkacem : faire échec au racisme et à la haine (Ligue des droits de l’Homme)

Après Christine Taubira, c’est au tour de Najat Vallaud-Belkacem d’être victime d’attaques racistes d’une rare violence, à la fois de la part de personnalités politiques et de journaux d’extrême droite (minute, valeurs actuelles…).

La Ligue des droits de l’Homme a publié jeudi un communiqué pour dénoncer ces attaques qui ont atteint un degré inquiétant dans l’ignominie.

Les agressions contre Christiane Taubira ont inauguré de façon spectaculaire le retour d’un racisme désinhibé dans le débat politique.

Sa nomination comme ministre de l’Education nationale a littéralement déchaîné, contre Najat Vallaud-Belkacem, un torrent de boue et d’abjections. S’y mêlent, pêle-mêle, le rejet de l’étranger et pire encore, de l’étrangère ou étiquetée telle, la dénonciation de la supposée musulmane, porteuse ou non d’un voile, la haine, enfin, contre la femme de conviction, militante de l’égalité entre femmes et hommes, et aujourd’hui à la direction d’un ministère où sont défendues les valeurs de l’école laïque et républicaine.

Orchestrée par des publications d’extrême droite dont l’éthique est celle du caniveau, cette campagne soulève le cœur de toutes celles et ceux qui ont la démocratie au cœur et partagent une haute idée de la chose publique et du débat qui devrait en être la marque.

La Ligue des droits de l’Homme déplore que, pour la plupart d’entre eux, les responsables de la droite se soient réfugiés dans un mutisme complice qui les amène aux côtés de la droite extrême. Elle salue le courage de celles et ceux qui ont choisi de ne pas suivre ce chemin de honte. Elle assure la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, de sa solidarité face à des propos qui, au-delà de sa personne, visent la République, ses valeurs de fraternité et d’égalité. Elle invite les citoyennes et citoyens à se mobiliser pour faire échec à tout ce qui vise à substituer la haine au débat, la violence à la raison, la xénophobie au vivre ensemble.